Heureux qui communique ou le stress du communiquant

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blogdei

Heureux qui communique, dit-on. Personnellement, je m’y suis essayé. Mais je ne parviens plus à suivre.

J’ai un téléphone portable sur lequel j’ai connecté mes 2 comptes mails favoris, celui du boulot et un personnel. Il couine et vibre toute la journée et m’affiche, sans que je sache d’où il sort ce chiffre, 92 mails non lus.

Pourtant, sur mon compte personnel, celui que j’utilise le plus souvent et que j’ai renoncé à télécharger sur mon ordinateur pour le consulter en mode nomade, j’ai 7417 messages dont 4308 non lus. Là dedans, combien de véritables messages, rédigés avec amour pour moi? Je ne saurais le dire.

Pour établir un filtre, que dis-je, un rempart (oh le vilain mot pour un chrétien) j’ai créé une boîte spéciale pour le site blogdei. Même constat (en pire): «  : vous avez 10037 courrier(s) dont 8953 non lu(s) dans votre Boîte ». Quelqu’un doit mal y faire son travail car je ne constate que 315 indésirables dans le filtre antispam, et de temps en temps l’appel au secours d’une âme noyée dans un océan de Viagra™ ou de Vicodin™.

Parlons de ma boîte professionnelle maintenant. J’ai fait l’erreur d’y rattacher mon compte sur un site communautaire chrétien bien connu. Une règle de message trie impitoyablement le bon grain du bon grain. Mais dans ce grenier que j’ai poliment intitulé « Perso » s’amoncellent déjà 706 messages, tandis que 136 messages non lus m’attendraient dans ma boîte d’arrivée. Pourtant, j’ai bien vérifié et je n’ouvrirai pas certains messages dont les expéditeurs ont eu la courtoisie de tout me dire directement dans l’entête. Ai-je été un goujat plus de 100 fois de ne pas leur avoir répondu?

Pour mieux communiquer, surtout avec un enfant hospitalisé fréquemment, je me suis donc acheté à peu de frais un téléphone dont le logo semble vouloir me dire que j’ai encore cédé à une tentation, « seulement pour la famille ». En dépit d’un filtrage maximum, l’appareil (tiens, il vient encore de couiner et de faire un petit « ding ») m’informe que j’aurais « 27 SMS non lus ». Quand au répondeur vocal, j’ai la fâcheuse tendance à ne jamais l’écouter donc je ne sais pas ce qu’il contient, même si mes enfants me disent que c’est le même prix si j’écoute mes messages (je n’ai qu’un forfait bloqué pour enfant trop bavard). Alors je dis à mes interlocuteurs que s’ils m’ont, tant mieux, sinon, tant pis.

Afin de vous mieux servir, parce qu’on me disait que Facebook était un bon site de contact, je m’y suis créé un compte. J’étais assez réticent sur les réseaux sociaux, ayant déjà essayé celui du site chrétien le plus visité de l’univers où il semblerait que j’ai 70 amis et chaque jour de nouvelles petites amies, surtout des africaines très avenantes à qui je disais souvent oui au début. Aujourd’hui, je rougis de honte quand ma femme voit mon compte, alors j’ai fait un peu de ménage en luttant contre la culpabilité et en espérant que personne de la LICRA ne regarde par-dessus mon épaule et ne me surprenne en flagrant délit de racisme anti-noires.

Vous ai-je parlé de Facebook? Pas encore assez me semble-t-il… A la demande de plusieurs, je me suis donc inscris sur le réseau social par excellence où mes amis sont nombreux. Un petit clic et je vois qu’ils sont actuellement 26 à être connectés en même temps que moi. Un autre clic et je lance un message rapide: « Fais tes devoirs ! » Un coup d’oeil sur cette autre de mes « boîtes aux lettres » et je me dis que même si j’aime le Congo, que je veux alerter les progressistes qui flirtent avec l’Islam, je ne pourrai pas ici non plus endiguer cette nouvelle marée de mails qui m’indique que j’ai 330 messages « non lus ». Tiens, Julie de Chicago me demande des nouvelles. Un « poke » à une soeur iranienne qui semble émue aux larmes, « un abrazzo » à une lointaine cousine argentine qui m’informe que son livre de contes va bientôt paraître et je m’éclipse vite avant que ma fille aînée ne me demande si j’ai fait les miens, de devoirs.

De guerre lasse et dans la ferme intention de me débarrasser des 706 intrus de ma boîte pro, je retourne sur l’interface de gestion de mon compte sur le réseau chrétien déjà cité, pour le supplier de cesser ce flot de mails d’amis dont je n’ai pas le temps de lire la prose. S’ils savaient cela, m’appelleraient-ils encore leur « ami »? Par bonheur vient de pousser sur cette interface un bouton « lier mon compte à mon profil Facebook ». Une nouvelle recette miracle? Les vases communicants finiront-ils par déborder de l’un sur l’autre et tout s’annulera, demain matin au réveil, comme un mauvais rêve, comme en 1995, quand tout commença entre le Net et moi, époque bénie où les mails étaient rares et les spams des objets de collection?

Heureux qui communique ou heureux qui communie? La Bible dit que « celui qui a beaucoup d’amis les a pour son malheur ». Je refuse de me croire atteint du mal incurable de l’indifférence et de l’endurcissement. Prendre du temps avec chacun de mes enfants chaque jour? Je le fais ! Passer du temps de qualité avec mon épouse? Je le fais aussi ! Prier tous les matins 30 minutes avec mes collègues? Nous y persévérons ! Alors ne soyez pas fâchés si mes e-mails semblent mettre du temps à arriver: je suis juste un peu débordé, mais vous aurez tout de même droit, chacun, à une réponse personnelle.

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