Ndlr : Merci à Claude Royère pour la mise à disposition de ce texte.
Frédéric Godet est bien connu dans le monde protestant évangélique par la qualité de ses commentaires bibliques; plus d’un siècle après sa mort, ils sont toujours réédités et étudiés. Mais il a également écrit, au cours de son long ministère, bon nombre d’articles pour diverses revues théologiques: Le Chrétien Évangélique, L’Éspérance, La Feuille Religieuse, La Revue Chrétienne, Le Bulletin Théologique, The Expositor … Ces journaux sont aujourd’hui disparus depuis longtemps, et les articles de Godet qu’ils contenaient, par conséquent oubliés. Cependant, on s’aperçoit vite en les lisant, que leur valeur reste entière, ou presque. Sans doute la controverse entre le libéralisme protestant et l’orthodoxie évangélique, qui en constituait alors le principal sujet polémique, ne passionne plus le public des églises; et depuis, les deux camps ont appris à vivre en l’état. Mais pour le chrétien toujours heureux d’assimiler toute pensée qui peut glorifier la révélation biblique, il trouvera dans ces documents un aliment substantiel.
A un moment donné dans son service, Godet avait envisagé de venir enseigner à la Faculté de Théologie de Strasbourg; cela ne s’est pas fait, et on peut le regretter en se disant que l’orientation de cette Institution influente aurait alors pris un tour plus évangélique, c-à-d, paradoxalement, plus conforme à l’esprit de la Réforme! (Aux lecteurs qui ignoreraient l’enjeu de cette époque, signalons qu’Auguste Sabatier fut le principal chef de file du libéralisme à la française, et qu’il a eu une responsabilité prépondérante dans ce que sont devenues les Facultés protestantes de Paris et de Strasbourg.)
Dans l’article suivant, proposé comme exemple, on prêtera particulièrement attention aux dernières paroles relatives à l’avenir spirituel de l’Église Réformée de France. (Godet avait pour cette partie du Corps de Christ, une grande attention et tendresse, qui lui venaient de la conscience qu’il gardait de ce que Neuchâtel devait aux réfugiés protestants français. Le rayonnement spirituel extraordinaire de cette ville commence, en effet, avec l’arrivée de Guillaume Farel). Les craintes de Godet semblent avoir été, hélas, trop prophétiques: «Après que la France a autrefois manqué à l’Evangile, ce serait maintenant l’Evangile qui manquerait à la France. En vérité, cette seconde tragédie serait plus triste encore que la première…» Chacun ressentira tout ce que cette réflexion contient de poignant.
Connaître la production polémique et apologétique de Godet aide encore à comprendre pourquoi, malgré sa notoriété en tant qu’exégète, il ne s’est jamais attiré la sympathie des intellectuels protestants francophones. A contrecœur, ils reconnaissent sa réputation pour aussitôt essayer, par des efforts, un peu dérisoires, de la ruiner. Quant au chrétien véritablement évangélique, qui se réjouit de la vérité, il ressort presque toujours de la lecture de ce docteur de l’Église, fortifié, et baigné de cette lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
J’ai sous les yeux trois assertions qui donnent à penser, non pas précisément sur le fond des choses, mais sur l’état actuel des esprits dans les Eglises protestantes de langue française.
«Loin d’être une norme infaillible pour tous les temps, écrit M. Astié, la Bible raconte simplement les faits, sans prétendre à la moindre ombre d’autorité… Malgré l’unité du souffle religieux, elle est un recueil des livres les plus disparates… Renonçons franchement à toute autorité extérieure infaillible.»(Evangile et Liberté, 26 décembre 1890.)
«Pour nous, dit M. Dandiran, un passage de l’Ecriture sainte n’est pas un argument suffisant. Je mets à la base de ma conception la vie que je reçois de ma communion avec Jésus-Christ;… l’Ecriture existe pour nous à titre de document d’une extrême importance, mais non comme une dogmatique toute formulée à admettre à la lettre. Je garde une liberté vis-à-vis de ces formules 41.»(Evangile et Liberté, 5 septembre 1890.)
«On dit que les dogmes produisent la religion, écrit M. Sabatier; c’est la religion qui produit les dogmes, comme un arbre les fleurs et les fruits… Le principe des dogmes des religions de la nature est la révélation de la nature. Le principe des dogmes chrétiens est la révélation de Dieu et d’une vie supérieure dans l’apparition historique de Jésus-Christ… Seulement, il s’agit de savoir si la révélation de Dieu a consisté en dogmes et en formules dogmatiques.… Non. Mais Dieu, en entrant en commerce et en contact avec l’âme humaine, lui fait faire une certaine expérience religieuse, d’où ensuite, par réflexion, le dogme est sorti.… Les dogmes sont l’effort soutenu et progressif de la conscience religieuse se rendant compte à elle-même de son propre contenu.… L’erreur de l’orthodoxie est de vouloir arrêter cette incessante métamorphose.» M. Sabatier n’hésite pas à appliquer cette notion de la naissance du dogme et de sa transformation inévitable aux enseignements des apôtres et de Jésus-Christ lui-même. Ainsi, l’idée de l’expiation, celle de la Trinité, celles de l’Ascension et de la descente aux enfers, celle du diable, tout «le scénario de l’eschatologie dans les derniers discours de Jésus» tout cela est entendu par nous autrement que par nos pères: «Le fleuve coule.» Et pour ne laisser aucun doute sur sa pensée, M. Sabatier ajoute: «Sans rien ôter au caractère normatif de la conscience morale et religieuse», ni à la valeur de ses paroles, on est bien obligé de reconnaître que, si son apparition eût eu lieu en Inde ou en Chine, la première forme de l’Evangile eût été tout autre.»(De la vie intime des dogmes, 1889.)
A première vue, on est tenté de ne voir dans ces déclarations qu’une énergique protestation contre la tendance intellectualiste, qui, depuis le temps où saint Jacques écrivait son épître, jusqu’à nos jours, a trop souvent stérilisé la piété chrétienne. Mais en y regardant de plus près, il est difficile de ne pas reconnaître dans ces jugements, malgré tout ce qu’ils ont certainement de fondé, les traces de ce scepticisme profond dont est atteinte la pensée du siècle, et qui, s’il venait à prévaloir, réduirait bientôt l’Eglise à une impalpable poussière et ne laisserait subsister du christianisme, ou du moins du protestantisme, qu’un souvenir.
C’est cette conviction qui me met la plume à la main. Je traiterai dans ce premier article la question de savoir s’il y a, oui ou non, des dogmes enseignés dans le Nouveau Testament, et quel est leur rapport avec les faits de l’histoire biblique et avec la vie religieuse. Le second article sera consacré à l’étude de l’autorité qu’ils ont à exercer sur la pensée chrétienne.
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Scaron,
Hum .. je crois qu’il faut quand même faire la différence entre ce qui était prévu au commencement et ce qui se fait et se vit finalement, autrement dit : entre le vrai dogme biblique et les dogmatismes actuels dans l’église qui sont certainement humains tel qu’il s sont généralement déclinés; cela c’est factuel même si on aimerait que ce soit différent.
Tu dis d’une part :
»ce que nous appelons « dogmes », ce sont des formulations de vérités bibliques qui ne prétendent pas être elles-même la Révélation. »
Ok c’est vrai et c’est là ce que j’appelle les dogmes humains dans l’église, parce qu’il s’agit là d’ « il a paru bon » créés par l’homme pour fédérer souvent un groupe autour d’un corps de croyances communes basées sur une certaine formulation de la vérité émanant de la Révélation. Donc là on est ok.
Mais tu dis aussi :
»dès qu’il faut formuler la vérité les théologiens sont utiles ».
Alors là non et non et non!! que viennent faire les théologiens dans la formulation de la Vérité? Surtout en quoi y seraient-il utiles? je ne vois vraiment pas!
Mais où étaient les théologiens aux débuts de l’église pour quelle soit en mesure de traverser la persécution? et à quel moment la Bible parle -t-elle d’eux ou de la théologie en tant que science divine? Je n’ai pas trouvé l’endroit où dans la Bible on parle du « ministère de théologien » j’aimerais savoir où le trouver! car s’il est utile à l’édification de l’église, Dieu n’a pas pu l’oublier. Je sais que le ministère de docteur existe pour l’église en collaboration avec les autres ( et certainement pas comme cela a été pratiqué ou l’est encore souvent) mais alors celui de théologiens, je t’assure qu’il n’existe pas : c’est une pure création humaine qui n’est pas utile pour l’édification ni la structuration cohérente du Corps de Christ; il a même plus divisé qu’autre chose et c’est pourquoi je ne comprends pas que tu dises que :
»Le dogme c’est le diapason qui sert à ce qu’on s’accorde quand on chante ensemble » car si tu considère que ce diapason est mis en place par le théologien alors c’est pas réussi comme mélodie dans l’église du Seigneur: on dirait qu’il y a une multitude de partitions justement élaborés par la même multitude de théologiens en fonction de leur oreille musicale.
Je t’assure que cela n’a justement amené que des notes dissonantes puisqu’il y a (tu ne peux ne pas le savoir) autant de théologiens que d’ »il y a paru bon humains » dans le christianisme. étant entendu que ces il y a paru bon sont des formulations de la vérité comme tu l’as si bien dit. Il n’y a accord que lorsque la chorale qui chante le fait en suivant la partition d’un même théologien. Mais enfin tu sais qu’il n’y a pas un seul théologien et même que souvent les différents théologiens ont des partitions inverses! alors si rassemblait toute leur chorale je ne crois pas que ce serait le plein accord à moins que chacun abandonne sa propre partition mais on n’en est pas là et tu le sais! abandonnerais tu toi ta partition? non je parie que tu aimerais plutôt que ce soit les autres qui abandonnent la leur pour adopter la tienne n’est ce pas?
En tout cas, au jour d’aujourd’hui aucun théologien n’a réussi à jouer une parfaite partition puisque ils ont pour la plupart des oreilles tendancieuses donc objectivement quelque peu déformées mais subjectivement chaque théologien trouvera sa chorale meilleure que celle du voisin c’est obligé!
Regarde un peu : tu sembles regretter que les rossignols ne laissent pas de place aux hiboux et se moquent d’eux, mais de l’autre côté constate tu ne parviens pas à donner de l’importance au cri du hiboux sans rabaisser en même temps le chant mélodieux du rossignol !moi je sais que ce ne sont pas tous les rossignols qui chantent faux et je ne déteste pas tous les cris de hiboux même si c’est qd même pas bô.
alors faut il rejeter l’un pour faire accepter l’autre? moi je crois que la théologie réussit à créer ce genre de discorde oui car elle est tendancieuse de quelque bord qu’elle se trouve;
et puis peut on jamais prétendre étudier Dieu? il semble que c’est ce que signifie la théologie non? Mais l’église aurait-elle besoin des théologiens pour s’édifier tel que l’énonce Ephésiens 4? j’espère que non! sinon on aura quitté le dogme biblique de l’Église pour entrer dans les dogmes humains des églises.
Bonjour Domy et Colibri,
Merci de m’inviter à picorer un peu avec vous.
L’étymologie du mot dogme, rappelée par Godet, m’a fait pensé à la manière dont Luc commence son évangile, un peu comme pour s’excuser de faire un livre : « … il m’a paru bon, à moi aussi, qui ai pris exactement connaissance de toutes ces choses dès leur origine, de te les écrire dans leur ordre, très excellent Théophile… »
J’ai interrogé une chouette helléniste bien chouette qui m’a confirmé que ce « il m’a paru bon » a exactement la même racine que le mot « dogme ». Or ce qui m’amuse c’est que si Luc avait été alors conscient qu’il écrivait une partie fondamentale du Nouveau Testament, inspirée donc par le Saint-Esprit, on voit mal comment il se serait permis de dire : « il m’a paru bon de… ». Aujourd’hui, l’écrivain qui prétend à l’inspiration divine dira plutôt : après avoir beaucoup prié, le Saint-Esprit m’a presque forcé à écrire ce livre ; moi je ne voulais pas mais…
J’en déduis que le Saint-Esprit peut très bien se servir du concours de l’homme, à son insu, pour insuffler la vie d’en-haut à ses pensées. Et d’ailleurs je crois que la plupart des Ecritures saintes ont été composées de cette façon, l’auteur donnant libre cours à ses sentiments et sa réflexion, sans se rendre compte que ses écrits feraient partie du canon. Maintenant ce que nous appelons dogmes (dans le troisième sens que distingue Godet, c-a-d ce que l’Eglise reçoit comme étant vérité), n’est pas le texte biblique lui-même ; ce sont des formulations de vérités bibliques qui ne prétendent pas être elles-même la Révélation. Mais il n’est pas juste de vouloir les opposer comme étant de simples « il m’a paru bon » humains à la pensée divine qui serait fondamentalement différente. L’essence même du christianisme, le but de la venue de Christ, n’est pas l’opposition entre l’homme et Dieu, mais au contraire l’union inouïe et merveilleuse de Dieu et de l’homme. Oui je crois, qu’une foi réelle en Christ, dispose le coeur de l’homme à reconnaître les « dogmes » bibliques quand il les entend, quand bien-même il n’aurait pas su les formuler aussi précisément qu’un théologien. Pour me servir d’une comparaison quelqu’un peut avoir une bonne oreille musicale, reconnaître immédiatement une note fausse d’une vraie, sans savoir un traitre mot d’acoustique, et sans savoir chanter juste lui-même. La foi en Christ nous donne de naissance une oreille musicale pour Dieu ; et quand le dogme sonne juste on le reconnaît. Mais il n’y a aucune raison de vouloir mettre en concurrence ceux qui chantent et ceux qui fabriquent des diapasons. Le dogme c’est le diapason qui sert à ce qu’on s’accorde quand on chante ensemble.
Cela me rappelle une dispute que j’ai entendu une fois entre deux confrères nocturnes, un rossignol artiste qui chantait admirablement et un hibou savant, intransigeant sur l’acoustique. Le premier prétendait la science du second complètement inutile : mon chant est la vie de mon âme, qu’il lui disait, et toute votre théorie n’est qu’un fatras sans vie ; d’ailleurs écoutez-vous, vous ne savez dire qu’une note : Hou ! Hou ! Peut-être lui rétorquait le second, mais mon Hou ! à moi est parfaitement juste. Tandis que vous, vous chantez trop haut d’un seizième de ton, ce qui suffit à tout gâcher.
Sans doute on donnera en général la préférence aux rossignols plutôt qu’aux hiboux ; cependant il faut reconnaître que dès qu’il faut formuler la vérité les théologiens sont utiles. Pour revenir à l’article de Godet il ne visait, à mon avis, aucun de ces deux oiseaux, mais plutôt cette espèce de corvidés malotrus qui voudraient remplacer les hymnes de l’Eglise par leurs croassements impies.
Je crois qu’en tant que chrétiens nous sommes tous prêts à reconnaître que le Nouveau Testament contient des dogmes. Est-ce que les dogmes servent à quelque chose ? c’est une autre question. Pour ma part je le crois, car sinon je ne vois pas pourquoi Dieu aurait aussi créé des hiboux.
Scarron.
Bonjour Domy et Colibri,
Merci de m’inviter à picorer un peu avec vous.
L’étymologie du mot dogme, rappelée par Godet, m’a fait pensé à la manière dont Luc commence son évangile, un peu comme pour s’excuser de faire un livre : « … il m’a paru bon, à moi aussi, qui ai pris exactement connaissance de toutes ces choses dès leur origine, de te les écrire dans leur ordre, très excellent Théophile… »
J’ai interrogé une chouette helléniste bien chouette qui m’a confirmé que ce « il m’a paru bon » a exactement la même racine que le mot « dogme ». Or ce qui m’amuse c’est que si Luc avait été alors conscient qu’il écrivait une partie fondamentale du Nouveau Testament, inspirée donc par le Saint-Esprit, on voit mal comment il se serait permis de dire : « il m’a paru bon de… ». Aujourd’hui, l’écrivain qui prétend à l’inspiration divine dira plutôt : après avoir beaucoup prié, le Saint-Esprit m’a presque forcé à écrire ce livre ; moi je ne voulais pas mais…
J’en déduis que le Saint-Esprit peut très bien se servir du concours de l’homme, à son insu, pour insuffler la vie d’en-haut à ses pensées. Et d’ailleurs je crois que la plupart des Ecritures saintes ont été composées de cette façon, l’auteur donnant libre cours à ses sentiments et sa réflexion, sans se rendre compte que ses écrits feraient partie du canon. Maintenant ce que nous appelons dogmes (dans le troisième sens que distingue Godet, c-a-d ce que l’Eglise reçoit comme étant vérité), n’est pas le texte biblique lui-même ; ce sont des formulations de vérités bibliques qui ne prétendent pas être elles-même la Révélation. Mais il n’est pas juste de vouloir les opposer comme étant de simples « il m’a paru bon/i> » humains à la pensée divine qui serait fondamentalement différente. L’essence même du christianisme, le but de la venue de Christ, n’est pas l’opposition entre l’homme et Dieu, mais au contraire l’union inouïe et merveilleuse de Dieu et de l’homme. Oui je crois, qu’une foi réelle en Christ, dispose le coeur de l’homme à reconnaître les « dogmes » bibliques quand il les entend, quand bien-même il n’aurait pas su les formuler aussi précisément qu’un théologien. Pour me servir d’une comparaison quelqu’un peut avoir une bonne oreille musicale, reconnaître immédiatement une note fausse d’une vraie, sans savoir un traitre mot d’acoustique, et sans savoir chanter juste lui-même. La foi en Christ nous donne de naissance une oreille musicale pour Dieu ; et quand le dogme sonne juste on le reconnaît. Mais il n’y a aucune raison de vouloir mettre en concurrence ceux qui chantent et ceux qui fabriquent des diapasons. Le dogme c’est le diapason qui sert à ce qu’on s’accorde quand on chante ensemble.
Cela me rappelle une dispute que j’ai entendu une fois entre deux confrères nocturnes, un rossignol artiste qui chantait admirablement et un hibou savant, intransigeant sur l’acoustique. Le premier prétendait la science du second complètement inutile : mon chant est la vie de mon âme, qu’il lui disait, et toute votre théorie n’est qu’un fatras sans vie ; d’ailleurs écoutez-vous, vous ne savez dire qu’une note : Hou ! Hou ! Peut-être lui rétorquait le second, mais mon Hou ! à moi est parfaitement juste. Tandis que vous, vous chantez trop haut d’un seizième de ton, ce qui suffit à tout gâcher.
Sans doute on donnera en général la préférence aux rossignols plutôt qu’aux hiboux ; cependant il faut reconnaître que dès qu’il faut formuler la vérité les théologiens sont utiles. Pour revenir à l’article de Godet il ne visait, à mon avis, aucun de ces deux oiseaux, mais plutôt cette espèce de corvidés malotrus qui voudraient remplacer les hymnes de l’Eglise par leurs croassements impies.
Je crois qu’en tant que chrétiens nous sommes tous prêts à reconnaître que le Nouveau Testament contient des dogmes. Est-ce que les dogmes servent à quelque chose ? c’est une autre question. Pour ma part je le crois, car sinon je ne vois pas pourquoi Dieu aurait aussi créé des hiboux.
Scarron.
Ah ! quel dommage que seulement deux drôles d’oiseaux se partagent seuls, une nourriture aussi riche, sans que d’autres ne se sentent inspirés de participer à un tel festin, et pouvoir ainsi pépier ensemble, notamment ce mystérieux oiseau, qui sût en son temps et non sans talents, décrire à l’ami Jean, la face obscure de son croissant de lune.
Domy cette phrase que tu soulignes montre à elle seule la grande difficulté de compréhension de ce texte, car c’est là une citation que fait entre guillemet Godet mais qui est une affirmation émanant de Sabatier.
»….une certaine expérience religieuse, d’où ensuite, par réflexion, le dogme est sorti…
Godet réfute cela n’étant pas le normal bibliquement parlant.
Mais à la réflexion , perso je me dis que ce que dit Sabatier ici n’est pas faux mais procède d’une constatation de la réalité du développement du Christianisme au fil du temps.
Mais lorsque la vie de Christ se manifestait dans les chrétiens de la première église je me demande dans quelle mesure par exemple ils ont défini ce qu’était le baptême du Saint Esprit et à quel moment il se matérialisait concrètement.
entre nous je ne crois pas que c’était leur préoccupation ils se contentaient certainement de recevoir le don de Dieu.
C’est venu après la dogmatisation de ces expériences de la vie chrétienne. Et alors on a voulu (et c’est encore souvent le cas aujourd’hui) que les gens vivent une expérience chrétienne biblique à partir de la définition que dogme lui en donnait et surtout même parce que le dogme en était défini : c’est incroyable non?
Tu soulèves de vastes questions auxquelles il me serait difficile de répondre en dehors du fait que je suis actuellement hors place donc limitée en terme d’espace et de temps.
Mais pour dire rapidement, je crois que les dogmes bibliques au sens où l’entend Godet ne sont pas appelés à engendrer ou à produire ; ils « sont » c’est tout.
C’est la relation d’intimité avec le Seigneur de la Vie qui engendre la vie de sorte à produire ses fruits en celui qui croit; voilà ce que je pense.
Et bien évidemment ici il est fait appel au cœur de celui qui est en présence du Principe de la création de Dieu tel que se définit Jésus à l’église de Laodicée. Cela intègre surement le fait de croire de son cœur pour être sauvé.
Ainsi, je ne crois pas que la connaissance du dogme produise en elle même de facto cette vie; et c’est peut être pour cela qu’un docteur de la loi maîtrisant une connaissance parfaite de toute les Ecritures Inspirées peut n ‘être pourtant pas en mesure de recevoir la vie au travers d’elles comme le disait Jésus aux pharisiens Jean 5/ 39 : »
Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !
Tu écris :
»les écrits inspirés doivent-ils produire des dogmes ou le fondement des principes de vie? En d’autre termes, les dogmes peuvent ils générés la vie? »
Moi j’ai envie de dire
»parce que nous avons la vie en Lui, alors le dogme biblique se trouve aussi inscrit dans nos cœurs tel que Jean a pu dire dans son épître que quiconque reconnait que Jésus-Christ est réellement devenu homme a l’Esprit de Dieu. Mais quiconque refuse de reconnaitre Jésus en tant que tel n’a pas l’Esprit de Dieu , mais celui de l’adversaire ».
Ces points cruciaux ont été mis au clair Domy par les Apôtres ce n’est pas pour rien je crois même si ça a l’air de rien aujourd’hui par rapport à d’autres choses.
Alors oui les Ecritures sont données pour nous conduire à la « Parole » qu’est Jésus; et ici tu dois te demander pourquoi je fais la différence entre les 2. C’est tout simplement parce que je crois que ce n’est pas la même chose : qu’on peut connaître les Ecritures sans jamais entrer en relation avec Celui qu’elles définissent comme étant la « Parole de Dieu » qui Seul donne la Vie.
Domy, je sais que ce texte de Godet qui est long peut paraître à plus d’un fastidieux et pourtant ce n’est pas inintéressant de le lire en prenant son temps. Il est difficile peut être et a besoin d’être lu lentement et à petite dose.
Il va sans dire que c’est aujourd’hui bcp demander aux chrétiens; je ne sais que trop à quel point nous sommes devenus des chrétiens fast food qui aimons qu’on nous serve des plats prêts à l’emploi depuis une sorte de drive évangélique. Je l’entend souvent que il faut que ce soit facile et rapide à lire. Et récemment, je pensais à cela en lisant ce que disait Nicolas sur le fil consacré à l’Ipad : https://blogdei.com/index.php/2010/01/31/nouvel-ipad-dapple-steve-jobs-reinvente-lordinateur-monotache#comment-48204 : « Lorsque je suis sur un Mac, je peux me consacrer à mon travail. En 10 minutes sur un Mac je crée un flyer, en 10 minutes sur un PC je suis en train de télécharger le truc qui me manque :) »
Sur le moment, j’ai rigolé un bon coup car j’ai pensé au Mac mais pas Intoch, plutôt « Do ou drive ». Et c’est vrai que transposé à la nourriture un mac est certainement moins élaboré en terme de raffinement personnalisé comme le serait un personal computer, mais au moins c’est vite ingéré et en un rien de temps et tant pis pour le corps c’est le temps qui veut ça il faut que ça soit vite fonctionnel on demande pas plus.
Nous sommes une génération de chrétiens pressés pour qui il faut aller vite avec la nourriture qu’on appellerait plutôt bouffe: il faut pas que ce soit trop long à manger car pas le temps évidemment mais c’est aussi vrai en matière de nourriture spirituelle certainement. A peine si on comprendrait que Jésus appelle l’église de Laodicée à s’asseoir à table avec Lui pour manger un Vrai repas: le genre qui se prend pas à la va vite.
On est cette génération qui peinerait à comprendre que l’auteur de la lettre aux Hébreux dise à ses lecteurs qu’ils auraient du déjà pouvoir manger de la viande alors que les éléments fondamentaux de la foi (le lait) que ce livre énumère comme une base minimaliste, nous semble déjà tellement éprouvant pour notre estomac..
Et après il arrivera qu’on s’étonne que les écrits contemporains n’ont parfois plus rien à voir avec ceux des Tozer, Austin Sparks et consorts des temps passés. Mais Dieu était il plus présent dans le passé qu’aujourd’hui?
Je pense qu’on a ce qu’on souhaite recevoir ou ce à quoi notre cœur aspire. C’est un peu désespérant d’ok, mais on peut aussi ne pas se satisfaire de ce constat et souhaiter avoir une bonne fringale de mets délicats qu’on ne trouve pas dans un fast food quand bien même celui ci serait dit casher.
Il semble que le diamant se trouve à la racine des montagnes et l’or pur se trouve très loin des regards du vautour : dans les galeries souterraines pour peu que l’homme se donne la peine de creuser ces choses précieuses qui ne se trouvent pas en surface mais dans les profondeurs (Dixit Job).
Mais si nous avons en nous un espace pour la profondeur, il est certain que Dieu y mettra sa profondeur.
mes questions s’inscrivent dans l’affirmation de F.Godet, à savoir:
« Mais Dieu, en entrant en commerce et en contact avec l’âme humaine, lui fait faire une certaine expérience religieuse, d’où ensuite, par réflexion, le dogme est sorti.… Les dogmes sont l’effort soutenu et progressif de la conscience religieuse se rendant compte à elle-même de son propre contenu.… L’erreur de l’orthodoxie est de vouloir arrêter cette incessante métamorphose. »
Autre question:
les écrits inspirés doivent-ils produire des dogmes ou le fondement des principes de vie? En d’autre termes, les dogmes peuvent ils générés la vie? N’engendrent t-ils pas bien souvent des sacrements se substituant à la Foi, par leurs prétendues vertus sanctifiantes?
Admettons que le dogme ait son utilité, si il est correctement fondé sur les Ecritures inspirées. Qu’est-ce qui fait, que dans le cas des pharisiens, ils ne L’ont pas identifié, alors que dans le cas des Béréens, ils L’ont reconnu? Car il semble, qu’ils disposaient de la même matière: le témoignage de la Loi et des prophètes.
N’est-ce pas par une meilleure disposition du coeur que fût marquée la différence?
Oui Domy , l’auteur comme à son habitude soulève une problématique intéressante.
Mais j’aime bien la distinction qu’il établit entre 2 types de dogmatiques : étant donné que le terme signifie » il a paru bon » il est vrai qu’il convient de savoir quel type d’ »il a paru bon » constitue le corps de notre « profession de foi ».
Je n’aime pas ce terme de profession de foi et c’est un véritable euphémisme que de le dire. Mais il n’empêche que je crois qu’un chrétien a malgré tout pour sa vie chrétienne un ensemble de normes incontournables qui jalonneront sa vie de foi dans sa dimension extérieure.
Nous ne pouvons dire que nous vivons notre foi à notre manière ou finalement comme bcp aujourd’hui, à la manière d’une néo spiritualité dite » à la carte », puisque le Chef et Consommateur de notre foi a Lui-même établit une sorte de cahier des charges si je puis dire. Par exemple nous ne pouvons nous considérer Chrétiens si nous avons un doute sur l’origine du Fils, sur le fait que Dieu le Père est incréé ou encore sur le fait que Jésus reviendra pour juger les vivants et les morts et que l’enfer existe réellement comme un lieu de tourment pour les perdus et le paradis existe comme lieu de délices pour le séjour des justes.
Il existe ainsi un ensemble de Vérités que l’ont pourrait ainsi qualifier positivement de « dogmes bibliques » incontournables parce qu’établis de façon évidente par la Parole elle-même sans possibilités d’interprétation personnelle tant ils sont clairs.
Et ce genre de dogmes bibliques n’a à la vérité rien à voir avec les dogmes humains établis au fur et à mesure par les hommes d’églises ou théologiens pour dire sur quoi la foi devait être basée, car ces derniers dogmes humains ou religieux s’avèrent souvent en réalité un ensemble de croyances venant définir les normes de foi des différentes dénominations ou clocher suivant leur propre compréhension des écritures sur des choses pas aussi clairement exprimées que l’objet de ce que l’auteur considère comme les vrais dogmes bibliques.
Mais je crois que il existe réellement un ensemble de dogmes bibliques suffisamment clairs dans la bible qui permettent de poser un ensemble de bornes au Christianisme le définissant clairement.
Les écrits de Godet de l’époque laissent deviner les tentatives de libéraux de renverser ces bornes bibliques. A l’époque, ces libéraux en étaient juste aux balbutiements d’un relativisme spirituel qui a complément éclos aujourd’hui et ce, dans le Protestantisme bien davantage que dans le catholicisme; c’est au point où certains pasteurs nient la résurrection du Christ voire même l’historicité de notre Seigneur. Qui eut cru que cette tendance aurait pu germer dans le giron de la « Réforme »?
Intéressante question, sinon cruciale que de savoir, si la Foi répond à des dogmes, susceptibles de conduire l’Homme au Salut. L’Eglise officielle semble, dans sa pratique, le penser, puisque le dogme aboutit aux sacrements, sanctifiant le pécheur. Le Salut ne serait pas dû à une Personne, mais à l’adhésion à un ensemble de vérités dogmatiques. L’adhésion à ces vérités dogmatiques ayant la prétention de se substituer à une communion filiale avec le Père de la création. Pourtant Jésus répond très clairement aux gardiens des dogmes :
« Vous scrutez les écritures, pensant acquérir par elles, la vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de moi. ». Poursuivant son entretien avec les gardiens du dogme, il leur dit :
« …et vous ne voulez pas venir à moi, pour avoir la vie éternelle. »
Dieu place l’homme devant Sa Parole éternelle, libre est l’Homme de se positionner en réaction ou en conversion, mais la conversion ne procède pas du dogme, mais d’une volonté souveraine de Dieu de réconcilier l’Homme avec Lui-même :
« Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé ça, c’est mon père qui est dans les cieux. »
La bible ne décrit pas un ensemble de dogmes, mais des parcours de vie. Parcours de vie pour les uns, parcours de mort pour les autres ; réconciliation pour les uns, condamnation pour les autres.
Les rives du Jourdain pour frontières entre ce qui procède de la promesse du Don gratuit, et ce qui procède du salut pas les œuvres et s’il est une œuvre difficilement soutenable devant Dieu, c’est bien celle qui consiste à se servir de la lettre afin de construire des châteaux de sable, à défaut d’avoir voulu construire sur le roc séculaire.
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