Conférence de réconciliation Belgique-Congo: Kinshasa 19-21 juin

par nicolas le 16 juin 2008 · 2 commentaires

dans la rubrique Repentance et réconciliation historique

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Pray4Belgium/Awake Ministries

Nous aimerions vous mettre au courant d’évènements importants et par la même occasion vous demander de prier pour cela. Vous avez peut-être déjà entendu dire que le mouvement de prière s’est trouvé impliqué dans un processus de réconciliation entre pays Européens et Africains concernant les injustices commises durant la période de la colonisation. Les 19-21 juin nous serons à nouveau à Kinshasa avec une délégation, et ensuite encore deux jours à Lubumbashi.

Un bref rappel des préliminaires: ce processus a été initié par des responsables de prière Européens en 1999, Dieu leur ayant clairement montré que ce péché historique non confessé empêchait le développement aussi bien de l’Afrique que celui de l’Europe. Après quelques années de préparation, en novembre 2005, une grande réunion de réconciliation s’est tenue à Berlin. Seize personnes de la Belgique étaient présentes. En juin 2006 nous, deux Belges, sommes allés à Kinshasa afin de faire la même confession.

Pendant l’été 2006 il y a eu un prolongement à Harare (Zimbabwe), avec environ 3000 personnes, dont certains leaders politiques et religieux. En juillet 2007 il y a eu une troisième conférence avec 5000 personnes à Libreville (Gabon), organisée par les plus hauts responsables religieux du pays ensemble. Le président du Gabon y fit lire une lettre contenant son pardon, et cela aux yeux de ministres, politiciens et de la presse nationale! La prochaine (et peut-être dernière) étape se déroulera à Kinshasa les 19-21 juin 2008.

Cette fois la délégation Belge comprend quatre personnes: Willy De Vylder (Haecht) et Ignace Demaerel (Schaarbeek), Albert Leclercq (Uccle) et Nestor Kamuanga (Bruxelles). Nous sommes porteurs d’une lettre de confession signée par les Alliances Evangéliques de Flandre et de Wallonie. Nous avons contacté différents politiciens, des responsables de l’église catholique et de la maison royale, afin qu’ils participent et en tout cas de les mettre au courant. De plus au mois d’octobre 2008 il y aura exactement 100 ans que le roi Léopold II vendit le Congo (jusque là sa possession en « privé ») à l’Etat Belge, sous une forte pression (au vu de la situation intenable et atroce). Et en 2010 le Congo fêtera ses 50 ans d’indépendance. Une année cruciale donc, le moment idéal pour redresser spirituellement les manquements du passé. Une bonne chose pour rendre les relations entre les deux pays à nouveau plus saines, à présent qu’elles sont fortement mises sous pression au niveau politique.

Nous aimerions donc votre prière:
- pour protection et santé en chemin
- pour de bons contacts, des portes ouvertes, beaucoup de franchise et de sagesse
- que cela ait un impact profond dans le cœur de la population Congolaise
- que cela amène la paix et la tranquillité au Congo et parmi ses responsables politiques
- que ce message soit également entendu et imprègne le gouvernement Belge et la maison royale, de sorte qu’ils puissent prendre leur responsabilité

La Belgique et le Congo, ou les chaînes d’un passé mal digéré

Au moment de mon écrire un nouveau bagarre diplomatique entre la Belgique et son ancienne colonie, le Congo, semble paralyser les relations déjà pénibles. Dans un langage peu dissimulant notre ministre des Affaires Etrangères Karel De Gucht vient de condamner la corruption et l’injustice au Congo avec l’argument qu’en tant que donor d’un soutien financier belge considérable nous aurions le droit, voire l’obligation morale de mettre le doigt sur de tels inconvénients. De sa part le président Kabila à répondu de manière fort piquée en retirant son ambassadeur et son consul de notre pays, et en clôturant les consulats belges au Congo de l’Est, avec l’argument que son pays est constitué d’un état souverain et mature contre lequel personne ne doit s’approprier le droit de s’entremêler dans les affaires intérieures, et surtout pas son ancien colonisateur. Et aussi le conflit ne jette-t-il de l’huile sur nos relations communautaire belges déjà surchauffées, quand des politiciens francophones reprochent au ministre De Gucht de « l’unilatéralisme, paternalisme et arrogance »? Tandis que la critique de l’ancien ministre des affaires étrangères Louis Michel contre la diplomatie à pas d’éléphant de De Gucht s’accrédite chez les journalistes wallons, la presse flamande semble donner carrément raison à notre ministre, car « quel être humain raisonnable pourrait critiquer les remarques de Karel De Gucht à propos du Congo et ses dirigeants corrompus? » (De Standaard, 24-5, Peter Vandermeersch). Sur un niveau un peu moins élevé dans les journaux belges pendant l´été passé: « poursuite judiciaire contre Tintin en Afrique » accusé de « racisme » par un étudiant congolais dans notre pays à cause des stéréotypes sur les Congolais. Nos journaux flamandes publiaient une marée de lettres de protestation et d’indignation de la part de ses lecteurs. Se pourrait-il que la grande majorité de nos concitoyens belges, ainsi que nos représentants politiques souffrent d’une même ignorance historique à propos du passé colonisateur, bien que justifiées ses objections morales et culturelles actuelles semblent? Les réactions de notre ministre et des admirateurs de Tintin ne sont-elles pas révélatrices d’un univers d’incompréhension, de méfiance et des cicatrices mal traités, résultats d’un passé de souffrance et de douleur inouï et très peu connu? Est-ce que nous belges savons vraiment ce qui a eu lieu au Congo durant la règne du Léopold II sur ce vaste territoire entre 1885 et 1908? Est-il possible que notre ignorance vis-à-vis des crimes contre l’humanité de nos ancêtres colonisateurs pèse non seulement sur les relations actuels entre ces deux pays, mais aussi sur l’état spirituel de notre pays? Est-ce que Dieu ne nous impute-Il cette culpabilité de façon collective, aussi longtemps que nous ne nous sommes pas repentis et que nous n’avons pas fait confession de péché devant le peuple congolais? Mais, dit-on, n’avons-nous pas opéré aussi beaucoup de bonnes œuvres de charité au Congo, notre souverain n’a-t-il pas surtout recherché le bien-être des noires tout en abolissant l’esclavage et en permettant des missions catholiques d’entrer le pays, et n’y avait-il pas non plus certaines mauvaises situations dans d’ autres colonies de cette époque-là? Et le roi Léopold II n’a-t-il pas rendu notre petit pays en joueur signifiant sur le plan international? Cette opinion reflétant l’opinion belge générale a été promulgué par nos historiens officiels et nos écoles durant presqu’une siècle, et paraît toujours inspirer nos dirigeants politiques d’aujourd’hui. Peu à peu des historiens des dernières décades distancent de cette historiographie ‘officielle’ qui louait les bienfaiteur d’Afrique belge, ce qui était Léopold II pour des générations des belges. Des études récentes (celle de Frans Buelens, ‘Congo, 1885-1908, une histoire financière-économique’, EPO, 2007 et celle de Guy Vanthemsche, ‘Congo, l’impact d’une colonie sur la Belgique’, Lannoo, 2007) affirment largement les publications relativement inconnues des chercheurs belges des mi-années ‘80 comme A.M. Delathuy (pseudonyme Jules Marchal), de Daniel Vangroeneweghe , ‘du sang sur les lianes, Léopold et son Congo, Bruxelles, 1986) et Jean Stengers (ULB) et Jan Vansina (le Congo du roi Léopold, 1885-1908, dans ‘the Cambridge History of Africa’, Vol.6) et qui formaient la base d’une œuvre de l’historien américain connu, Adam Hochschild, ‘l’esprit du roi Léopold II et le pillage du Congo’ (1998, King Leopold’s ghost.A Story of Greed, Terror and Heroism in Colonial Africa), et qui a connu beaucoup de réimpressions dans de différents pays et langues. En avril 2004 un reportage du BBC sur l’état Léopoldien scandalisait notre ancien ministre des AE même avant qu’il fût émis sur le RTBf et Canvas. Louis Michel parlait d’un reportage « partial, sans aucunes nuances et négationniste ». Cela n’empêchait pas le grand public de prendre conscience des crimes et des atrocités commis dans l’Etat Libre de Congo pour la première fois de leur vie. Trois ans après, ni les publications des historiens ni le documentaire du BBC n’avaient « réussi à bannir les clichés dans l’esprit du grand public » vis-à-vis du Congo Léopoldien, selon l’étude récente de Vanthemsche (2007, p.263) Ainsi notre ministre actuel des AE préfère donner des cours de morale à un chef d’Etat, justifiés qu’ils paraissent, mais sans donner preuve d’une modestie provenant d’une prise de conscience des fardeaux historiques. Et nous, chrétiens évangéliques, quelle est notre perception de cette histoire? Est-ce que tout ce qui a été commis au nom de notre ancien souverain (et de son aveu) par nos compatriotes belges nous perce le cœur de tristesse, de l’indignation et de d’un soif de justice? A-t-on jamais versé des larmes de compassion et de remords dans l’Eglise, qui dans le sillage des pilleurs a été envoyé pour justifier l’injustifiable par des œuvres de « charité » en baptisant et en fondant des orphelinats pour des enfants capturés, mais qui restait muette devant les meurtres des centaines des milliers de noirs, des torturés de « chicotte », des travaux forcés inhumains et qui même a élevé comme le patron de sa mission le premier responsable de cette apocalypse, Léopold II. Ce sont des paroles sévères, mêmes très durs. Mais sont-elles trop durs? Convainquez vous-même en lisant les livres cités, ou les extraits que j’espère vous envoyer plus tard.

Dans ce document présent je voudrais attirer votre attention à cette culpabilité historique énorme que notre pays a hérité de son monarque en 1908, quand la Belgique a pris le pouvoir dans ce vaste territoire en Afrique centrale. Je crois que nos églises protestantes-évangéliques ont un rôle sacerdotal important à jouer dans le processus de prise de conscience, de confession, de réconciliation et d’intercession. Sans confession des péchés du passé, les prières d’intercession pour notre pays sont impuissantes. Est-il possible que le réveil tant désiré soit empêché par ce manque de conviction de péché et cela à cause du manque de connaissance de notre histoire? Ne faut-il pas condamner en paroles claires et fermes l’injustice infâme commise au nom de notre souverain et de son aveu par ses complices pour s’amasser des richesses sur le dos des centaines des milliers des victimes.(Selon certains calculs il s’agit de 3 à 10 millions de congolais. J.Vansina estime 10 millions, G.Vanthemsche entre quelques centaines de milles à quelques millions). Victimes des expéditions punitives de la Force Publique, des tortures les plus cruelles (e.a. la chicotte) d’épuisement physique et mentale par les travaux forcés, les transports létales, l’économie locale ruinée par le déplacement des ouvriers, suivi par la faim et des maladies décimant la population déjà tant affligée.(Nombr.34:33, Deut.19:10-13, 15-21, Ps.94, 1 Rois 2:5-6, 1 Rois 21)

Il est notre intention de lancer un processus de conscientisation de ces pages noirs de notre histoire dans nos églises dès le 18 octobre 2008, date marquant le centième anniversaire de la transmission de l’Etat Libre de Congo et du Domaine de la Couronne par Léopold II au gouvernement belge. Cette prise de conscience, de ravissement, suivi d’une humiliation et d’une repentance sincère s’achèvera avant D.V. le 30 juin 2010, le cinquantième anniversaire de l’indépendance Congolaise. Une confession publique écrite et orale au nom de nos églises à l’adresse de nos frères et sœurs congolais en Belgique ainsi qu’au peuple congolais, ses églises et ses autorités. Nous pensons à une conférence de réconciliation franco-flamande avec nos frères et sœurs congolais, représentants de leurs églises, suivi d’un protocole de presse envoyé à nos journaux, à la cour royale, au gouvernement fédéral et à l’ambassadeur congolais. Nous cherchons des chrétiens (belges et congolais) qui désirent coopérer avec nous dans ce travail de réconciliation.

Après l’été 2008 nous espérons vous informer par des extraits de cette histoire et des nouvelles de notre projet.

Merci de votre attention, en Christ, notre Sauveur et Roi,

Philip Quarles van Ufford (membre du comité Pray4belgium)


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1 Marie Claire 25 février 2010 à 11 h 46 min

Bonjour,
Je suis chrétienne congolaise, née de nouveau, ai l’assurance de la vie éternelle en Jésus-Christ qui est mon tout.
Pour moi, cette lettre ne fait que remuer la plaie de la cruauté (encore existante) du colon envers sa colonie. Ce qui s’est passé pendant la colonisation se passe encore de nos jours sous une autre forme : les pillages du pays continuent, les massacres de la population… ce qui importe pour l’Etat Belge c’est la richesse du pays et non le peuple !!!
La lettre parle du pardon et de la réconciliation, peut-on réconcilier un humain (le Belge) avec un macaque (considération du congolais par le belge encore aujourd’hui) ? (Je ne suis pas raciste, j’ai des amis belges)
Nicolas, vous parlez souvent des « agents doubles » sur ce site, à mon avis, les initiateurs de cette action les sont. Qu’ils aient s’enrichir comme leurs pères (les anciens missionnaires) tranquillement, chacun rendra compte de ses actes devant Dieu!

2 Christian 16 juin 2008 à 17 h 49 min

Je ne sais mais.. Je pense que ce pardon ne servira à rien car aujourd’hui les anciens colonisateurs pratiquent aujourd’hui ce qu’on appelle le néocolonialisme. L’histoire ne fait que se répéter. Est ce que les pays africains sont il vraiment souverain?????

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