Le Dieu de toute consolation, 2ème partie: où trouver les Barnabas et Elihu? par Eliane Colard

297 lectures, par Daniel B le 25 juin 2010

dans la rubrique Christianisme, Christianisme pratique, Edification, Exhortations et sermons, Perfectionnement des saints, Témoignages divers

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Suite de la première partie

2 -La fabrique de fils de consolation:

Où trouver les Barnabas et Elihu?

Les Elihu

J’ai cité Eliphaz et Tsophar au titre des consolateurs fâcheux qui ont entouré Job quand il était dans la détresse. Cependant, la Bible nous dit qu’ils étaient au nombre de quatre à vouloir l’encourager et le consoler dans sa souffrance. Il y avait aussi Bildad et Elihu. Je ne parlerai pas de Bildad car c’est un consolateur du type d’Eliphaz. Cependant je parlerai maintenant d’Elihu mais en tant que véritable consolateur du même type que Barnabas dont il sera question en détail plus loin. Car en effet, parmi tous les amis de Job, c’est Elihu qui a réussi à conduire Job à s’élever au dessus des circonstances de ses épreuves afin de fixer ses regards sur Dieu le Souverain créateur de toutes choses.

Là où les autres essaient de trouver des raisons à la souffrance de Job, Elihu le conduit à regarder non à lui-même mais à Dieu. Après avoir condamné l’attitude de ses compagnons au chapitre 32, il annonce à Job le salut de Dieu au chapitre 33, puis continue au chapitre 34 en lui proclamant la justice souveraine de Dieu, et enfin au chapitre 35, il l’engage à rechercher Dieu tout en lui parlant avec emphase de Ses voies insondables et de Son œuvre empreinte de miséricorde et d’amour pour toute la création (chapitre 36). Et alors que se passe-t-il ? C’est précisément à ce moment là, après que Elihu ait orienté les regards de Job vers Dieu que celui-ci peut enfin entendre Dieu lui parler personnellement au sein même de sa souffrance. Il est dit au début du chapitre 38 : «L’Eternel répondit à Job du milieu de la tempête…». Quelle merveilleuse consolation que de pouvoir entendre directement la voix de Dieu au sein même de la tempête !

Parmi les amis venus consoler Job, seul Elihu a su amorcer la consolation dans le cœur de Job, car il l’a amené à s’élever au dessus de sa souffrance pour considérer le Dieu créateur à qui rien n’est impossible. Lorsque nous restons au niveau de notre souffrance, nous ne voyons que cela et il nous est impossible de voir Dieu, de l’entendre et de croire qu’il peut agir. Elihu n’est pas considéré par Dieu comme un consolateur fâcheux, car à la fin du livre de Job lorsque Dieu rétablit ce dernier, Il fait des reproches à trois de ses amis alors qu’ils étaient 4. Ainsi, il est dit au verset 7 du chapitre 42: «Après que l’Eternel eut adressé ces paroles à Job, il dit à Eliphaz de Théman: ma colère s’est enflammée contre toi et contre tes deux amis parce que vous n’avez pas parlé de moi avec droiture comme mon serviteur Job». On pourrait alors penser que cela ne veut pas forcément dire qu’Elihu ne figure pas parmi ces trois à qui Dieu adresse des reproches. Cependant la lecture du verset 9 enlève le doute qui pourrait subsister à cet égard. Car pour leur permettre de se faire pardonner leur folie, Dieu demande aux amis de Job à qui il avait adressé les reproches, d’aller offrir un holocauste. Et dans ce verset 9, le nom d’Elihu n’est pas cité: «Eliphaz de Théman, Bildad de Schuach, et Tsophar de Naama allèrent et firent comme l’Eternel leur avait dit…». Les Elihu sont de véritables consolateurs qui nous encouragent à sortir la tête du creux de notre fournaise, à la relever en cherchant vers les hauteurs le secours qui vient de l’Eternel qui a fait la terre et les cieux.

David a dit au verset 15 du Psaume 25 : «j’ai les yeux constamment tournés vers le Seigneur, car il me tirera du piège où je suis». C’est aussi grâce à cette démarche que Job a pu dire: «Mon oreille avait entendu parler de toi mais maintenant mon œil te voit » car il avait lui-même rencontré le consolateur.

Les Elihu sont des consolateurs oints par l’Esprit de Dieu. Ce sont ceux qui ouvrent leur bouche non parce qu’un affligé «semble» avoir besoin de consolation, mais uniquement parce que dans une situation précise d’affliction, Dieu met en eux la parole de consolation. Ils deviennent à ce moment-là entre les mains de Dieu des outres, des instruments dociles qui laissent couler ce que Dieu a mis en eux pour bénir les autres ; voilà ce que dit Elihu en Job 32. 18- 22 : «…Car je suis plein de paroles, l’Esprit me presse au-dedans de moi; au-dedans de moi, c’est comme un vin qui n’a pas d’issue, comme des outres neuves qui vont éclater. Je parlerai pour respirer à l’aise, j’ouvrirai mes lèvres et je répondrai. Je n’aurai point d’égard à l’apparence, et je ne flatterai personne; car je ne sais pas flatter: mon créateur m’enlèverait bien vite».

Les Elihu ne donnent rien de plus, rien de moins que ce que l’Esprit leur donne. Ce sont des outres pleines de l’Esprit qui laissent couler le trop plein sur ceux qui les entourent ; ils ne le font pas pour flatter mais ils le font parce qu’ils ne peuvent faire autrement: ils ne sont que des outres, dont le rôle est de laisser couler le vin qui redonne la joie à celui qui porte des marques de deuil. Mais avant d’être un Elihu, nous devons souvent commencer par être des Barnabas.

Les Barnabas

Barnabas signifie fils d’exhortation ou encore fils de consolation. Ce nom apparaît pour la première fois, avec sa signification, en Actes 4. 36 : « Joseph, surnommé par les apôtres Barnabas, ce qui signifie fils d’exhortation ». En français courant il est dit : ce qui signifie «l’homme qui encourage». L’encouragement n’a pas ici le sens commun de dire les choses agréables que les autres aimeraient entendre, mais celui de l’encouragement qui passe par « l’exhortation » à tourner les regards vers Dieu pour s’aligner avec  Sa pensée de sorte que Sa volonté bonne, agréable et parfaite s’installe dans les vies. C’est cet alignement qui restaure la vraie paix et la vraie joie là où il y a eu trouble et affliction. Cet aspect de l’encouragement trouve ainsi son expression la plus puissante non pas dans la parole agréable mais dans la parole juste.

En Actes 11. 22, nous voyons comment il entre véritablement dans l’appel conféré par ce nouveau nom. L’Eglise du Seigneur a véritablement besoin de Barnabas. Mais comment passer de Joseph à Barnabas ? Barnabas ne peut être «fils de consolation» avant d’avoir rencontré le consolateur.

J’ai expérimenté que l’on rencontrait le Consolateur lorsque la consolation ne pouvait plus passer par des intermédiaires pour arriver jusqu’à nous. Lorsque la douleur est si profonde qu’il ne reste que le Consolateur pour descendre dans ces lieux profonds de désespoir. C’est de ces lieux qu’a pu jaillir le «De Profundis» de David, lorsqu’il dit dans le Psaume 130: «Du fond de l’abîme, je t’invoque ô Eternel!» C’est souvent dans ces lieux profonds que l’on rencontre le Consolateur: on le voit au moment où il nous en fait remonter. David parle dans d’autres passages de ces lieux profonds, qui sont appelés différemment: Psaume 30. 4: «Eternel ! Tu as fait remonter mon âme du « séjour des morts», tu m’as fait revivre loin de ceux qui descendent dans «la fosse» ; Psaume 69.3 : « j’enfonce dans la boue » sans pouvoir me tenir, je suis «tombé dans un gouffre» ; verset 16: «que l’abîme ne m’engloutisse pas».

Quand nous sommes dans ces profondeurs, il n’y a que le consolateur qui puisse nous en faire remonter : soit que nous ne supportions plus la consolation venant des autres (souvent consolateurs fâcheux, David a dit dans le Psaume 77. 3: «…Mon âme refuse toute consolatio »), soit que nous ne trouvions pas de consolateurs véritables autour de nous : au Psaume 69. 21, il dit : «J’attends des consolateurs et je n’en trouve aucun».

C’est également dans ces profondeurs que Job a rencontré le consolateur ; ce qui lui a permis de dire «Mon oreille avait entendu parler de toi, mais maintenant mon œil te voit».

Cependant, ce face à face avec le Consolateur n’est pas automatique pour tous ceux qui se trouvent dans ces lieux profonds; ce face à face dépend uniquement de l’attitude de notre cœur  à ce moment-là : ou elle peut nous y faire rencontrer l’esprit de rébellion qui nous fait errer dans le désespoir loin de la face de Dieu, ou elle peut nous faire rencontrer dans ces lieux, l’Esprit de consolation qui nous fait découvrir les dimensions de l’amour de Dieu. David et Job en sont remontés en y ayant rencontré le consolateur: David, parce que son cœur  savait que la rédemption se trouvait auprès du Seigneur en abondance, et comptait sur lui plus que les gardes ne comptent sur le matin (Psaume 130. 6 7) ; Et Job parce qu’il savait que son rédempteur était vivant et qu’il se lèverait pour lui: Job19. 25- 27 : «je sais que mon rédempteur est vivant…, moi-même je contemplerai Dieu. Je le verrai, et il me sera favorable; mes yeux le verront et non ceux d’un autre…. ».

La fabrique de fils et filles de consolation serait-elle donc une sorte de cuve de souffrance ? Ce qui est sûr, c’est que la souffrance peut engendrer des consolateurs ou fils d’exhortation. C’est ce que pourraient dire en tout cas beaucoup de ceux qui étant passés par la fournaise, ont vu le St-Esprit intervenir pour ramener la paix dans leur cœur. Ils pourraient témoigner de la présence du consolateur au sein de ces moments douloureux pour affermir, aider et réconforter. Mais c’est surtout ce que Paul semble dire en 2 Corinthiens 1. 6-7: «Si nous sommes affligés, c’est pour votre consolation et pour votre salut; si nous sommes consolés, c’est pour votre consolation, qui se réalise par la patience à supporter les mêmes souffrances que nous endurons. Et notre espérance à votre égard est ferme, parce que nous savons que, si vous avez part aux souffrances, vous avez part aussi à la consolation».

Dieu nous forme à la compassion (qui est le terreau nécessaire à un véritable service de consolation auprès des autres) en nous faisant admettre à l’école de la souffrance. Honnêtement je ne crois pas que l’on puisse trouver une seule personne qui aime cette école. Elle est même dangereuse car ou on en sort transformé en s’étant rapproché de Dieu, ou on en sort amer et éloigné de Dieu. C’est encore nous qui décidons de ce que la souffrance accomplit en nous. Allons-nous permettre à nos souffrances de nous apprendre la compassion afin de pouvoir aider les autres lorsque nous en serons sortis, ou les laisserons-nous nous détruire et infecter ceux qui nous côtoient ? De notre positionnement par rapport à cette alternative dépendra la naissance ou non d’un Barnabas dont l’utilité n’est plus à démontrer pour l’Eglise. Car le Corps de Christ a besoin maintenant plus que jamais d’hommes et de femmes que les souffrances n’ont pas affaiblis ni détruits, des Barnabas qui ne sont pas abattus, découragés, ni perplexes mais qui restent attachés à l’amour de Dieu car ils ont éprouvé Sa fidélité en toutes choses dans les temps difficiles. Ce sont des êtres persévérants et forts dans la foi pour être des exemples, voire des pères et mères pour les faibles, une source de consolation et de réconfort pour les affligés. Mais Barnabas se forge dans une rencontre personnelle avec le Consolateur.

Ma première rencontre avec le Consolateur a eu lieu alors que je connaissais déjà depuis un bon moment la troisième personne de la trinité, à savoir le Saint-Esprit. Il commençait à réussir tant bien que mal à faire pousser certains fruits en moi à la faveur de difficultés rencontrées dans ma marche; et parallèlement je commençais à grandir dans la foi pour l’exercice de certains dons spirituels. Cependant, quand j’ai rencontré le «Consolateur», j’ai su que malgré la visibilité éventuelle de ces fruits et dons, je n’avais encore jamais rencontré le Saint-Esprit en tant que «Consolateur».

Ma première rencontre avec le Consolateur s’est faite il y a des années lorsque mon époux et moi avons souhaité avoir un enfant. Nous priions pour cela mais il ne se passait rien et cela a duré plus de deux années. Des années au cours desquelles je n’ai cessé de répandre mon âme devant Dieu ; c’est là que j’ai appris ce que c’était vraiment que répandre son âme. J’avais d’ailleurs l’impression d’avoir versé en ce temps là toutes les larmes de mon corps. Je croyais que Dieu était grand pour me faire enfanter car la Bible dit dans les Psaumes que sa voix seule fait enfanter les biches et je croyais aussi que c’était un moyen de voir à l’œuvre dans une situation pratique de ma vie, la puissance de ce Dieu que je servais. Car il est vrai que c’était une période où j’étais très engagée dans le service envers d’autres. Mon mari et moi venions d’être libérés et encouragés à l’époque, pour servir à plusieurs niveaux dans l’assemblée que nous fréquentions ; nous avions chez nous un groupe de maison, je m’investissais également envers des personnes qui avaient besoin d’aide, mon mari était tout heureux de servir dans la louange et l’adoration et Dieu commençait à m’élargir dans l’exercice du don de prophétie dans le cadre de l’église. Cela allait plutôt bien à plusieurs niveaux. Les choses ont commencé à se gâter (si j’ose dire) quand j’ai commencé à ne plus me contenter de demander et de chercher pour avoir cet enfant que je ne voyais toujours pas apparaître. Demander et chercher ne suffisaient plus apparemment pour toucher le cœur de ce Dieu que je servais de tout mon cœur. Il fallait que j’apprenne à frapper pour qu’il ouvre enfin les vannes de la bénédiction pour cet enfant. Mais à mesure que je frappais sans qu’Il réponde, je voyais grandir ma rancœur car je savais que ce je lui demandais n’était rien en comparaison de ce qu’il avait déjà fait dans ma vie et je ne comprenais pas qu’il ne m’accorde pas cette bénédiction; et ma douleur devenait terrible quand j’essayais d’imaginer qu’il n’accéderait peut-être pas à ma demande. Mais il ne m’est jamais venu à l’idée qu’Il ne le «pouvait» pas. Seulement, le temps passant, je commençais à me dire qu’il ne le «voulait» pas, et c’est cela qu’il m’était difficile d’admettre car je ne comprenais pas pourquoi il devrait en être ainsi. Cela ne semblait pas correspondre à ce que je croyais savoir de Lui. Et je pleurais et pleurais sans jamais recevoir une promesse qu’il me bénirait, alors qu’il me donnait parfois des paroles d’encouragement et des promesses pour d’autres.

Mais il y avait encore pire à cette période-là que de voir passer des mois puis des années sans que je  ne sois exaucée. Ce pire était les vexations parfois même involontaires des autres, souvent frères et sœurs chrétiens. Durant cette période, je les appelais mes « Pénina ». Qui est Pénina ? Pour le savoir il faut aller dans le contexte du livre de Samuel lorsqu’Anne répandait son âme devant Dieu pour avoir un enfant. (1 Samuel 1), il est dit que Pénina avait des enfants et Anne n’en avait point. Et chaque fois qu’Anne montait à la maison de l’Eternel, Pénina lui prodiguait des mortifications pour la porter à s’irriter de ce que l’Eternel l’avait rendue stérile. Et Pénina c’était à cette époque mes sœurs dans la maison de Dieu, qui dimanche après dimanche ne se rendaient pas compte qu’elles me déchiraient l’âme en me demandant ce que je pouvais bien attendre pour porter cet enfant. Et souvent c’était les mêmes à chaque fois. Parfois et même souvent il est arrivé que pas moins d’une dizaine de personnes me posât la même question dans la même journée sans se demander ce que quelqu’un de déjà éprouvé sur ce sujet pouvait bien trouver à répondre. Et cela en rajoutait à ma douleur à tel point que je souhaitais faire en sorte de ne plus m’exposer à ce genre de remarques. A vous qui lisez ce livre, j’espère que cette histoire vous touchera au point que vous y réfléchirez à deux fois avant de faire des remarques de cette sorte autour de vous à celles qui n’ont pas d’enfants; car même si vous ne pensez pas à mal, ces remarques incessantes peuvent être prises pour de la torture pour celle qui les subit. Même par téléphone j’étais harcelée sur ce point, la distance ne constituant pas une protection à cet égard ; c’est ainsi que parents et beaux-parents rajoutaient leur petit grain de sel à ma souffrance. Mon mari pouvait bien me dire comme Elkana disait à Anne: « Est-ce que je ne vaux pas pour toi mieux que dix enfants?», cela ne réussissait nullement à adoucir ma douleur. Car les remarques des autres autour de moi avaient réussi à me persuader qu’une femme n’en était pas une sans enfant. Nous savons bien n’est ce pas, que c’est faux ! Cependant voilà où aboutissent parfois nos remarques incessantes envers des personnes qui n’ont pas d’enfants, alors que Dieu Lui, ne dit pas cela. Bref, bien que continuant à vivre ma vie chrétienne du mieux que je pouvais, compte tenu de ma souffrance intérieure, je commençais à ne plus oser faire des prières audacieuses dans la foi pour d’autres, me disant qu’il n’y avait pas beaucoup d’espoir qu’elles soient exaucées.

Puis à l’occasion d’une visite rendue à mes anciens pasteurs de Clermont-Ferrand Lucette et Jean Keuchkerian, ces derniers m’avaient fait une onction d’huile en priant avec moi. Peu de temps près cela, un jour alors que je faisais carpette en pleurant devant Dieu (je m’étalais de tout mon long sur le sol de ma chambre pour répandre mon âme à grand cri devant Dieu), Il m’a dit (enfin !): «Je veux t’emmener au point où ta relation avec moi sera plus importante que la bénédiction que tu peux en tirer». J’étais interdite, car je pensais que quand Dieu me répondrait au sein de ma souffrance ce serait pour me dire qu’Il me bénirait, et là il ne me disait rien de tel. J’en ai même conclu que je devrais faire une croix là-dessus. Cette réponse avait néanmoins fait une chose dans mon cœur elle y avait ramené la paix, le calme : c’était vraiment la voix de Dieu. Je savais qu’Il était là dans ce gouffre avec moi ; je ne savais pas pourquoi il n’avait pas accédé à ma demande mais il me montrait qu’il n’était pas absent. Mes larmes ont alors changé de nature, j’étais apaisée sans savoir pourquoi, car il ne m’avait tout de même pas répondu comme je l’attendais. Mais quand je me suis relevée j’avais décidé dans mon esprit et dans mon cœur que ma relation avec Dieu ne dépendrait pas de Sa bénédiction et j’avais décidé de continuer à servir Dieu en faisant face à cette réalité que je n’aurais peut-être pas ce que je lui demandais. Et c’est là que j’ai commencé à recevoir en moi la consolation du Saint-Esprit qui coulait comme du miel nourrissant et c’était en même temps comme s’il passait ce miel sur ma douleur à la façon d’un onguent : j’étais apaisée, les tourments semblaient s’éloigner alors que rien de la situation n’avait changé. Puis, après avoir reçu la consolation de Dieu dans mon cœur et mon esprit, les choses se sont précipitées : une sœur que Dieu utilisait et utilise encore fréquemment dans la prophétie au sein de l’assemblée que je fréquentais à l’époque, m’a dit que le temps arrivait où Dieu allait nous bénir mon mari et moi en nous donnant un enfant. Puis elle m’a donné le verset d’un Psaume qui dit: «A la femme privée d’enfant il donne une maison, il fait d’elle une mère heureuse». Je dois avouer que je ne voulais pas y croire pour ne pas être déçue, et pourtant cela m’interpellait parce que depuis que nous étions arrivés dans cette église, Dieu avait déjà donné à cette sœur des paroles précises pour nous encourager mon mari et moi. Un peu moins de deux mois après qu’elle m’ait donné cette parole, j’étais enceinte. Je suis encore émue aux larmes en repensant à cela. C’est merveilleux n’est ce pas ?

On aurait pu se dire qu’après cela j’en avais fini avec les remarques désobligeantes, eh bien non. C’est seulement la question qui avait changé par la suite; elle était devenue la suivante: «Alors, c’est pour quand le deuxième enfant?» Les célibataires connaissent le même genre de questions mortifiantes n’est- ce pas: «Alors quand est-ce que tu vas enfin te marier, quand est- ce que tu vas nous présenter un fiancé? Tu ne vois pas que ton horloge biologique avance?» L’encouragement fraternel est-il à ce point devenu vain pour ne pas dire cruel? Chacun y apportera la réponse qu’il jugera bon d’apporter en fonction de son attitude par rapport à cela. Mais pour en revenir à mon expérience, pour rien au monde je ne souhaiterais avoir fait l’économie de ce temps vécu de prières inexaucées car alors, je n’aurais peut-être pas connu la personne du Consolateur comme je l’ai connue à ce moment-là. Je l’ai vraiment rencontré là, comme une personne distincte et ce, avant de recevoir la bénédiction que je ne savais d’ailleurs pas que j’allais recevoir. Il m’a consolée. Je peux dire que c’est une sensation merveilleuse que personne d’autre n’est capable de procurer. Je pouvais dire comme David dans le Psaume 131. 2 «…J’ai l’âme calme et tranquille comme un enfant sevré qui est auprès de sa mère, comme cet enfant je suis apaisé».

Mais j’ai fait après cela une autre rencontre marquante avec le Consolateur. C’était une période où Dieu m’a bousculée dans tous les sens, à tous les niveaux. C’était un temps durant lequel je m’étais complètement retirée de tout service dans le Corps. Même servir Dieu dans les dons spirituels était devenu une souffrance que j’avais décidé de ne pas endurer. Je n’y avais d’ailleurs plus aucune joie. Je me sentais brisée de partout au-dedans de moi, j’étais devenue très fragile moralement et spirituellement. Je ressentais une grande solitude intérieure parce que je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. J’avais parfois l’impression de frôler un gouffre sans jamais y tomber; vous savez, cette impression de marcher dans la vallée de l’ombre et de la mort. Je l’ai décrite une fois à une de mes belles-sœurs en lui disant: «J’ai l’impression de marcher constamment au bord d’un précipice et au moment où je sens que je vais y tomber c’est comme si du terrain se rajoutait sous mes pieds pour élargir le bord sur lequel je marche». Ce précipice était comme une dépression dont je pouvais parfois voir le visage. Et à cause de cela je peux vraiment dire que la dépression a un visage; je crois que c’est un esprit mauvais n’en déplaise à ceux qui croient que c’est juste du domaine du psychique. Je l’ai rencontré, je lui ai même à certains moments parlé sévèrement et combattu vigoureusement; il m’a à maintes reprises résisté en face en me montrant tantôt ses attraits, tantôt ses crocs mais j’en suis venue à bout par les moyens que Dieu mettait à ma disposition malgré ma faiblesse et ma grande solitude. Je crois qu’à ces moments là, personne autour de moi, excepté mon mari n’a pu imaginer comment j’étais mal en point. Trois femmes qui servent Dieu fidèlement et à qui je me confie, en avaient une petite idée; celle qui m’a préfacé mon précédent livre (Lucette) a eu à combattre avec moi à ce moment-là, un esprit de crainte terrifiant qui ne voulait pas lâcher prise sur mon âme. J’étais désespérément troublée car je ne comprenais pas le sens de ce que je vivais, ni ces tourments intérieurs. Ce que je vivais a été diversement interprété par mon entourage : certains pensant que Dieu accomplissait certainement quelque chose au travers de cela ; d’autres, que j’étais peut-être en rébellion contre ce que Dieu me demandait ou que sais-je d’autre. Peut-être était-ce vrai je n’en sais rien; encore m’aurait-il fallu savoir avec certitude ce que Dieu me demandait ! Une seule chose me semblait sûre : plus le temps passait, plus j’étais certaine de ne plus pouvoir être celle que j’étais avant. Je ne me voyais par exemple plus être en mesure d’ouvrir la bouche publiquement dans une assemblée quelconque. Et je m’étais installée dans une sorte d’anonymat qui avait fini par me convenir tout à fait et j’avais perdu toute l’assurance que je pouvais avoir avant.

C’est à ce moment là que Dieu choisit de m’interpeller en me disant d’écrire ce qui fut mon précédent et premier livre. Dans l’Avant-propos, je disais d’ailleurs comment je ne me sentais pas à l’aise avec cela, car je ne me sentais pas à la hauteur vue ce que je vivais. Cependant après avoir reçu des confirmations, je m‘étais mise à l’œuvre. Et pendant tout le long de la rédaction, le Seigneur faisait un travail intérieur dans ma propre vie; mais cela était en même temps dur car les souffrances enfouies étaient ramenées à la surface afin que Dieu les traite à sa manière. Et j’ai compris que moi aussi j’étais une brebis blessée qui avait besoin des soins du Divin Berger. Mais ayant terminé ce premier ouvrage, je l’avais mis dans un tiroir en prenant la décision de ne pas y toucher comme si tout cela n’avait jamais existé (ce livre est d’ailleurs resté très longtemps dans ce tiroir). C’est à cette période que mon frère et ma belle-sœur sont passés à la maison. Un jour que nous priions ma belle-sœur et moi, celle-ci eut une vision: Dieu lui montra mes membres comme s’ils étaient faits dans un matériau vil, puis après qu’Il les eut touchés ils étaient devenus comme en or. Elle m’a dit que Dieu était en train de me toucher pour me transformer, qu’il allait bientôt se servir à nouveau de moi dans le Corps mais pas comme avant. Cela m’a rappelé une parole que le Seigneur m’avait donnée quelques temps avant que cette période difficile et déboussolante ne commence : il me disait régulièrement qu’il allait rectifier et réguler l’onction qu’il avait mise en moi. Je ne savais pas ce que cela voulait dire et pour tout dire, je n’en ai maintenant qu’une vague idée. Je n’en ai rien dit à ma belle-sœur. Après leur départ, je savais que quelque chose avait été amorcée mais je ne savais trop quoi. Puis dans la semaine qui a suivi, j’ai senti que je devais me préparer à être utilisée par Dieu dans l’édification pour son Corps dans mon église locale et cela ne me terrifiait plus comme avant. Mais le lendemain, je devais me raviser après qu’il se soit passé quelque chose qui a ravivé une blessure que je croyais cicatrisée: j’ai craint qu’elle ne s’ouvre à nouveau. Sitôt après, je m’étais mise à prier et c’est alors que j’ai eu une vision qui m’a profondément troublée : je voyais un berger avec un agneau dans ses bras, il passait et repassait ses mains sur les pattes de l’agneau comme pour les masser après qu’elles aient reçues un coup; puis j’ai vu le berger poser la brebis par terre au début d’un sentier en lui disant d’aller, mais elle ne bougeait pas , elle était encore effrayée à l’idée de remarcher, ne sachant pas si ses pattes étaient bien guéries et en état de supporter la marche. Puis tout à coup le Seigneur me fit comprendre que cette brebis c’était moi; il me dit que si je ne me décidais pas à marcher à nouveau, je ne saurais jamais à quel point j’avais été guérie et mes pieds affermis. Je me suis mise à pleurer longuement et c’est là que j‘ai senti le Consolateur venir me toucher comme la première fois en passant du miel sur mon cœur. Mais je ne me voyais pas pour autant recommencer à servir Dieu comme auparavant car trop de temps avait passé. Mais ce n’était pas fini car cette semaine-là, il s’était passé encore autre chose qui devait poursuivre le travail du Consolateur en moi et clore cette période. C’était le samedi, alors que mon mari et moi parlions dans la cuisine, j’ai eu de vives douleurs et j’ai tout à coup été bloquée au niveau des hanches à tel point que je ne pouvais plus marcher sans avoir une terrible douleur. Mon mari m’a transportée dans notre chambre ; ne sachant que faire, on envisageait d’appeler le médecin quand j’ai senti que Dieu me disait de prendre ma Bible et de l’ouvrir à l’endroit du récit de Jacob luttant avec l’ange de l’Eternel à Péniel. C’est ce que j’ai fait et il me semblait que Dieu me parlait au travers de cela. Il me faisait comprendre qu’au cours de cette lutte, Jacob avait été frappé à la hanche, que moi j’étais de même dans une lutte avec Lui mais que j’allais y perdre quelque chose : car Il voulait m’enlever mon ancienne identité et m’en donner une autre comme Il avait fait pour Jacob. Trouvant cela curieux j’en ai parlé sur le champ à mon époux. Je trouvais cela surprenant dans le sens où je n’ai jamais pensé devoir un jour incarner dans ma chair de cette façon, une action spirituelle de Dieu dans ma vie. Je suis restée au lit le reste de la journée car j’avais très mal dès que je bougeais. Le lendemain, j’ai pu me lever pour aller au culte en assemblée mais je boitais et c’était très douloureux au niveau de la hanche. Tout se passait comme d’habitude au début du culte c’est-à-dire que je m’apprêtais à vivre un moment tranquille sans implication personnelle particulière (comme cela aurait du se faire normalement quand on rend un culte à Dieu), lorsque l’onction du Saint-Esprit est venue m’envelopper comme je ne l’avais pas vécue depuis longtemps, de telle sorte que j’ai ouvert ma bouche pour laisser couler un cantique spirituel (un chant en langues) qui jaillissait de mon cœur, alors que je n’avais plus ouvert la bouche publiquement dans une assemblée depuis des années, quelqu’un avait reçu l’interprétation chantée. J’étais très étonnée mais les autres personnes qui ne m’entendaient plus depuis si longtemps étaient encore plus surprises que moi. Je me souviens aussi avoir été très heureuse après cela (c’était étonnant), je crois que ma joie était revenue de servir Dieu dans le Corps. Et chose surprenante, je suis repartie du culte en marchant normalement et n’ayant plus du tout de douleur à la hanche, exactement comme si cela n’avait jamais existé. Heureusement que les gens de ma maison étaient au courant de mon état avant ce culte communautaire, sinon je croirais avoir rêvé.

Quelques mois après cela, le Saint-Esprit me poussait à reprendre le livre (le premier), pour en achever la mise en page en vue de la publication. Il m’arrive de me dire que ce premier ouvrage n’aurait peut-être certainement pas été ce qu’il a été si je n’avais connu ce temps où j’avais vu la main du Consolateur à l’œuvre dans ma vie pour me relever en me faisant sortir du gouffre. C’est pour cela que Lucette parlait, dans la préface du précédent livre, d’un grain tombé en terre pour mourir et d’un véritable travail d’enfantement. Le Consolateur m’a fait connaître une nouvelle saison, mais je n’aurais jamais apprécié le printemps si je n’avais connu les affres de l’hiver.

Bref, malgré la chaleur de la cuve de souffrance, il y a une réelle bénédiction à se laisser façonner pour devenir entre les mains du Consolateur un Barnabas pour les autres en collaboration avec le Dieu de toute consolation. De cette façon, le peuple de Dieu connaîtra son héritage et aura peut être davantage les moyens d’en prendre possession. Cet héritage consiste bien sûr pour partie en des biens actuels et une vie en abondance selon ce que Jésus a promis. Mais il consiste aussi et surtout en des biens à venir tellement glorieux ! 1 Pierre 1.4: «Un héritage qui ne peut ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir, il vous est réservé dans les cieux, à vous qui, par la puissance de Dieu, êtes gardés par la foi pour le salut prêt à être révélé dans les derniers temps».


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