Les oeuvres de type Caïn, par Eliane Colard

237 lectures, par Bible le 15 mai 2010 · 0 commentaire

dans la rubrique Christianisme, Edification, Etat du monde chrétien, Exhortations et sermons, Perfectionnement des saints

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Elles génèrent religiosité (une approbation fondée sur le mérite et non résultant de la seule grâce de Dieu), orgueil ou jalousie, et elles conduisent au meurtre  d’Abel.

Il est bon de noter qu’à l’origine, Caïn n’a pas fait quelque chose de foncièrement mauvais; il a fait naturellement ce que beaucoup d’entre-nous font aujourd’hui: offrir à Dieu le fruit du travail de ses mains comme une manière de glorifier le Créateur de toutes choses.

Pourtant, du fait de sa nature, cette offrande portait la marque de l’orgueil de la «vie propre» et de ce que l’on est «capable» d’acquérir ou de produire par soi-même pour l’offrir à Dieu dans un désir de lui plaire. D’ailleurs, Caïn signifie précisément «Acquisition». Bien sûr, comme Eve, on pourrait dire en venant devant Dieu avec ce type d’œuvres: «voilà ce que j’ai acquis avec l’aide de l’Eternel»: Genèse 4/ 1. Il n’empêche que ce sont des œuvres basées sur les qualités, talents et capacités physiques et intellectuels donnés certes par Dieu à l’origine, mais que l’on fait fructifier dans le but d’en tirer le meilleur parti grâce à un effort personnel: c’est le mélange inadéquat de l’élément humain à ce qui est d’essence divine. Ce genre d’offrande mélangée génère généralement une fumée étrangère (le feu étranger) qui n’est pas d’une odeur agréable à l’Eternel.

Et pourtant, les œuvres que Dieu nous demandera d’accomplir passeront forcément par une matérialité qui sera fonction de ce que nous sommes dans notre personnalité et auront par conséquent immanquablement la marque des talents et qualités humaines dont Dieu lui-même nous aura dotés dans son immense amour et sa grande bonté. Il est nécessaire de préciser cela pour ne pas entrer dans une sorte de dépersonnalisation ou encore une conception éthérée et abstraite de l’œuvre de Dieu qui doit  trouver à s’exprimer au travers des instruments humains que nous sommes.

Pour autant, ces œuvres divines accomplies sur la terre dans notre humanité ne seront pas  systématiquement de nature «Caïnique». C’est particulièrement le cas lorsque ces talents et qualités seront amenés à l’autel pour être épurés par le feu de Dieu avant toute utilisation prétendument à la gloire du Donateur. Ne nous faisons pas d’illusions: si Dieu nous appelle vraiment à nous mettre en mouvement dans Son oeuvre à Lui, Il saura aussi, au temps prévu, nous amener en ce lieu ardent de l’autel où nous aurons l’impression de devoir perdre dans le feu tout de ce dont nous pensions être vêtus. Sans ce passage, aucune oeuvre faite au nom de Dieu ne porte la marque de la Croix qui authentifie les oeuvres nées du coeur de Dieu.

L’œuvre de nature Caïnique conduit à une compétition entre frères, basée sur une comparaison sur les capacités de chacun à donner quelque chose de valeur. C’est cela qui génère l’envie, le désir de grandeur, de puissance et de domination qui se manifeste par le besoin de supplanter l’autre dans des œuvres toujours plus grandes.

La conséquence en est inévitablement la construction d’empires reflétant ll’orgueil des bâtisseurs. Cela conduit aussi au type de jalousie qui a donné le meurtre d’Abel. Malgré tout le travail fourni par Caïn, Dieu a pourtant jeté un regard plus favorable à l’offrande d’Abel qui avait offert ce qui ne pouvait dépendre uniquement de son travail personnel, mais de la grâce seule de Dieu ainsi que de sa providence.

Nous découvrons en Hébreux 11/3, que Dieu considéra le sacrifice d’Abel plus excellent que celui de Caïn et Il le déclara juste à cause de cela. D’un point de vue strictement humain, cela peut paraître profondément injuste car Caïn avait fait de son mieux et son but en cela était d’offrir à Dieu quelque chose qui lui coûtait et dans lequel on peut supposer qu’il avait mis tout son cœur et toute son énergie. Mais il faut voir au travers de cela un symbole très fort qui préfigurait déjà le fait que la justification devant Dieu ne peut jamais venir des œuvres que l’homme peut fournir quelles qu’elles puissent être. Cela symbolise aussi le fait que ce qui plait à Dieu avant tout, est une vie entièrement dépendante de sa grâce souveraine: c’est le seul sacrifice qui lui plait comme nous l’indique Romains 12/ 1 : «Frères, puisque Dieu a ainsi manifesté sa bonté pour nous, je vous exhorte à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, réservé à Dieu et qui lui est agréable. C’est là le véritable culte que vous lui devez».

Beaucoup d’assemblées ou œuvres chrétiennes ont été conçues ou ont vu le jour suivant le principe des œuvres Caïnique. C’est-à-dire qu’à l’origine de leur naissance, il y a eu la volonté de construire quelque chose pour Dieu. Mais parfois le désir non avoué et même souvent inconscient qui a présidé à ce type d’œuvres a été celui de laisser sa «marque» dans une œuvre que l’on aurait construit «pour Dieu» où l’on retrouve l’empreinte de l’homme dans un ouvrage prétendument divin: mélange dont nous avons parlé plus haut.

Et l’on en vient ainsi à construire son propre royaume en pensant ou faisant croire que l’on contribue à celui de Dieu. C’est ainsi que fut construit Babel. Mais Dieu ne nous appelle pas à être ouvriers pour Lui, mais plutôt ouvriers avec Lui dans Son œuvre à Lui. Ce qui signifie que lorsqu’il nous appelle à une œuvre, c’est pour nous y faire entrer et jamais pour construire quelque chose où Il serait seulement invité à venir mettre son approbation.

Au sein du peuple de Dieu, il est parfois aisé de discerner les constructions de royaumes personnels faites au nom du Seigneur où les constructeurs s’approprient allègrement le fruit qu’ils professent offrir à Dieu surtout lorsque ces fruits s’avèrent être de nature sonnante et trébuchante. Et souvent ces constructeurs de royaumes finissent par convaincre d’autres que participer à ces œuvres d’une façon ou d’une autre, peut contribuer à les rapprocher de Dieu. Ceci est le concept même qui a présidé à l’existence de Babel qui se voulait être la «porte de Dieu» par la prétention de cette tour à pouvoir toucher le ciel de par sa stature et sa hauteur: Babel signifie très précisément «la porte de Dieu». Ainsi, bon nombre de constructeurs de ces royaumes personnels finissent par convaincre des brebis faibles que «leur» œuvre ou assemblée est comme une «porte» qui permet d’accéder plus facilement aux bénédictions de Dieu en leur permettant de toucher le ciel; et de fait, des foules attirées par leurs propres convoitises mordent à l’hameçon de la tour abominable.

Il existe ainsi beaucoup d’œuvres dont Dieu n’est pas l’architecte quoiqu’on veuille bien faire croire;  et cela pour la simple raison qu’Il ne les a jamais initiées. Pour contourner cela, les bâtisseurs de royaumes élaborent soigneusement toute une panoplie de signes ou clés de lecture devant indiquer aux yeux des autres l’approbation de Dieu. Ainsi en est-il de la «prospérité» ou le faste attaché à ces œuvres ou le fait même qu’elles attirent les foules (selon une proportion de plus en plus grande de croyants c’est le signe de la gloire et la grandeur de Dieu au milieu de son peuple). Mais en réalité,  ces signes symboles d’orgueil humain, portent tout sauf la marque essentielle de la Croix de Christ.

Mais nous entrons dans un temps où Dieu va appeler sur ces œuvres la même malédiction que sur la tour de Babel qui était le type d’œuvre Caïnique par excellence. C’est le temps dont il est parlé en Jérémie où l’épée de Dieu va s’attaquer à la force des hommes (Jérémie 50/ 36) qui construisent, au nom de Dieu et de sa gloire, une œuvre où ils tirent une gloire et du renom personnels. Cette épée du Seigneur va s’attaquer aux trésors de Babylone et à toutes ses richesses accumulées selon les œuvres de Caïn (acquisition) en les faisant passer pour celles de Dieu (Jérémie 50/ 37).

Extrait de « Entrer dans le repos des oeuvres divines »

à suivre : « les oeuvres de type Marthe »


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