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La Foi de Nos Pères/voxdei
NDLR: Quel contraste saisissant avec les maigrichonnes expériences spirituelles prêchées et vécues de nos jours, où le summum de la spiritualité hédoniste consiste à chanter des chansons ou à faire tomber des paillettes dorées. Crions à Dieu qu’Il envoie des serviteurs remplis de cet Esprit qui libère et qui ne laisse pas esclave du péché – et du péché secret – toute la vie ! Merci à Jean-Michel Ravé (Regards.eu.org) pour les 2 derniers chapitres, que je n’avais pas numérisés à l’époque.
Vie de William Bramwell (1759-1818) – extraits – Dépot des Publications Méthodistes
- Sanctification
- La plénitude de Dieu
- Mon âme est tout amour
- Je suis moins que rien
- Le vrai repos
- Conseils aux prédicateurs
- Le Saint-Esprit dirige tout
- Toutes choses ne sont rien comparées à Dieu
- La grâce suffit dans la maladie
- Prêt pour la gloire éternelle
- Jusqu’à toute la plénitude de Dieu
- Départ pour le ciel
Sanctification
L’immense avantage qui découle pour nous d’une entière sanctification, est pour moi plus que jamais évident. Une entière sanctification garde l’âme en repos à travers tous les orages de la vie; elle rend pleinement satisfait de la place où Dieu nous met, quelle qu’elle soit; elle approuve pleinement les ordres de Dieu; celui qui la possède est complètement délivré de lui-même, préoccupé de la gloire de Dieu et possédé d’un ardent désir de faire le bonheur d’autrui.
Quand nous sommes entièrement sanctifiés, le monde pour nous n’est plus, nous vivons en haut, « nous demeurons en Dieu et Dieu demeure en nous; » nous pouvons parler quand nous voulons et nous taire de même.
Une pareille victoire, un pareil salut, est pour nous chose acquise. Et nous ne sommes rien, nous le sentons. Nous ne pouvons rien sans Dieu, c’est pourquoi nous Lui rendons gloire pour toute bonne pensée et toute bonne action.
Demeurez toujours dans l’amour de Dieu. J’ai connu bien des personnes qui ont reçu cet amour et qui l’ont perdu. Mais nous pouvons le garder, rester debout; car Dieu est capable de nous garder à jamais. Vivez dans cet amour, parler, prêchez en lui.
Si nous faisons cela, l’enfer, le monde et beaucoup de gens qui font profession d’être chrétiens chercheront à empêcher nos succès. Mais prions sans jamais nous arrêter, sans nous laisser émouvoir et sans reculer d’une ligne…
La plénitude de Dieu
(Eph.3;19)
La plénitude de Dieu est tout d’abord l’ensemble des grâces que Dieu a promises pour l’accomplissement de notre plein salut ici- bas, de notre entière préparation à la gloire éternelle. Etre rempli de toute la plénitude de Dieu, c’est avoir le coeur vidé et purifié de tout péché et de toute souillure; et rempli d’humilité, de douceur, de patience, de bonté, de sainteté, de justice, de miséricorde, de vérité, d’amour pour Dieu et pour les hommes.
La possession de toutes ces vertus dans leur plénitude implique, évidemment, l’enlèvement complet de tout ce qui n’est pas de Dieu et ne conduit pas à Lui; car ce que Dieu remplit, ni le péché, ni Satan ne peuvent le remplir, ni l’occuper à aucun dégré.
Quand un vase est rempli d’un liquide, pas une goutte d’un autre liquide ne peut y entrer sans en déplacer une quantité équivalente. Et l’on ne peut dire que Dieu remplisse notre âme quand une partie quelconque de notre être est remplie, plus ou moins occupée par le péché ou par Satan. Ni le péché, ni Satan ne peuvent être à aucun degré où Dieu remplit le tout. L’exaucement de la prière de Paul comporte donc que Satan soit entièrement expulsé de notre être et n’ait plus aucune prise sur nous.
La plénitude de l’humilité exclut tout orgueil; la plénitude de la douceur exclut toute colère; la plénitude de la patience exclut toute impatience; la plénitude de l’amabilité exclut toute dureté, toute brusquerie, toute rudesse, toute méchanceté; la plénitude de la charité exclut toute aigreur, toute amertume, toute irritation, toute mauvaise humeur; la plénitude de la justice exclut toute injustice; la plénitude de la sainteté exclut tout péché; la plénitude de la miséricorde exclut tout ressentiment, toute vengeance; la plénitude de la vérité exclut toute dissimulation, toute fausseté.
Chez celui qui aime Dieu de tout son coeur, de toute son âme, de toute sa pensée et de toute sa force, il n’y a plus aucune place pour l’inimitié à l’égard de Dieu, ou à l’égard de ce qui est de Lui, aucune place pour l’avarice, l’amour du monde et les choses qui sont au monde. Celui qui aime son prochain comme lui-même, ne lui fera jamais aucun mal; au contraire, il lui fera tout le bien qu’il pourra.
Etre rempli de toute la plénitude de Dieu produira donc une obéissance à Dieu constante, remplie de joie, d’amour et d’adoration, ainsi qu’une bonté inaltérable envers le prochain, quel qu’il soit. Celui qui est rempli de toute la plénitude de Dieu est sauvé de tout péché, la loi est accomplie en lui; il possède l’amour divin; iln’agit que par cet amour, amour pour Dieu et pour l’homme, amour qui est l’accomplissement de la loi. »
Mon âme est tout amour
A la Conférence de 1801, Bramwell fut désigné pour le Circuit de Leeds. Il y commença son ministère le 6 septembre, avec son zèle ordinaire, et Dieu fut tellement avec lui, ainsi qu’avec ses collègues, qu’en deux ans, cinq cents membres furent ajoutés à la Société wesleyenne. Sa correspondance pendant ce temps fut moins étendue que précédemment, mais elle montre, toujours grandissant, la même foi, le même renoncement, le même amour pour les âmes.
Le Révérend Blackett, Conducteur de deux des classes de Leeds, dit qu’à cette époque il semblait que tous les habitants de la ville allaient être convertis; les pécheurs étaient tellement troublés, qu’on voyait les hommes les plus dépravés, les persécuteurs les plus violents, témoigner de la repentance et se mettre à prier. « Je visitai chacune des maisons de la High street dit le Révérend Blackett, je parlai à chacun du salut de son âme, et il se trouva qu’un grand nombre de personnes dont je n’attendais pas grand chose, avaient la conscience réveillée et cherchaient Dieu en secret. Beaucoup de gens désiraient venir aux réunions de classe, mais ne l’osaient pas, parce qu’ils n’étaient pas invités. Ils furent remplis de joie quand je leur dis que je venais chercher les brebis perdues et que je les invitais à venir recevoir instruction dans les réunions des enfants de Dieu. «
Bramwell écrit de Leeds, à la date du 16 décembre 1801, au Révérend Drake :
» J’ai besoin d’avoir de vos nouvelles, vous pesez beaucoup sur mon cœur et je prie beaucoup pour vous.
» Vous avez une grande croix à porter, mais vous pouvez la recevoir avec joie de la main du Seigneur; c’est ainsi qu’elle produira une gloire infiniment excellente. Ce n’est que par la prière et la foi que vous serez rendu capable de surmonter la douleur, mais la chose est possible…
O mon frère, le temps est court, il faut que nous le mettions à profit… Je me suis de nouveau consacré à Dieu pour être à Lui en sacrifice continuel et qu’il soit mon tout en toutes choses. Je vis avec Lui et j’attends chaque jour son appel. » Mon ami monte plus haut, » dira-t-il bientôt.
» Je n’ai pas toujours recueilli tout le fruit que j’aurais pu recueillir des croix que Dieu m’a envoyées j’en suis honteux, confondu, et je me prosterne devant le Seigneur dans la plus profonde humiliation.
» Ma femme est véritablement consacrée au Seigneur et notre petit John est une joie pour nous. Beaucoup d’âmes ici et dans d’autres localités du circuit se tournent vers le Seigneur. Cependant l’ennemi me tente souvent; il voudrait me faire abandonner tout mon travail. Lisez, veillez, priez; en toutes choses, soyez comme l’apôtre Paul. «
Le 30 novembre 1802, Bramwell écrivait de Leeds, à son ami Taft, une lettre qui a trait à la crise dont nous venons de parler; nous en extrayons quelques lignes.
« Je suis toujours témoin de grandes choses à Leeds; beaucoup d’âmes sont sauvées dans la ville, —pas autant dans la campagne. Nous avons eu dans une des rues de la ville une œuvre comme j’en ai rarement vu : beaucoup de ceux qui étaient les pires sont devenus les meilleurs.
» Je n’ai pas le secours dont j’ai besoin, et je me dis parfois : » Malheur à moi! car je suis assiégé par toutes les puissances de l’enfer. » Vous seriez bien surpris si vous saviez quelles machinations j’ai découvertes; on voulait empêcher notre victoire sur le Prince des ténèbres, cependant la main de Celui qui déjoue les manœuvres de l’ennemi se fait sentir. Mais l’œuvre n’a pas pris l’extension que je désirais; j’en pleure et j’attends la délivrance.
» Jamais je n’ai autant vécu avec Dieu qu’à présent. Je puis dire que ma vie est une prière semblable souvent à une agonie. J’attends constamment l’appel de Dieu qui me fera monter plus haut; cependant je pense parfois que pour moi la plus grande œuvre est encore à faire. Oh! que Dieu me garde prêt pour la vie comme pour la mort! »
A la Conférence de Manchester en 1803, Bramwell fut nommé prédicateur itinérant du Circuit de Wetherby. Il avait alors quarante-quatre ans. Pendant huit ans, il avait travaillé dans des districts populeux, oh les sociétés étaient importantes, les congrégations nombreuses et l’œuvre étendue, souvent glorieuse; il se trouvait maintenant au milieu d’une population rurale relativement peu nombreuse, et son action paraissait fort restreinte. Mais c’est parfois dans l’ombre que le serviteur de Dieu se développe le mieux. Il devait en être ainsi, pendant un an, pour Bramwell dont la vie était une prière continuelle. Il écrit de Wetherby à un ami intime:
» Le temps est maintenant venu pour moi d’être façonné comme il convient pour occuper la place dans la gloire où Dieu va m’appeler. Je combats chaque jour de toute mon âme; et jamais je n’ai joui d’une plus grande puissance et d’un plus grand amour. Je vois des âmes arriver au salut à peu près chaque soir. Mais dans quel état de mort est ce circuit! chaque jour je suis dans l’agonie pour obtenir le réveil de quelques âmes. »
» Mon âme est toute amour! gloire à mon Sauveur! » dit-il dans une autre lettre datée de Wetherby.
A son ami Drake, il écrit:
» Nous sommes tous bien et beaucoup d’âmes sont sauvées. Le circuit de Wetherby est confortable, mais petit; notre action y est fort limitée. On me sollicite vivement de me rendre dans un circuit plus important et je devrai probablement me rendre à cet appel.
» Mon cher frère, ma vie est une prière continuelle. Je vous assure que je suis comme dans le ciel. Le ciel, c’est le Seigneur. «
« Nous avons eu dimanche passé une grande réunion dans une grange d’une vingtaine de mètres de longueur. Il y vint des personnes de presque toutes les communes du Yorkshire. Je n’ai, je crois, jamais vu un plus grand nombre d’âmes être remplies du Saint-Esprit; il y eut, en outre, beaucoup de pécheurs qui reçurent le pardon de leurs péchés. »
Je suis moins que rien
La Conférence de 1804 jugea comme beaucoup des amis de Bramwell; elle pensa qu’il devait être placé dans un circuit plus important, aussi l’appela-t-elle à celui de Huil, ainsi que Walter Griffith et Samuel Taylor qui étaient comme lui, des hommes « remplis de foi et du Saint-Esprit. «
Bramwell travailla deux ans avec grand succès dans ce nouveau circuit et vit de quatre à cinq cents nouveaux membres s’ajouter à la Société wesleyenne. Aucune croix n’était pour lui trop lourde, aucune privation trop rude, aucun service trop pénible, quand il s’agissait de sauver des âmes.
En octobre 1804, il écrit de Huil :
» J’ai eu trois semaines d’agonie, mais maintenant je vois le Seigneur à l’œuvre. Depuis quelque temps je ne prêche plus sans voir quelque fruit de mon travail. Le Seigneur sauve des âmes. Oh! que rien ne vienne y faire obstacle. Priez, priez beaucoup pour moi! Que le Seigneur vous bénisse! «
» Trois semaines d’agonie, » aussi ne nous étonnerons-nous pas que ses armes aient été » puissantes » pour renverser les forteresses de l’ennemi « . Cette même puissance, il la désirait ardemment pour ses frères. Nous lisons dans une lettre qu’il écrit le 29 novembre 1804
« Mon cher frère Cranswick,
» Je pense chaque jour à vous et à votre famille. J’ai besoin souvent de savoir comment vous êtes tous. Satan usera de mille moyens pour refroidir notre amour; il fera tout ce qu’il pourra pour donner à toutes choses le plus triste aspect; puis il nous dira que nous ferions aussi bien d’abandonner notre œuvre… Mais, bien que nous ne puissions sauver tout le monde, ni peut-être beaucoup de personnes, il n’en est pas moins vrai qu’une seule âme a la plus grande importance. Les églises, quoique petites, ont une valeur infinie. Rappelez-vous comment vous avez été sauvé, aussi ne négligez jamais la moindre prière. C’est en priant continuellement que nous conservons la grâce : j’en suis plus convaincu que jamais. Oh! abandonnez tout à Dieu, qu’il ait tout! Votre chère femme et vos précieux enfants sont à lui; remettez-les entre ses mains chaque matin, faites cet acte à genoux. Dieu vous répondra; il aplanira votre chemin et vous verrez sa gloire.
« Je sais, cependant, que ce n’est que par un combat continuel que nous pouvons rester debout au milieu de l’incrédulité générale. Faites toute l’œuvre que vous avez à faire dans votre maison, avec le moins de paroles possible. Soyez toujours bon avec tous, même avec les ingrats. Vous en retirerez les plus grandes bénédictions. Vivez pour Dieu, en toutes choses; soyez entièrement abandonné entre ses mains. Je désire vous voir bientôt. Que chacun de nous porte ses frères à Dieu, et ne brisons jamais les liens célestes qui nous unissent ! «
Le 30 mai 1805, Bramwell écrit de Huil à M. John Angrave :
« Mon cher père dans le Seigneur Jésus,
» J’ai été tout réjoui en recevant des nouvelles de vous et de votre famille. J’ai confiance que vous marchez toujours dans le même chemin et que vous avez toujours les mêmes sentiments. J’ai été souvent édifié en méditant ces paroles de saint Jacques qui nous parlent du » Père des lumières chez qui il n’y a ni changement ni ombre de variation. » Quelle révélation! Quelle certitude de recevoir le plein salut !.. .Prenez donc et efforcez-vous de prendre le tout. La prière continuelle sera le moyen; heurtez, heurtez souvent et fort, allez avec assurance; ne dites pas, j’y suis allé ce matin, ce soir; allez à Dieu continuellement…
» Je suis moins que rien, et cependant je sens en moi un grand accroissement de l’amour et de la puissance de Dieu. Je vous retrouverai bientôt là où il n’y aura plus de séparation. Que le Seigneur dirige toutes choses pour sa gloire! etc. «
Le 30 juin il écrit: « Marcher, voir, parler, souffrir dans le Seigneur, c’est le ciel sur la terre. Dans la gloire, il n’y aura pas la plus petite chose qui ne soit en Dieu… «
Les progrès de Bramwell dans l’amour, la lumière et la puissance de Dieu sont encore affirmés dans la lettre suivante adressée à William Burrows, un de ses amis intimes qu’il s’efforçait d’encourager:
Hull, 27 novembre 1805
« Que la grâce vous soit multipliée ainsi qu’à toute votre famille. J’ai pensé à vous presque chaque jour…
« Oh! la patience de Dieu! Combien il est opposé à notre destruction! et prêt à pardonner, à bénir, à nous purifier de tout péché! Bien plus, à nous purifier de toute notre vieille nature! Il n’est jamais fatigué d’encourager ses enfants et de les remplir de son Esprit. Je suis émerveillé de son amour…
» Combien l’incrédulité déshonore son nom! Hésiter, ne fût-ce qu’un instant, dans la confiance en Lui, quel outrage envers sa personne! Je suis de plus en plus choqué à la pensée de l’incrédulité. Le péché, la mondanité, les ténèbres, la mort, en voilà l’effet immédiat; tandis que la vie, la lumière, la sainteté, le ciel, sont les fruits de la foi.
» J’ai confiance que vous persévérez dans vos efforts, que vous courez, que vous combattez, que vous croyez, que vous êtes un homme faible qui a été rendu puissant, un pauvre rendu riche, un malheureux qui a été mis en état de se réjouir éternellement…
» Ne faiblissez jamais, quand même d’autres autour de vous cèdent. Rester debout, même seul, c’est la plus grande gloire.
» Je bénis Dieu, je fais des progrès dans la grâce, je vis dans l’union avec Jésus, je suis plus près que jamais du trône. Satan me poursuit toujours davantage, il veut détruire les fruits de notre travail; mais je le combats journellement et j’ai l’espoir de le vaincre. Je vois le Seigneur faire son œuvre;
il opère plus puissamment qu’au commencement mais l’œuvre n’est pas encore générale. Des âmes sont sauvées; mais combien il me tarde de voir davantage ! Quand je prêche, je suis plus que jamais rempli de la Puissance d’En Haut! Priez, priez, priez pour moi! «
Le 30 mai 1805, Bramwell écrit:
» Le Seigneur est avec nous, il émonde, il taille, il plante. Quelques âmes sont sauvées dans nos réunions.
Un mois après, il dit encore
« Dieu opère dans notre circuit, Dans une localité quarante personnes se sont jointes à notre société; plusieurs étaient des catholiques romains; dans le nombre se trouve un beau jeune homme qui était clerc d’un prêtre, ce qui a fort irrité les gens de son Église. n
Le 16 décembre 1806, il écrit:
» Je suis plus que jamais uni à Dieu. Je vois des âmes arriver au salut, mais l’œuvre n’est pas générale. »
Le 6 janvier 1806, il peut enfin écrire
» Le salut, la flamme de l’amour brille maintenant de toutes parts à Huil. Je connais que nous ne pouvons pas jeûner et prier en vain. «
Bramwell n’en dit pas davantage; mais de tout œ que l’on pouvait souhaiter de connaître, c’est là le point capital. Un réveil général des âmes vint donc couronner ses efforts pendant le dernier semestre de son activité dans le Circuit de Huil.
Plusieurs exaucements à ses prières et à celles de ses amis furent notés pendant les deux ans qu’il passa dans ce circuit.
A la suite d’une chute, M. Brayshaw, de Huil, se trouva dans un état désespéré. La gangrène l’envahissait, et l’on n’attendait que sa mort. Il prit en conséquence, congé des siens et leur donna ce qu’il croyait être sa dernière bénédiction. A ce moment, Bramwell et son collègue Griffiths vinrent le voir, et Mme Brayshaw leur recommanda de prier dans la réunion de chrétiens où ils se rendaient. Ils le firent; et pendant qu’ils le faisaient une effusion extraordinaire du Saint-Esprit était accordée à l’assemblée. M. Brayshaw entra aussitôt en voie de guérison et fut bientôt entièrement rétabli. Pour sa famille et ses amis, la réponse aux prières fut évidente.
Le vrai repos
En 1806, Bramwell fut nommé prédicateur de l’important Circuit de Sunderland. Il y fut reçu avec une affection toute particulière. « Nous avons une trop belle maison, écrit-il peu après son arrivée à Sunderland, et les amis ici sont trop bons pour nous; j’ai beaucoup à veiller, à prier et à jeûner, de peur que les bonnes choses ne causent notre ruine. »
Les doctrines pernicieuses d’un certain M. Cooke et ses pamphlets qui avaient été fort répandus, avaient profondément divisé les sociétés du circuit et avaient fait un mal considérable. Bramwell pensa que la meilleure manière de combattre le mal, était d’annoncer pleinement la vérité sans parler de l’erreur. Il ne fit donc aucune controverse et prêcha d’emblée et hardiment un » plein et entier salut » offert présentement et gratuitement à tous. Il n’avait d’autre objet en vue que de sauver les âmes, sauver les chrétiens de l’esprit de dispute qui s’était emparé d’eux. Aussi s’efforça-il de répandre partout l’esprit de prière, ce à quoi il réussit.
Dès le commencement de ses travaux dans ce nouveau circuit, il écrit à un de ses collègues :
« Je suis à présent adonné à la prière. L’esprit et les doctrines de Cooke ont aveuglé le peuple; ce circuit donne cependant de grandes espérances.
« Les foules viennent entendre la prédication de l’Évangile et les yeux commencent à s’ouvrir. Dans l’agape que nous avons eue dimanche passé, Dieu nous a accordé une abondante effusion de son Esprit; c’était une vraie averse: dix personnes sont arrivées à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. »
Un réveil général ne tarda pas à se manifester. « L’œuvre devient de plus en plus profonde dans tout le circuit; quand j’y suis arrivé, on ne connaissait rien de la sanctification entière; et, à ce sujet, j’ai encore lieu de gémir; mais j’ai formé un groupe de chrétiens choisis et j’espère que tous recevront la bénédiction. Priez pour moi que je puisse faire toute la volonté de Dieu. Je pense que ma femme a une plus puissante foi que moi : toutes ses classes sont embrasées du feu de l’amour divin. «
Au bout d’une année, cinq cents nouveaux membres, dans le Circuit de Sunderland, étaient entrés dans la société.
» La paille, le foin et le chaume de Cooke ont été maintenant balayés, écrit Bramwell.
« Quarante soldats ont été convertis, et un bon nombre ont abandonné leurs habitudes mondaines pour entrer dans les classes. »
Cette œuvre excellente se continua et, dans tout le circuit, un grand nombre d’âmes furent ajoutées aux églises.
Dans une lettre adressée par Bramwell au Rév. Dunn, le 7 février 1807, nous lisons :
» Environ deux cents personnes se sont jointes à nous pendant ce dernier trimestre, et parmi elles soixante soldats, lions qui ont été changés en agneaux.
« J’admire l’œuvre de Dieu parmi ces hommes. Nous en avons maintenant soixante et dix dans nos classes; et ces gens ont prouvé qu’ils étaient tout à fait changés. Le réveil commence en plusieurs localités. A Durham nous avons jeté les fondements d’une nouvelle chapelle.
« Satan m’assaille avec une violence extraordinaire; et cependant je grandis dans la grâce de Dieu. Mon cher frère, remettez toutes choses entre les mains du Seigneur et votre chemin sera aplani, votre âme sera vivifiée et vos travaux seront couronnés de succès. Le temps est court, tout ici-bas menace ruine; mais Dieu est et sera avec nous.
« Priez pour moi. J’ai confiance que j’aurai toujours raison de vous aimer en Jésus. »
Bramwell recherchait si ardemment le salut des pêcheurs, qu’il arrêtait souvent les personnes dans les rues pour leur parler du salut de leur âme. La gloire de Dieu était sa préoccupation constante.
Passant la nuit avec un de ses collègues chez un excellent frère, Bramwell apprend que la famille de son hôte est dans une grande anxiété. Le propriétaire veut qu’elle évacue la maison et il n’y a pas moyen d’en trouver une autre convenable. Bramwell et son collègue prient jusqu’à l’aube. Le lendemain toute difficulté est aplanie, et l’hôte reconnaît que « la prière fervente du juste a une grande efficacité. »
A peu près à la même époque notre ami écrit à William Burrows :
« Je suis affligé de ce que mon amour n’est pas plus puissant et de ce que je ne suis pas plus semblable à notre Sauveur… je me jette à ses pieds avec honte.
« Comment se fait-il qu’une seule âme ayant un si grand prix, que Dieu étant si grand et l’éternité si proche, nous n’en soyons pas davantage émus? Peut-être pourrez-vous répondre à cette question.
« La vérité, sa profondeur, la grandeur des promesses de Dieu, ce sont des choses qui me submergent entièrement; je suis perdu dans l’admiration et la louange. Mon âme pénètre en Jésus-Christ. Sa parole me saisit plus fortement que jamais. Oh! combien je puis lire, pleurer, aimer, souffrir! Oh! oui, que ne pourrais-je souffrir, quand je vois le Seigneur comme je le vois maintenant! Être justifié est une grande chose; être purifié est une grande chose; mais qu’est-ce que la justification et la purification comparées à la grâce d’être ainsi incorporé à Sa personne?
Le monde et tout son bruit a entièrement disparu et l’âme porte la pleine empreinte de l’image de Dieu… »
» O mon cher frère, priez, priez, persévérez dans la prière, plaidez avec Dieu, pleurez et gémissez dans la prière et la supplication. Vous connaissez le chemin; le Seigneur vous a montré son grand salut; vous ne pouvez pas rester en repos comme les autres et être heureux; non! vous devez tout obtenir, rien moins que toute la bénédiction ne peut mettre votre esprit en repos. Ne vous relâchez en rien!… »
Si l’âme sanctifiée n’a plus à » lutter contre la chair et le sang, » elle n’en est pas moins assaillie par » les dominations, les autorités, les princes de ce monde de ténèbres, les esprits méchants qui sont dans les airs. » (Eph. VI, 12.)
L’ennemi sera même d’autant plus terrible au dehors, qu’il aura perdu toute position au dedans.
C’est ce qu’éprouvait Bramwell, les fragments de lettres suivants en donnent mainte preuve.
» Ces derniers temps mes regards ont pénétré plus profondément dans l’Evangile. Nos corps sont » les temples du Saint-Esprit « : je suis convaincu que, quant à notre corps particulièrement, notre gloire est peu de chose en comparaison de œ qu’elle pourrait être. Il est nécessaire au plus haut point d’être pur quant à l’homme extérieur. Il faut pour cela être dans la prière continuelle, les yeux toujours fixés sur Jésus-Christ…
« Quant à rechercher la gloire qui vient des hommes, le monde, ou quant à se rechercher soi-même, cela est devenu si choquant pour moi, que je m’étonne que nous ne tombions pas tous morts quand si peu que ce soit d’un pareil péché vient à se produire parmi nous.
« Quand je fais de la peine au Seigneur, j’en ai immédiatement conscience, l’Esprit me le dit… Mon âme est sujette à la paresse; et je dois prendre de la peine, je vous assure, pour que tous mes devoirs soient faits aussi vite que possible.
» Je suis aussi fort corporellement que je l’ai jamais été, mais ma vue baisse rapidement : c’est un coup retentissant frappé à ma porte. «
« La guerre pour moi se prolonge, je suis entouré des puissances des ténèbres. Mes tentations à me relâcher, à mettre moins d’ardeur et de travail dans la prédication et la prière, sont plus grandes que jamais. Les invitations que je reçois de beaucoup d’amis fortunés sont plus nombreuses ici, à Sunderland, que dans toutes les localités que j’ai habitées précédemment, et ces invitations tendent à produire ce relâchement. Mais je reste dans le Seigneur, je demeure ferme en Lui. Je suis gardé par la puissance de Dieu; de cela, j’ai pleine certitude. Je grandis et je deviens plus petit; je suis plus honteux de moi-même, plus dépendant de mon Père céleste que jamais. Ma communion avec Lui est devenue plus étroite, plus constante; et mon amour pour Lui, plus puissant. Quant à ma prédication, je suis peiné au plus haut point : elle est tellement au-dessous de son sujet, la rédemption, le plein salut! Je tremble autant que jamais en présence de mes auditeurs. »
Dans une lettre datée de 1807, Bramwell montre la grandeur des bénédictions dont il jouit et il exprime l’ardent désir que ses frères aient part aux mêmes grâces :
» J’espère que vous conserverez toute votre foi et toute votre patience. Plus nous nous approchons de Dieu, plus nous devenons conscients du moindre péché et de la moindre tentation. Ce qui pour moi est le meilleur, c’est de demeurer continuellement dans le Seigneur. Sentir que tout lui est abandonné, qu’on dépend de lui pour toutes choses, qu’on est un avec lui, et ne jamais être distrait de sa présence, c’est le ciel continuellement sur la terre.
» Être constamment prêt pour la gloire: tel est, en effet, notre privilège. Oh! quel grand salut!
Tout ce qui est mauvais a été enlevé, toute grâce est obtenue, l’enfer est vaincu et Christ est sans cesse glorifié! «
Le 20 mars de la même année, il écrit encore de Sunderland:
» Mon cher frère,
« Il y a quelques temps que je pense à vous écrire, car je n’oublie pas mes amis; au contraire, je me sens toujours plus uni à eux et parfois je désire beaucoup les voir, afin que nous puissions, eux et moi lutter ensemble les uns pour les autres dans la prière et recevoir du Seigneur une grande puissance pour accomplir notre œuvre. Encore un peu de temps et la bataille sera gagnée. Nous devons vaincre pleinement par le sang de l’Agneau. La vieille nature doit être détruite. Le Seigneur qui a créé le monde d’un mot, peut d’un mot nous sauver; et l’incrédulité seule peut empêcher notre plein salut.
» Oh! combien la vie est douce, calme et sereine quand toute guerre contre le péché et le mal intérieur est terminée!
» Priez! oh! priez! mon frère. Ne vous dessaisissez jamais, jamais, de la pleine bénédiction que vous avez reçue. Je suis étonné que nous ne prions pas davantage et même que nous ne vivions pas à chaque instant comme sur le bord du royaume éternel…
J’espère que vous passerez au travers des choses périssables les yeux fixés sur celles qui sont d’En-Haut.
« Quand nous sommes purifiés du péché, il semble que nous ne faisons que commencer à vivre; se reposer alors sur Dieu, n’être jamais distrait par les choses de la terre, croître de toute façon en » Celui qui est la tête » ne jamais voir ni sentir que Lui, faisant tout en Lui et pour Lui, c’est le ciel commencé sur la terre… «
Conseils aux prédicateurs
Bramwell avait à Sunderland plusieurs jeunes prédicateurs sous ses soins, l’un d’entre eux demeurait même sous son toit; et leur état spirituel était pour lui un grand sujet de préoccupation.
Le 6 décembre 1806, il écrit à l’un de ceux qui venaient de le quitter pour entrer dans le ministère:
» Certainement Dieu est prêt à faire toutes choses nouvelles dans votre circuit; il sera avec quiconque a un œil simple et ne cherche qu’à sauver les âmes. Que vous vous trouviez si incapable, si honteux devant Dieu, ce n’est pas une preuve que vous ne soyez pas appelé au ministère.
» A seize ans nous croyons savoir quelque chose, à vingt ans nous croyons savoir beaucoup; mais si nous croissons dans la connaissance, nous arrivons à savoir que nous ne sommes rien… dites–moi tout l’état de votre âme dès que vous le jugerez bon. Levez-vous de bonne heure. Ne restez jamais tard au lit à moins d’y être obligé. Priez lisez, priez! »
A un second de ces jeunes gens il écrit:
» Mon cher frère, levez-vous de bonne heure, lisez, écrivez, remettez tout entre les mains du Seigneur; il aplanira alors votre sentier, votre âme prospèrera et votre travail aura du succès.
« Le temps est court… Priez pour moi. J’ai confiance que j’aurai toutes les raisons possibles pour vous aimer en Jésus-Christ… «
A un troisième, il écrit une longue lettre dont nous extrayons les lignes suivantes qui auront une grande importance pour quiconque cherche avant tout la sanctification
» Vous avez bien commencé, vous avez continué, vous êtes dans la faveur de Dieu; maintenant, mon cher frère, devenez semblable à Dieu; oh! soyez l’image de votre Seigneur! Soyez pur de cœur, jamais orgueilleux, jamais colère, jamais de mauvaise humeur, jamais irrité. Que tout en vous soit du ciel, de Dieu qui est votre tout. J’ai confiance que vous n’aurez pas de repos que vous n’ayez reçu cette grâce; et que dans peu de jours, quand je vous verrai, vous pourrez me dire: » Je me suis donné tout entier à Dieu, je lui ai tout abandonné, j’ai lutté avec lui, comme Jacob, lui disant que je ne le laisserais point aller qu’il ne m’eût béni, et il a purifié mon âme. Je le sens, tout mal a été enlevé de mon cœur. Je vis dans l’amour, tout en moi est amour, amour uniquement. n Dieu peut faire cela, il le fera pour vous. Le temps est court, votre œuvre est grande; ne craignez rien, soyez saint et vivez dans la plus étroite union avec votre Créateur et Sauveur. «
En décembre 1807, Bramwell écrit de nouveau au même jeune prédicateur :
« Les prédicateurs de notre circuit prospèrent et sont bien unis; nous nous réunissons chaque samedi et nous sommes pleinement bénis. Cependant la prédication de la sanctification et la possession de cette sanctification sont beaucoup en déclin parmi nous. Comment y remédier? Je ne sais. Cela finira mal, si cette gloire ne peut être rétablie. Je gémis et je me lamente. O Seigneur! montre ton bras et sauve-nous ! Un bon nombre de personnes dans ce circuit, ont obtenu la bénédiction dernièrement (la délivrance de toute tendance au péché), un nombre beaucoup plus grand en a faim et soif; mais la recevoir par la foi seule, voilà la difficulté. Il nous est presque impossible de persuader ces personnes que Dieu veut leur accorder cette grâce maintenant.
» J’espère, mon cher frère, que ce plein salut vous tient à cœur.
» J’espère que vous utilisez votre temps, particulièrement le matin. Oh! combien Satan va vous tenter pour vous faire rester au lit pendant ces froides matinées! tandis que vous devriez être engagé dans la prière, dans votre cabinet, chaque matin, dès cinq heures, ou même plus tôt.
« En ayant l’habitude de telles prières matinales, quelles merveilles vous obtiendrez de Dieu pour votre âme et pour ceux qui vous entourent! Oh! levez-vous de bonne heure, mon cher frère.
Vous quitterez bientôt cette terre; » notre salut est maintenant plus proche que lorsque nous avons cru. » Rappelez-vous de la Fléchère qui, lion qu’il était, fut changé en agneau. Que Dieu soit avec vous!
» Oh! soyez une merveille dans votre circuit, une merveille dans la prédication, une merveille de zèle pour le salut des âmes. Soyez un puissant homme de Dieu! Je prie pour vous, je demande à Dieu que votre cœur, vos paroles, vos actions lui soient agréables et qu’il puisse vous dire au dernier jour: » Cela va bien, bon et fidèle serviteur. «
Les lignes suivantes sont adressées au Révérend A. F., jeune homme que Bramwell avait recommandé comme prédicateur, et aux progrès duquel il s’intéressait vivement.
« 7 décembre 1807
» Mon cher Abraham,
« …Pour bien utiliser votre temps, vous verrez qu’il est nécessaire, votre œuvre terminée, de vous coucher aussi tôt que possible et de vous lever de bonne heure. Vous aurez à endurer le froid; ayez votre briquet et votre amadou prés de vous… Mais ayez grand soin d’entretenir le feu intérieur : » c’est l’onction, disait M. de la Fléchère, qui fait le prédicateur. n Ayez toujours le cœur pur, soyez sauvé de tout péché et témoignez de cette œuvre de Dieu toutes les fois que vous en aurez une occasion convenable. Ne soyez jamais trop long dans ce que vous dites, ou dans vos visites, même dans la société la mieux disposée. Vous trouverez facilement le moyen de terminer vos discours et vos visites, et par là vous conserverez votre dignité. Ne dites jamais de mal d’une autre localité ou d’une autre société que celle où vous êtes. Ne dites jamais de mal de personne. Vous éviterez ainsi beaucoup de maux.
» Quand vous prêchez, ne commencez pas sur un ton trop élevé; vous pouvez avoir autant de force en parlant plus bas…
« Soyez un homme de Dieu, un prédicateur utile, amenant beaucoup d’âmes à la gloire; étudiez-vous à cela et vous y arriverez. Que votre but soit toujours le salut du monde. Écrivez tous vos semions avant de les prêcher, mais n’écrivez pas trop et ne soyez pas trop attaché à votre plan. Ne soyez jamais dur, fatigant ou ennuyeux.
« Cependant ne soyez pas trop court… Faites en sorte que vos auditeurs reçoivent beaucoup en peu de mots.
» Que vos discours soient modestes et graves, pleins de douceur et de simplicité… «
Dans une lettre de Bramwell adressée à Mme Pawson, « sa chère mère selon l’Évangile », et datée de Sunderland, janvier 1808, nous lisons:
» Je dois vous le dire, » ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. » J’ai travaillé plusieurs mois à ce que rien ne vînt jamais me distraire de Dieu, pas même un instant; et le Seigneur m’a donné d’y parvenir. Je fais maintenant la pleine expérience de cette parole : » Il demeure en Dieu et Dieu demeure en lui .
» En effet, je vis en Dieu. Oh! quelle vue de toutes choses j’ai maintenant! la création, la rédemption, le plein salut, l’état du monde, — avec quelle clarté je les vois! Je suis attristé, mais c’est en Dieu, je me réjouis, mais c’est en Dieu; je parle, mais je constate que c’est en Dieu; j’ai beaucoup de tentations, mais je suis inébranlable en Dieu.
Oh! combien il me tarde que l’Église connaisse ce grand salut! Et cependant je puis m’accommoder aux faibles mieux que jamais. Je suis confus devant le Seigneur; je ne puis rien sans lui; je m’étonne qu’il puisse m’aimer…
» Chère Mme Pawson, que devons-nous faire pour persuader l’Église de la possibilité d’une telle union avec Dieu? Etre purifié de tout péché est une grande chose, il est vrai; mais avoir la gloire demeurant en soi et qu’elle y soit pleinement efficace : voilà le salut.
Le Seigneur veille, attendant le moment où il pourra accomplir ses promesses. Comme un bon père, et bien davantage, il désire que ses enfants aient la totalité des choses qu’il leur a promises. J’espère que vous progressez. Ne craignez rien; il vous a sauvée, il vous protège et il le fera jusqu’à la fin. »
Bramwell avait une grande crainte que la simplicité et la puissance spirituelle qui distinguaient la première génération des prédicateurs wesleyens ne fissent place à un esprit mondain et sectaire. Il craignait particulièrement que la doctrine de l’entière sanctification ne fût de plus en plus abandonnée. Aussi employait-il toute son influence pour que la Société wesleyenne s’assurât des candidats au ministère pleins de foi et du Saint-Esprit. Ces préoccupations se montrent dans toutes ses lettres.
Dans les premiers jours de 1808, il écrit à un jeune prédicateur
» Vous devez user de tous les moyens pour croître en intelligence, en zèle, en compassion pour autrui; vous devez être ému jusqu’aux larmes à la vue de ce monde qui se perd.
« Plaidez avec Dieu de toute votre âme pour obtenir le plein salut. Je sais que vous pouvez l’avoir, ne souffrez pas que rien l’empêche. Vous savez que » toutes choses sont prêtes n présentement. Que tout votre être soit amour; soyez perdu en Dieu, et demeurez ainsi. Quand vous prêchez, que chaque mot et chaque regard témoignent de la plus grande affection pour vos auditeurs et que tout en vous montre que vous avez le plus ardent désir qu’ils soient sauvés. Faites preuve du plus profond respect pour eux et gardez-vous de tout ce qui serait dur. Dites les choses les plus fortes, mais que votre épée soit douce ; tous alors vous aimeront, même ceux qui ne délaisseront pas leur péché, et vous conserverez votre influence.
Jésus portait les agneaux sur son sein.
» Il faut donc que vous acquerriez le pouvoir de vous » faire tout à tous, » et que vous soyez toujours attentif à être le serviteur de tous pour l’amour de Jésus-Christ.
» Que votre exemple soit celui de la sainteté. Soyez beaucoup avec Dieu et votre physionomie resplendira. Que chacun voie en vous la nouvelle création. Je ne désire pas seulement que vous soyez un chrétien, je désire que vous receviez » toute la plénitude de Dieu. «
Bramwell écrit au Révérend Pilter, un de ses collègues :
» Mon cher frère,
» … Notre œuvre, comme ministres de l’Évangile, est d’une telle importance que souvent je suis tout tremblant avant de monter en chaire; et je m’étonne que j’aie jamais pu m’engager dans une telle œuvre. Cependant quand ma prédication est commencée, je suis fréquemment pénétré de la présence divine à un tel point que pour rien au monde je ne voudrais cesser l’œuvre. Oh! combien notre Dieu Sauveur est miséricordieux! Il fortifie nos mains; il nous sauve!
» En avant! mon cher frère : prêchez et priez, arrachez et plantez. Faites tout en Dieu et il sera avec vous, il opérera parmi vos auditeurs.
» O mon frère, vivez dans l’entière sanctification, purifié de tout péché; vivez dans l’amour, dans la plénitude de Dieu. Soyez un ouvrier; faites toute la volonté de Dieu dans l’Église, puis allez partout dans le circuit à la recherche des âmes. Qu’une seule chose vous satisfasse : les amener à Dieu! c’est ainsi que vous vous sauverez vous-même et que vous sauverez ceux qui vous écouteront.
» Ici, tout va bien par la bonté de Dieu. Un grand nombre d’âmes se tournent vers le Sauveur, pas autant cependant qu’il y a une année.
» Oh! être prêt, être prêt! c’est pour cela que je travaille, que je lutte. Je vis et je grandis en Dieu; il est tout pour moi, en toutes choses. 0h! cette union avec Dieu! c’est le ciel. Jamais je ne me suis vu si petit; mais je suis gardé par sa toute puissance. Seigneur aide-moi et aide tous les tiens à chanter tes louanges à jamais «
La lettre suivante est adressée à un jeune prédicateur qui faisait alors ses débuts.
» J’apprends que vous êtes tout à fait satisfait de votre œuvre, je parle de celle de prédicateur itinérant, une œuvre qui, même jusqu’à maintenant, me fait trembler devant Dieu. Je suis toujours persuadé que seule la toute-puissance qui a ressuscité Jésus des morts peut nous soutenir dans l’accomplissement d’une telle œuvre.
» Ce serait facile de l’accomplir comme une affaire de ce monde, comme une pure forme, de manière à ne pas s’en faire plus de souci que des choses ordinaires de la vie. Mais faut-il que le Seigneur nous ait adressé un appel céleste, qu’il nous ait revêtu de l’Esprit de zèle et de puissance et qu’il nous ait envoyé sauver les pécheurs de la perdition éternelle, pour qu’après tout cela nous perdions l’esprit de notre vocation? Quel compte alors pourrions-nous lui rendre? Comment pourrions-nous nous présenter devant son tribunal sans être couverts de honte? Il n’y a que le bon emploi de notre temps, de nos talents et de toutes nos ressources qui pourra nous excuser en ce moment-là.
» Réfléchissez à tout cela, mon cher frère, et examinez-vous vous-même avec le plus grand soin. Vous adonnez-vous à la lecture et à la prière ? Vous donnez-vous vous-même à ce ministère?
Quand vous êtes en société faites-vous tourner toutes choses au profit des âmes? Êtes-vous un homme de Dieu en esprit, en paroles, et en actions? L’Esprit de Dieu vous rend-il clairement témoignage que vous êtes entièrement sanctifié? Et rendez-vous témoignage de cette œuvre?
» Je désire que vous soyez un prédicateur accompli; et, dans ce but, ne serait-ce pas bien à vous de lire les Écritures sans commentaires, et d’en découvrir la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, en les approfondissant, en priant et en recevant la lumière de Dieu? Quiconque dépend d’un commentaire sera très superficiel et ne parlera jamais avec l’assurance nécessaire. Vous pourrez parfois lire un commentaire, pour voir quelle différence il peut y avoir entre l’auteur et vous, mais faites-le après votre travail, jamais avant.
» Écrivez chaque jour quelque chose ; ayez un cahier spécial pour cela et ne perdez jamais une idée que Dieu, dans sa bonté, vous aurait donnée. En prêchant, ne soyez jamais ennuyeux; le monde n’a jamais supporté cela, et ne le supportera jamais.
« Que votre exorde soit une courte introduction au sermon, qu’elle prépare vos auditeurs à ce que vous avez à leur dire. Que votre sermon soit clair et fort, atteignant le cœur de chacun. » Sauve-toi et sauve ceux qui t’écoutent! «
» Si vous n’avez pas d’autre but que d’amener des âmes à Dieu, cet esprit pourvoira à peu près à tout. Luttez pour qu’à chaque sermon des âmes soient gagnées. Dieu sera alors avec vous et vous bénira; il vous donnera le désir de votre cœur. Soyez propre et convenable dans vos vêtements et dans toute votre personne; mais jamais de raideur, ni d’élégance! Soyez en harmonie avec le Seigneur Jésus, qu’il soit toujours devant vos yeux.
» Ne soyez jamais cérémonieux; soyez poli et bon, jamais sombre, jamais léger. O mon frère, vivez pour l’éternité. Le Seigneur est tout proche; soyez à chaque instant prêt pour la gloire, et toujours aussi prêt à quitter la terre que vous l’êtes le soir à vous livrer au repos. Priez, priez, priez, et ne cessez jamais ! «
Dans une lettre écrite à un autre jeune prédicateur, nous lisons :
» Ayez fort à cœur le salut des âmes : avec cela, tout ira bien; vous lirez, vous étudierez, vous mettrez le temps à profit, vous prêcherez et travaillerez de toute façon. Si le salut des âmes vous est infiniment cher, vous vous lèverez de bonne heure et vous ferez chaque jour tout le travail que vous pourrez. Oh! l’importance du salut! ne fut-ce que d’une seule âme! Je m’étonne que nous ne soyons pas mille fois plus vivants dans notre service pour Dieu. Paul dit qu’il sert le Seigneur avec une entière humilité, avec beaucoup de larmes, enseignant publiquement et de maison en maison. » Faites de cela votre devoir de chaque instant et abandonnez votre avenir à Dieu; c’est ainsi que vous serez toujours heureux car Dieu pourvoira à tout.
» Ce grand salut est fort négligé parmi nous; prêchez-le dans chaque occasion favorable; soyez-en un témoin, et rendez-en témoignage toutes les fois que vous le pouvez. Vous trouverez des contradicteurs, mais n’y faites aucune attention, ne discutez pas, mais allez de l’avant avec patience.
Aimez vos ennemis; faites du bien à ceux qui vous haïssent; ne soyez jamais paresseux en faisant le bien et vous moissonnerez en conséquence. »
Au Rév. J. Everett pour lequel il avait la plus haute estime, Bramwell écrit:
« Je vous porte sur mon cœur et je ne puis penser à vous sans amour et gratitude. Comme vous, je suis convaincu que seul le plein salut, l’entière sanctification, peut nous rendre heureux, nous qui avons reçu tant de lumières. Comment échapperons-nous si nous le négligeons? Ne tomberions-nous pas tôt ou tard? Les Juifs pouvaient atteindre à un certain degré de gloire sans avoir cette entière sanctification; mais nous qui avons été élevés jusqu’au ciel ?… J’espère que vous avez le témoignage clair et net de l’Esprit de Dieu comme quoi vous êtes purifié de tout péché par le sang de Jésus et que vous êtes prêt pour la gloire. Ne perdez jamais rien de votre zèle; vous pouvez le garder tout entier sans cependant faire ce travail extraordinaire qui, je le sais, est souvent au-dessus de vos forces. «
La lettre suivante montre bien les vigoureux efforts que doit faire toute âme qui veut croître dans la grâce, vaincre le monde et le péché.
« . ..La lutte contre le péché extérieur est rude, la lutte contre les restes de la vieille nature l’est davantage; mais quand l’âme reçoit le sang qui purifie de tout péché, quand Dieu habite dans le cœur, et règne seul sur lui. — c’est alors que nous connaissons le grand salut que nous a conquis Jésus-Christ. Tout en nous est calme et paisible; l’eau, le feu, les hommes, les démons, rien ne peut nous troubler; et nous sommes prêts pour toute bonne œuvre; nous pouvons prier, prêcher et tout remettre entre les mains de Dieu.
« Quelques-uns disent: » C’est bon »; d’autres: « C’est mauvais; » mais nous ne cessons de donner gloire à Dieu et de continuer notre œuvre. Heureuse œuvre, heureuses gens, heureuse fin!
» J’espère que vous n’avez pas décliné, que vous n’avez rien abandonné de votre foi ou de votre union avec Dieu. Nous endormirons-nous quand tant d’âmes s’en vont vers l’enfer? Pouvez-vous voir les pécheurs descendre plus bas? ne sont-ils pas déjà assez bas? Par la grâce de Dieu, il nous faut au moins retirer quelques tisons du feu. Si vous sauvez une âme par mois, songez à la couronne de gloire que cela vous fera! Et quand vous ne seriez pas encouragé à poursuivre votre œuvre, que la pensée de la place qui vous attend auprès de Dieu vous incite à glorifier le Seigneur, soit par votre vie, soit par votre mort.
» Je crois que vous n’avez pas encore reçu toute la promesse. Quand nous entrons dans le pays, tout est si délicieux, que nous contemplons les fleurs et les campagnes, au lieu de nous hâter vers la gloire. Être tout en Dieu et Dieu en vous, voilà votre gloire. Ne vous arrêtez pas parce que d’autres s’arrêtent. Ayez de bonnes paroles pour tous, mais ne vous attardez avec personne. Tout ce que vous ferez pour Dieu sur la terre sera un pas vers le ciel. Les affaires elles-mêmes vous souriront si elle sont faites pour Dieu; vous verrez Dieu en toutes choses; vous ne pouvez, du reste, rien faire sans lui.
» Vivez, mon cher frère, avec Abraham dans la foi; avec Elie dans la prière; avec Daniel dans le courage; avec Jean dans l’amour; avec Paul dans la commisération à l’égard du monde qui se perd (rappelez-vous ces larmes versées nuit et jour).
» Les discussions sont en général stériles; évitez les, si possible, même sur les sujets les plus édifiants.
Soyez toujours bon et affectionné envers ceux qui pensent autrement que vous, bénissez ceux qui vous maudissent. Que le Seigneur soit avec vous! «
Les lignes suivantes sont tirées d’une lettre à un jeune prédicateur, écrite peu de temps après les précédentes:
» L’immense avantage qui découle pour nous d’une entière sanctification, est pour moi plus que jamais évident. Une entière sanctification garde l’âme en repos à travers tous les orages de la vie; elle rend pleinement satisfait de la place où Dieu nous met, quelle qu’elle soit; elle approuve pleinement les ordres de Dieu; celui qui la possède est complètement délivré de lui-même, préoccupé de la gloire de Dieu et possédé d’un ardent désir de faire le bonheur d’autrui. Quand nous sommes entièrement sanctifiés, le monde pour nous n’est plus, nous vivons en haut, » nous demeurons en Dieu et Dieu demeure en nous; » nous pouvons parler quand nous voulons et nous taire de même.
Une pareille victoire, un pareil salut est pour nous chose acquise. Et nous ne sommes rien, nous le sentons. Nous ne pouvons rien sans Dieu, c’est pourquoi nous lui rendons gloire pour toute bonne pensée et pour toute bonne action.
» Demeurez toujours dans l’amour de Dieu. J’ai connu bien des personnes qui ont reçu cet amour et qui l’ont perdu. Mais nous pouvons le garder, rester debout; car Dieu est capable de nous garder à jamais. Vivez dans cet amour, parlez, prêchez en lui. Si nous faisons cela, l’enfer, le monde et beaucoup de gens qui font profession d’être chrétiens chercheront à empêcher nos succès. Mais prions sans jamais nous arrêter, sans nous laisser émouvoir et sans reculer d’une ligne…
« S’il y a quelque chose d’extravagant dans votre manière de faire, soyez toujours prêt à le reconnaître; mais prenez garde que, sans vous en apercevoir, vous ne soyez tiré hors de la vie pour tomber dans la grande masse de ceux qui sont morts.
Je voudrais parfois travailler jour et nuit pour avoir de bons sermons; et je pense que vous en pouvez dire autant. Mais faites bien attention que le but de vos lectures et de vos études soit de sauver des âmes, n’ayez que ce but en vue. Il n’y a que trop de prédicateurs qui travaillent pour être populaires.
On m’a dit qu’à la Conférence, un homme prêcha pendant une heure pour montrer aux membres de la Conférence qu’il savait quelque chose. Quel misérable travail! Quel compte rendront-ils à Dieu ceux qui agissent ainsi? Un homme se rend dans un circuit avec cette pensée: « Je leur ferai voir que je suis quelque chose!!! n Mon cher frère, le salut des âmes, et, si possible, une âme amenée à Dieu à chacune de nos journées de travail, voilà quelque chose de grand. «
Le Rév. A. Bell qui avait été amené à Dieu par Bramwell, alors qu’il demeurait à Sunderland, a laissé quelques pages dont nous extrayons ce qui suit
» J’ai fait connaissance de M. Bramwell en 1807, La piété et les succès extraordinaires de cet homme de Dieu étaient cause qu’on parlait beaucoup de lui, aussi me décidai-je à aller l’entendre. Ce fut pour moi une heure mémorable. Il avait pris pour texte Esaïe LXII, Sa gravité, sa manière sentie de lire les cantiques, la puissance de son esprit de prière
et d’intercession, puis sa prédication passionnée, énergique, non seulement rivèrent mon attention au sujet qu’il traitait, mais firent sur moi une telle impression que je fus à l’instant décidé : je me donnai à Dieu et à son peuple. J’obtins le salut et je me joignis à la Société. Depuis œ moment j’eus très souvent l’occasion de profiter de ce ministère si puissant pour réveiller et vivifier les âmes, et qui pour moi n’avait pas d’égal. Je ne perdais pas une occasion d’entendre M. Bramwell et chaque fois j’en étais encouragé et fortifié.
» Il venait souvent, l’après-midi, dans de petits villages où il prêchait dans les cottages des pauvres, ce qui contribuait à amener du monde aux prédications du soir. Ses visites, tout inspirées par l’amour des âmes, contribuaient aussi à augmenter les auditoires qui étaient extraordinairement nombreux.
» Après la prédication du soir, M. Bramwell réunissait la Société autour de lui, ou s’en allait chez quelques frères pour prier avec eux. Il prêchait en outre très souvent à cinq heures du matin.
« Partout où il allait, Dieu était avec lui; les auditeurs étaient grandement édifiés et l’on regardait ses visites comme un » temps de rafraîchissement de la part du Seigneur. «
» Dans les réunions de la Société nous avions l’avantage de recevoir ses conseils, affectueux et instructifs au plus haut point. Sa grande expérience des choses de Dieu, sa connaissance des pièges de Satan et de la seule manière de les éviter, rendaient ses allocutions infiniment précieuses à toutes les classes de personnes composant la société. Les chrétiens les plus avancés, comme les nouveaux convertis, étaient suspendus à ses lèvres, pleins de joie et d’admiration pour les enseignements qu’ils recevaient. Avec la simplicité, l’affection et le saint zèle qui lui étaient habituels, il s’efforçait de convaincre chacun de la nécessité d’une piété vécue et pratique.
» M. Bramwell faisait preuve d’une grande sagesse dans l’emploi de la discipline; il n’était en cela ni rigide, ni dur; il n’y avait rien en lui qui ressemblât à de la brusquerie. En fidèle surveillant de l’Église de Dieu, il usait de la discipline, » selon le pouvoir que Dieu lui avait donné pour édifier et non pour détruire. > Il prit souvent les règles de la société pour texte de ses discours dans les réunions de société; et il eut toujours fort à cœur de répandre la connaissance de ces règles. Après s’être adonné quelque temps à cette œuvre, il exclut de la société plusieurs personnes qui n’avaient pas une conduite en harmonie avec ses principes. Plusieurs des conducteurs de classe exprimèrent la crainte qu’en voulant arracher l’ivraie, il n’arrachât le bon grain, mais il accomplit jusqu’au bout son devoir et en laissa les conséquences à Dieu.
Une des premières personnes exclues ainsi était une femme qui le fut pour avoir épousé un incrédule. Quand son mari apprit le fait, il prit la résolution d’aller entendre M. Bramwell. Il le fit et fut aussitôt profondément convaincu de péché; il chercha le Seigneur de tout son cœur et obtint l’assurance de son pardon, de sorte que dès la première visite que fit M. Bramwell dans la localité qu’il habitait, le serviteur de Dieu eut la joie d’admettre le mari et de réadmettre la femme dans la société.
» J’étais présent, un soir, à la prédication que fit M. Bramwell dans une localité qui avait passé en proverbe pour l’état de mort spirituelle dans lequel elle se trouvait; mais l’Esprit de Dieu réveilla les auditeurs de sorte que vingt-cinq d’entre eux se présentèrent ce soir-là même comme candidats à l’admission dans la société, ce qui produisit un effet merveilleux sur les anciens membres qui furent contraints de chanter:
» Que les arbres des forêts poussent des cris de joie, Jésus ramène à Dieu les pêcheurs. «
» Tandis que l’œuvre de Dieu s’étendait, elle s’approfondissait chez un grand nombre de conducteurs de classes et de prédicateurs laïques qui furent conduits à chercher la sanctification et la puissance du Saint-Esprit. Beaucoup de ceux dont l’amour s’était refroidi, » se repentirent et firent leurs premières œuvres. «
Plusieurs jeunes gens, après avoir obtenu la purification du cœur, s’en allèrent de village en village et de maison en maison appeler les pêcheurs à la repentance; ils les invitaient aussi à venir entendre les prédications et à prendre part aux réunions de prières qu’ils avaient établies. Ils eurent ainsi de grands succès. Ils rencontrèrent beaucoup d’opposition, mais plusieurs de leurs adversaires les plus violents furent amenés à Dieu par leur fidélité.
» Ma dernière entrevue avec M. Bramwell, dit encore M. Bell, eut lieu en 1816. Une grande assemblée de chrétiens s’était réunie pour l’entendre. Dans le chant et dans la prière toute son âme se répandait en une ardente aspiration vers l’immortalité glorieuse. Dans son allocution sur les privilèges du croyant, je me sentis humilié jusque dans la poussière devant Dieu; j’étais honteux de ma nullité à côté de cet homme de Dieu qui évidemment vivait sur le seuil même du sanctuaire éternel. Cependant je fus contraint de m’écrier: « Seigneur Jésus, il fait bon ici. »
» Après la réunion, M. Bramwell me pressa de passer la nuit avec lui et j’acceptai. Pendant notre conversation, il m’apprit que douze des jeunes gens qui avaient été convertis lors du réveil de Sunderland étaient maintenant prédicateurs de l’Évangile.
» Le lendemain matin, entre quatre et cinq heures, j’entendis dans le cabinet d’étude M. Bramwell qui se livrait à la prière selon son habitude. Peu après il vint m’inviter à me joindre à lui, et je n’oublierai jamais ses conseils paternels et ses prières ferventes pour le succès de mon ministère.
» Après le déjeuner, quand je me séparai de lui, il me donna sa bénédiction avec tant d’affection et d’une manière si touchante que, malgré les trente années qui se sont passées depuis lors, j’en ai gardé un souvenir que rien ne pourra jamais effacer.
Oh! que le manteau de cet homme de Dieu tombe sur nous en ce jour! «
Comme le remarquent les contemporains de Bramwell, il n’y avait pas d’alternance de hauts et de bas dans sa vie spirituelle, son cœur » était fixé en Dieu; » il n’y avait ni faux pas, ni halte dans sa course; entièrement purifiée, son âme croissait d’une façon normale et rapide; les progrès qu’il faisait dans la connaissance et l’amour de Dieu étaient continuels.
Pendant ses deux années de travail dans le Circuit de Sunderland, mille membres furent ajoutés à la société dans ce circuit; et l’œuvre de la grâce fut approfondie et affermie dans une multitude d’autres.
Le Saint-Esprit dirige tout
A la Conférence de 1808, Bramwell fut nommé, pour la seconde fois, prédicateur du Circuit de Liverpool. Six mois après il écrivait à un ami :
« J’ai trouvé la société de ce circuit dans un misérable état; et, pendant le premier semestre, à Liverpool, j’ai dû exclure une centaine de membres. Pendant le second semestre, j’en ai regagné cent trente et j’ai vu revenir à Dieu un bon nombre de ceux qui avaient perdu la foi; j’ai vu aussi l’Esprit agir puissamment dans les auditoires, de sorte que l’œuvre a été renouvelée. Quand j’arrivai je ne trouvai que bien peu de personnes qui eussent gardé la bénédiction de la sanctification entière; mais un bon nombre l’ont retrouvée dernièrement. Il se fait une œuvre bénie dans toute la Société. Dans une réunion six ou huit personnes ont été sauvées en même temps. Il n’arrive guère qu’une classe se réunisse sans que les membres soient bénis. Samedi, à la réunion pour les âmes repentantes, douze personnes ont été sauvées. Des pauvres et des riches sont réveillés; plusieurs dames de la plus haute condition, et dont les noms vous sont familiers, ont été véritablement sauvées. «
Bramwell jouissait constamment de cette pleine bénédiction dont il parle si souvent et qu’il désigne d’une manière diverse; tantôt c’est l’amour parfait qui bannit toute crainte, tantôt la glorieuse liberté, tantôt l’entière sanctification, tantôt le plein salut; et son grand souci est toujours d’y faire arriver les autres. Le 5 juillet 1809, il écrit à une Miss Brew :
« Vous avez reçu le pardon de vos péchés, c’est une bénédiction d’une grandeur inexprimable. Mais vous n’en resterez pas là; car en lisant la Bible, vous trouverez de » grandes et précieuses promesses » qui sont toutes pour vous; vous êtes à Christ : » toutes choses sont à vous. « Qui pourra l’empêcher? n’est-ce pas Dieu qui a parlé, et ne vous donnera-t-il pas toutes choses?
« A vous d’avoir faim et soif, de prier, de plaider, par la puissance de l’Esprit qui est mise à votre disposition. Et si vous le faites, Dieu ne prendra-t-il pas votre cause en main? Ne craignez rien, vous trouverez » le sang qui purifie de tout péché, » vous recevrez l’Esprit de Christ; et souvenez-vous que ce ne sera jamais que par la foi.
» Oh! quelle foi bénie que cette foi puissante qui amène la bénédiction! Quand vous l’aurez, vous ne serez plus rien à vos propres yeux, vous sentirez que tout en vous ne sera que par Dieu.
» Le sacrifice de vous-même étant complet, votre âme sera complètement changée à la ressemblance de Dieu. Alors vous » supporterez tout, vous croirez tout, vous espérerez tout. «
« Vous ne pouvez pas encore savoir en vue de quelle gloire Dieu vous a rendu heureuse comme vous l’êtes… »
A un M. Preston, Bramwell écrit:
« Je crie à Dieu, chaque jour, à chaque heure, constamment, pour recevoir mille fois plus de son amour. Le sacrifice a été consommé; tout ce qui est de moi doit disparaître. Me perdre en Dieu, c’est ma gloire. Je ne veux rien en moi que Christ: dans mes pensées, dans mes paroles, dans ma prédication, dans mes prières, etc. ..Je pénètre de plus en plus en Lui. Là, le bruit du moi, du monde et du péché, n’existe plus; tout est amour, calme et repos; les yeux fixés sur Lui, le cœur est ferme, la langue déliée; l’Esprit dirige tout… C’est là le salut acquis à tous les croyants; c’est la glorieuse liberté des enfants de Dieu. C’est un bien qui est pour vous et je demande à Dieu que vous ne puissiez jamais être satisfait tant que vous ne le possédez pas.
« Si les Méthodistes en général en sont dépourvus, c’est qu’il y a parmi eux trop de sommeil, pas assez de piété et de renoncement, de travail pour le salut des âmes; trop de conversation mondaine, trop de prédications; c’est trop: entendre, entendre, entendre, et pas assez s’examiner, sonder son cœur et ses voies dans la prière. Beaucoup passent tout le dimanche en public, et quand ils n’entendraient que des anges, ils n’en seraient pas moins rétrogrades. C’est étonnant de voir avec quelle facilité Satan dupe les chrétiens; en un instant il remplit les cerveaux et vide les cœurs…
» Dans toute les églises, Satan s’est servi de la beauté extérieure, celle de la forme, pour faire oublier la beauté intérieure, celle de la pureté du cœur. Est-ce trop tard pour comprendre?… »
Bramwell faisait profession d’avoir reçu l’entière sanctification par la plénitude de l’Esprit obtenu dès le commencement de son ministère. Des faits sans nombre ont montré la valeur de son témoignage, et ceux que nous allons citer ont frappé même les moins clairvoyants. Ils y ont vu la preuve d’une communion avec Dieu toute particulière, une approbation toute spéciale par conséquent, donnée de Dieu à son serviteur.
A Liverpool, en 1809, une pieuse jeune femme, membre de la société, voulut aller faire un séjour chez des amis qu’elle avait à la Jamaïque. Elle prit son billet de passage à bord d’un navire qui devait partir le lendemain, et elle y fit transporter ses effets.
Mais comme elle avait une profonde vénération pour M. Bramwell, elle alla le voir avant de partir et lui demanda de prier pour elle. Le pasteur s’agenouilla et la recommanda à Dieu. Mais soudain il s’arrête et dit à la jeune femme: « Ma chère sœur, vous ne devez pas partir demain; Dieu vient de me dire qu’il ne le veut pas. » La jeune dame fut surprise; mais Bramwell fut très catégorique; il la décida à renvoyer son voyage et se rendit avec elle sur le vaisseau pour lui aider à retirer son bagage. Le vaisseau partit le lendemain et peu après on recevait la nouvelle qu’il était perdu, corps et biens, sans qu’on eût pu sauver un seul de ceux qui le montaient.
Toutes choses ne sont rien comparées à Dieu
A la Conférence de 1810, sur les instantes requêtes des frères de Sheffield, Bramwell fut nommé une seconde fois au poste de cette ville. Et, dès la première assemblée, il déclara publiquement à ses auditeurs qu’il était résolu à ne savoir autre chose parmi eux que Jésus crucifié. » Je ne permettrai à personne, dit-il, de me parler en particulier de dissensions entre des frères; mais je verrai toujours l’accusateur et l’accusé face à face; et je ne formerai de jugement, ni me ferai d’opinion sur aucun homme, avant de l’avoir entendu parler pour sa défense. «
Cette décision, cette vigueur, cette parfaite justice en même temps que cet amour pour le prochain, ce sont bien là des signes auxquels on reconnaît l’âme remplie du Saint-Esprit. Bramwell retrouvait sa chère et belle Église de Sheffield passablement changée; beaucoup de ceux qui en avaient été les colonnes avaient passé dans un monde meilleur. Son intime ami, M. Longden, bien vieilli et très faible l’accueillit en lui disant qu’il venait remplir le dernier devoir de l’amitié. » Vous remettrez mes restes à la terre, lui dit-il, et vous tacherez de faire profiter les survivants des expériences bénies que Dieu m’a donné de faire » ce qui arriva en effet, mais deux ans plus tard.
Bien que ses forces physiques eussent décliné, l’infatigable pasteur institua de nouveau, à cinq heures du matin, des réunions de prières où beaucoup d’âmes furent vivifiées et un bon nombre sauvées. Et sous son influence les dissensions qui existaient à son arrivée disparurent promptement.
Bramwell prêchait très souvent sur la nature et la nécessité de la sainteté; il témoignait du don que Dieu lui en avait fait et chacun pouvait se convaincre de la réalité de ce don. Il insistait beaucoup sur le fait que cette sainteté est à la portée de tous ceux qui sont justifiés, et il pressait ses auditeurs de la rechercher de tout leur cœur. Il savait que s’ils ne le faisaient pas et n’avançaient pas vers cette perfection, ils étaient en danger de se perdre irrémédiablement, aussi insistait-il avec une grande force. » La raison pour laquelle tant de chrétiens cherchent à être délivrés de tout reste de leur vieille nature et n’y parviennent pas, dit-il, c’est qu’ils sont secrètement retombés et ont perdu la justification. S’ils voyaient clair sur l’état de leur âme, ils verraient qu’ils ont tout de nouveau besoin d’être justifiés par la repentance et la foi en Jésus. «
Nous reproduirons quelques fragments d’une lettre de Bramwell écrite peu après son installation à Sheffield, et adressée à sa fille.
« Sheffield, 5 novembre 1810 « Ma chère Annie,
» J’ai reçu ta bonne lettre. Combien je me réjouis d’apprendre que tu es rentrée dans l’amour de Celui qui a répandu pour toi son sang sur la croix!
Je vois que maintenant tu vas croître dans cet amour…
» Etre délivrée de tout reste de mauvais caractère, être changée dans l’Esprit du Christ à l’image de Dieu, et vivre pour le louer et se réjouir en Lui éternellement, c’est ta gloire, ta vie éternelle…
« Un peu de religion ne peut jamais rendre heureux, mais la plénitude te rendra heureuse dans toutes les circonstances, quelles qu’elles soient. Je prie pour toi: il me tarde de te voir.
Tu es continuellement sur mon cœur. Le Seigneur te rendra — il le doit, puis-je dire, — il te rendra sainte comme Lui. «
A peu près à la même date il écrit à M. Burrows:
» Je n’ai jamais autant vécu dans le ciel que maintenant. Prier continuellement, racheter le temps, ne passer que peu d’heures au lit, travailler beaucoup ce sont les moyens d’obtenir le repos continuel. Etre purifié du péché intérieur, c’est beaucoup, et Dieu me le donne; mais, dans sa grande miséricorde, il me donne beaucoup plus encore : il remplit mon âme de son amour.
» Le Seigneur a répandu son Esprit sur nous pendant ce dernier trimestre; cent trente personnes ont été sauvées. Nous avons un réveil à Great Gomersal, à Little Gomersal, à Littletown, à Birkenshaw et à Drighlington. Beaucoup de personnes sont véritablement vivantes pour Dieu; un bon nombre sont entrées dans la liberté parfaite.
Le 22 février 1812, M. Longden mourut dans le complet triomphe de la foi. Bramwell fit la prédication funèbre. A ce sujet, il écrit:
» . ..Un chrétien, un ami, un homme de Dieu, nous a quittés. Des milliers assistaient à ses funérailles, je n’ai jamais vu une pareille foule en telle occasion…. Toutes choses ne sont rien comparées à Dieu; une vue de sa gloire éclipse tout… »
Peu avant sa mort, Longden avait écrit un rapport sur l’activité de Bramwell pendant son second séjour à Sheffield. Nous y lisons, entre autres, que ~œ fidèle ministre avait été, dans la main de Dieu, un moyen de salut pour des milliers d’âmes et qu’il en était devenu extrêmement vénérable aux yeux des chrétiens.
La grâce suffit dans la maladie
La Conférence de 1812 plaça Bramwell à Birstal.
Il y avait dix-neuf ans qu’il avait quitté ce circuit, depuis lors ses forces physiques avaient beaucoup baissé; les effets de l’âge et d’un travail excessif se faisaient sentir. Le serviteur de Dieu venait, en outre, de ressentir les premières attaques d’un mal qui devait l’emporter; il n’en continua pas moins ses travaux avec un redoublement de zèle.
Dès le premier dimanche à Birstal, il réunit la société et fait remarquer à ses frères que » chanter bas et lentement, faire de longues prières, de longues réunions et arriver tard aux services, était indubitablement la marque d’un état spirituel peu prospère. » Puis il leur recommande de mettre la plus grande diligence à user des moyens de grâce, particulièrement des réunions de classes et des réunions de prières. Il leur annonce qu’il passera toutes ses soirées dans les différentes localités du circuit afin de pouvoir visiter tous les membres de la société; puis il leur dit que tous les efforts humains étant stériles sans l’opération du Saint-Esprit, il les prie tous instamment de s’unir à lui dans la prière pour obtenir cette divine efficace.
Il termine enfin en disant, avec une énergie qui lui était particulière: » Je connais un homme qui prie pour Birstal treize fois par jour sur ses genoux; et qui de temps en temps reste quatre heures de suite en prières. «
Ses efforts joints à ceux de ses fidèles collègues furent bientôt couronnés de succès. Avant la fin de 1812 il put écrire:
« En plusieurs localités du circuit il y a, dans les âmes une détresse telle que je n’en ai jamais vue. Un grand nombre se tournent vers Dieu…
« Pendant ce dernier trimestre, le Seigneur a abondamment répandu son Esprit, environ cent trente personnes ont été sauvées. Il y a un réveil en plusieurs localités du circuit.
» A Birstal plusieurs familles se sont jointes à nous; et beaucoup de chrétiens dans cette ville sont vraiment vivants.
» Une réunion des conducteurs de classes et des prédicateurs a lieu chaque jeudi après la prédication et le Seigneur est avec nous…
« La pauvreté est très grande et ne fait que s’accroître en plusieurs localités. Quand donc la guerre cessera-t-elle? Dieu châtie cette nation.
Oh! si elle pouvait se repentir et être sauvée! «
Précédemment les conducteurs de classes de Birstal ne s’assemblaient que tous les quinze jours; Bramwell les réunit chaque semaine. Dans chaque localité du circuit, il réunit ceux de la localité après la prédication qu’il y fait le soir pendant la semaine.
Chaque année, il faisait un examen des conducteurs et leur posait entre autres, les questions suivantes:
1- Avez-vous des dettes?
2- Avez-vous la pleine assurance de votre réconciliation avec Dieu?
3- Etes-vous entièrement sanctifié?
4- Commencez-vous vos réunions à l’heure convenue, que les membres de la classe soient présents ou non?
5- Priez-vous avec votre famille matin et soir? etc.
Quelques mois plus tard, toujours avant la fin de 1812, il peut écrire ces paroles qui ne doivent pas rester inaperçues:
« Une œuvre glorieuse s’est faite dans notre circuit; de trois à quatre cents âmes ont été amenées au Sauveur. Nos assemblées de culte, agapes, réunions d’associations particulières, etc., ont été renouvelées par la présence de Dieu. Non seulement des pauvres; mais un bon nombre de gens de haute condition, et même par familles entières, se sont donnés à Dieu ! Oh. que cette œuvre puisse continuer Priez, priez, priez! Je prie continuellement. «
II écrit aussi à son fils aîné:
« Mon cher John,
» Je suis plus que jamais persuadé de la nécessité d’être constamment prêt à entrer dans la gloire éternelle. J’ai eu dernièrement une vue du monde à venir hautement bénie. Toutes choses ne sont que de la boue comparées à Jésus-Christ et à la gloire de son royaume. J’ai faim et soif je prie et me voue au service de Dieu de toute mon âme.
Le 5 mai 1813, Bramwell écrit de Birstal:
» Vivez pour Dieu, mon frère Cranswick. Faites toujours marcher de front l’accomplissement de ces trois devoirs : actif au travail, fervent d’esprit, servant le Seigneur. Et c’est par beaucoup de prière, le matin, avant de vous mêler au monde, et beaucoup de vigilance, que vous y parviendrez.
Dites à vos chers amis, vos voisins, d’être persévérants, fermes dans le Seigneur. Nous en aurons bientôt fini avec toutes les choses de la terre et dès que nous quitterons ce monde, notre place sera fixée pour toute l’éternité. J’y pense souvent. L’entière sanctification, le plein salut, c’est la gloire de notre dispensation. Parlez-en dans votre classe et en chaire; insistez sur ce sujet et pressez vos auditeurs de vivre tous dans cette sanctification. Dieu sera avec vous; et, malgré la rage de l’enfer et l’opposition des hommes, un bon nombre croiront et seront sauvés… »
Dans une lettre du mois d’août 1813, nous lisons:
Ce matin, je me suis appliqué à résoudre ces questions : » Suis-je prêt à entrer dans la gloire du ciel? Suis-je prêt à quitter cette terre en ce moment même? Suis-je prêt quant à mes devoirs envers Dieu et envers moi-même? Suis-je prêt comme prédicateur? comme époux? comme père? Est-ce que je fais tout ce que je puis chaque jour, dans chacune des fonctions que Dieu m’a assignées? O mon âme, ne peux-tu vivre beaucoup plus près de Dieu, jouir beaucoup plus de Lui, être remplie de toute sa plénitude? » Et immédiatement je plaidai avec Dieu pour obtenir toute sa plénitude, et je n’aurai aucun repos que je ne l’aie obtenue. «
» Je suis certain que la plénitude de la gloire a été acquise à chacun de ceux qui croient; et j’espère que nous croirons pleinement de manière à recevoir pleinement.
Pendant la seconde année de ce second ministère à Birstal, Bramwell eut une grave attaque de fièvre rhumatismale qui commença un samedi. Il n’en prêcha pas moins le lendemain deux fois à Cleckheaton; mais incapable de remonter à cheval pour rentrer chez lui, il fut porté dans la maison d’un ami où il passa huit ou neuf jours.
Ses douleurs étaient grandes, mais il ne laissa jamais entendre aucune plainte; par contre, on l’entendit souvent s’écrier : » Gloire à Dieu! ceci vaut mieux que les douleurs de l’enfer. «
L’hiver suivant la maladie revint avec violence; et la santé de Bramwell en resta gravement atteinte; mais la souffrance avait rendu le serviteur de Dieu encore plus tendre dans sa sympathie pour tous ceux qui souffrent.
Nous donnerons ici quelques lignes d’une lettre, adressée au père d’un pasteur.
» Cher frère,
» Je tenais beaucoup à voir toute votre famille et je suis bien triste de n’avoir pu me rendre auprès de vous. J’espère que vous agissez en vue du monde à venir. Votre salut est de la plus haute importance; si vous vivez dans la liberté que donne Jésus-Christ, votre chemin sera paisible et agréable.
Vous savez que seule l’image du Seigneur, reproduite en vous, causera l’union avec Lui et la qualification nécessaire pour entrer dans la gloire éternelle. La prière continuelle est absolument nécessaire. Il vous faut prier non seulement avec votre famille, mais le matin et le soir dans le secret de votre cabinet. Et vous devez de même vous retirer quelques minutes dans la solitude pendant la journée…
« Soyez un homme de Dieu, entièrement consacré à son service; soyez saint, vivez une vie d’amour, de patience, d’espérance et de joie. Ces grâces sont vôtres, en Jésus-Christ… «
Pendant les deux années du second ministère de Bramwell à Birstal, cinq cents nouveaux membres furent ajoutés à la société, dans le circuit de cette ville; et les anciens membres furent extraordinairement bénis, fortifiés et encouragés.
Prêt pour la gloire éternelle
A la Conférence de 1814 Bramwell fut nommé prédicateur du Circuit Ouest de Londres. La société qu’il allait rencontrer là, différait tellement du peuple simple et rustique du West Riding dans le Yorkshire, que cette nomination lui causa une grande anxiété et qu’il ne cessa de prier à ce sujet. Mais s’il partit en tremblant, il fut reçu avec des démonstrations de joie; sa réputation l’avait précédé.
Il ne lui fallut pas longtemps pour constater qu’il pouvait être plus utile dans la capitale que partout ailleurs. Il y rencontrait, entre autres, un grand nombre de gens haut placés et d’une grande influence, qui avaient la plus haute estime pour son ministère. Il oublia donc bientôt ses craintes et se sentit tout à fait à sa place. Il fit alors plus que jamais l’expérience de cette promesse de Dieu:
» J’honorerai ceux qui m’honorent. «
Il eut à Londres les collègues les plus aimables et les plus affectionnés, tous jeunes gens qu’il avait visités autrefois chez leurs parents. Le savant et vénérable Joseph Sutcliffe écrivait plus tard, alors qu’il était le dernier survivant de la seconde génération des ministres wesleyens.
» L’année que j’ai passée avec M. Bramwell dans le Circuit Ouest de Londres l’a été dans une véritable communion avec lui; nous pensions et parlions de même.
» Cet homme de Dieu se plaignit parfois que dans cette grande cité, il ressentait quelque peu de la crainte des hommes, mais je crois qu’il en fut délivré dès ses premières prédications.
» Je l’entendis à Lambeth Chapel; il avait pris pour texte cette parole: « Si tu peux croire, toutes choses sont possibles à celui qui croit; » et assurément son Maître était avec lui. Chaque phrase prononcée par lui était un trait de lumière accompagné de la puissance de Dieu; et je ne crois pas qu’il soit possible d’être plus à son aise qu’il le fut.
» C’est dans œ Circuit que Dieu le fit passer par la fournaise de l’épreuve. Il fut pris de goutte rhumatismale pendant trois mois d’hiver, et pendant deux mois ses souffrances furent telles, jour et nuit, qu’il lui fut impossible de dormir. A la grande édification de tous ceux qui l’entouraient, il fit preuve de toute la foi et de toute la patience qu’il avait si longtemps prêchées aux autres.
» Un jour ses souffrances cessèrent tout à coup, ce qui naturellement le remplit de reconnaissance. Il était si heureux qu’il lui sembla, pendant une demi-heure, que Jésus-Christ et les anges remplissaient la chambre. Il fallut cependant encore tout l’été suivant avant que sa santé fût complètement rétablie. «
La lettre suivante adressée à M. Thomas Crowtlier, montre les dispositions de Bramwell peu après son arrivée à Londres.
» J’ai dû soutenir une vive lutte quand j’ai été appelé ici; mais dès ma première réunion à Londres, le Seigneur a répandu son Esprit sur les auditeurs. Un homme en fut tellement rempli qu’il louait Dieu à haute voix. Je vis alors, et je l’ai toujours vu depuis, que c’était bien Dieu qui m’avait appelé ici. J’ai eu depuis lors plusieurs moments extraordinairement bénis.
» Je suis corporellement plus faible que jamais; et il ne faut rien moins que la toute-puissance de Dieu pour me maintenir dans le poste où je suis.
» Nous prêchons seulement deux fois le dimanche; puis nous avons une réunion de sociétés. Ma tournée régulière est d’environ cinquante kilomètres par semaine; mais en plusieurs localités des amis me logent pour la nuit. Je suis pleinement satisfait de ma position.
» Mais quelle douleur quand je considère l’état de Londres! Plus d’un million d’habitants, trente mille prostituées, et si peu de gens qui craignent Dieu! En voyant les magnifiques édifices de cette ville, je pense souvent à cette parole de Jésus-Christ : » Vous voyez ces belles pierres, ces magnifiques monuments : tout cela sera détruit. « La pensée que tant de milliers de gens s’en vont à la perdition, est parfois plus que je n’en puis supporter; cependant avec l’aide de Dieu je continue mon chemin. Oh! envoie ton Esprit, Dieu tout-puissant! Que de ton trône un fleuve d’eau vive vienne à nous; et qu’il vienne bientôt! Amen et amen! «
A son vieil ami, M. Wilkinson de Sheffield, Bramwell écrit le 22 septembre 1814
» … Je prie sans cesse, et je suis pleinement convaincu que je suis à ma place. Dieu est véritablement avec moi. Mais je n’ai jamais été plus tenté que maintenant. Chaque fois que je vais prêcher, Satan me suggère que cela devrait être pour la dernière fois. Avec quelle violence l’enfer s’acharne contre moi! Peut-être que le Seigneur, dans sa miséricorde, me mettra de côté. Père, que Ta volonté soit faite! Puissé-je boire la coupe de la crainte et du tremblement jusqu’à ce que je voie Ta gloire!… »
» Oh! quelle grâce que d’être tout à fait prêt à entrer dans la gloire éternelle, et de l’être continuellement!
» N’ayez aucun repos que vous ne puissiez dire : » Seigneur, ton sang m’a purifié de tout péché. » Oh! quelle grâce de le sentir et de le prêcher!
» De plusieurs villes de France nous sont venues des demandes de prédicateurs; nous n’avons jamais eu connaissance d’autant de portes ouvertes pour nous dans ce pays… «
A son vieil ami Thomas Crowther, Bramwell écrit:
» 11 avril 1805
Mon cher frère,
… Je n’ai jamais eu, dans la prédication, une puissance aussi grande que maintenant et je vois des fruits bénis presque à chacun de mes sermons. Je n’ai jamais vécu dans une union aussi intime avec Dieu que présentement. Je travaille à être prêt à chaque instant. La vue que j’ai eue de Dieu et de la vie éternelle pendant ma maladie a été extraordinaire. Avoir continuellement le sentiment de la présence de Dieu, c’est notre gloire en ce monde : il faut vivre en lui et en avoir conscience.
Quel grand salut! salut de tout péché! rien moins que la gloire de l’Évangile, » être changé à l’image de Jésus-Christ! » Je me perds dans l’admiration, l’amour et la louange. Oh! buvons toujours plus profondément dans l’océan des eaux vives. Vous savez comment: prière constante, prière privée. J’ai dû quitter mon lit dernièrement, pendant la nuit, pour répandre mon cœur devant Dieu; je sentais que je ne priais jamais assez; la prière est ma vie, mon tout en Lui.
J’ai été grandement troublé à Londres, navré! nos missionnaires nous rapportent qu’en France, on permet aux prêtres de prendre les bibles que les prisonniers français ont rapportées dans leur pays et de les brûler; et qu’un grand nombre de bibles envoyées en Espagne ont été saisies et renvoyées à leur lieu d’origine. Cependant il s’est produit, depuis cela, un grand changement en France. Quelle chose étonnante que Bonaparte ait pu reprendre son trône! Nous aurons de nouveau de grands événements. Je prie ardemment que Dieu empêche, s’il le trouve bon, la grande effusion de sang qui se prépare. Plusieurs des hommes les plus pieux de notre société, officiers et soldats, sont de nouveau appelés sous les armes. On se prépare en toute hâte pour la guerre; toutes les mains y travaillent. Je devais partir pour Dunkerque, aussi secrètement que possible, car nous avons une congrégation dans cette ville; mais ce projet est abandonné pour le moment.
» O Seigneur viens! »
A M. Sigston, de Leeds, le 25 mai 1815, Bramwell écrit:
» Je prie continuellement pour vous, que vous puissiez faire l’expérience de la purification de tout péché, de la vie dans l’amour parfait et la pratique de toute la volonté de Dieu. «
Le 3 juin, il écrit à son fils John :
» Je désire qu’il ne soit pas question maintenant de notre départ de Chelsea. Je suis tellement béni au milieu de ce peuple que je ne le quitterais qu’avec la plus grande peine. Et cependant s’il est vrai, selon l’opinion de la faculté, que je ne puis rester encore un hiver ici sans être atteint de rhumatisme, je partirai par devoir. Que Dieu me montre mon chemin! «
Et il écrit peu après à un ami:
» Quant à mon départ de Londres, je n’ai jamais été plus béni dans la prédication que maintenant, et jamais plus heureux dans mon âme. Nous avons eu un bon nombre d’âmes sauvées dimanche dernier; l’effusion du Saint-Esprit a été véritablement une averse dans la chapelle de Queen street.
« Nous avons déjà remarqué que Bramwell rend constamment témoignage non seulement de l’entière purification du péché intérieur qu’il a obtenue par la foi au sang de Christ, et par le Saint-Esprit, mais encore des progrès continuels que l’Esprit lui fait faire dans la connaissance et dans l’amour de Dieu; et que l’entière sanctification, loin d’être la fin du progrès, en est plutôt le commencement et la condition. Or, voici ce que dit Bramwell, dans une lettre datée de Londres, le 27 juillet 1815, c’est-à-dire après avoir constamment rendu témoignage de son entière sanctification pendant trente et un ans:
» Je fais toujours effort pour obtenir davantage, sans quoi j’enfoncerais et je mourrais; la prière m’est plus nécessaire que jamais. «
A la même époque cependant, il écrit à sa fille:
» Tu ne manqueras pas de t’unir à moi pour louer Dieu quand je te dirai que j’ai reçu ce que j’appelle une extraordinaire plénitude de l’Esprit. Je ne sais pas si, après une pareille grâce je prêcherai mieux ou si je verrai mieux toutes choses comme voient les anges; mais il est certain que j’ai fait l’expérience d’une communion avec Dieu et avec les choses d’En Haut, telle que je n’en avais jamais connu auparavant.
Oh! la gloire qui sera révélée! Il est impossible d’en dire la grandeur. Je suis submergé, perdu en Dieu, dans les lieux célestes. »
Vu l’état misérable de la santé de Madame Bramwell et la crainte où l’on était qu’un nouvel hiver passé à Londres ne fût fatal à son mari, la Conférence de 1815 appela ce dernier au poste de Newcastle-on-Tyne. Le départ de Londres fut très pénible, mais Bramwell s’y soumit comme à un ordre de Dieu; du reste, il lui était indifférent de résider ici ou là, pourvu qu’il fît la volonté de Dieu.
Jusqu’à toute la plénitude de Dieu
Le 6 septembre 1815, Bramwell écrit de Newcastle à son ami M. Turnell de Londres :
« … Dès mon premier sermon ici, j’ai reçu de Dieu une puissance extraordinaire; au second et au troisième, il en a été de même et nous en avons vu les fruits bénis. J’espère que nous verrons ici de beaux jours; l’œuvre est entre les mains de Dieu qui m’a secouru jusqu’ici. « Dimanche soir, Madame Taft s’est adressée à une immense assemblée; Dieu était véritablement avec elle, sa puissance a remué tout l’auditoire. Quelle objection ferions-nous à ce ministère féminin quand c’est Dieu qui agit par son moyen?
Vers la fin du mois, Bramwell écrit :
« Nous avons eu un bon nombre d’âmes sauvées, dimanche dernier, pendant notre agape. Nous attendons de grandes choses. Que le Seigneur répande son Esprit sur tous, qu’il les purifie et les garde purs ! « Je n’ai jamais eu une vue de l’éternité comme celle que j’ai maintenant d’une manière permanente. Il y a trois semaines, j’ai reçu un baptême de l’Esprit plus abondant que tous ceux que j’avais reçus jusque-là. J’attends le Seigneur de toute mon âme. Priez, oh! priez! qu’y a-t-il de plus nécessaire? Quoi de plus profitable qu’une nuit passée en prière? Priez par toutes sortes de prières et de supplications, dans l’Esprit ! »
Peu après, dans une lettre adressée au Révérend. George Smith, Bramwell raconte ainsi le réveil qui commença dès son arrivée à Newcastle :
« Notre première agape à Newcastle porta beaucoup de fruits; plusieurs y trouvèrent le pardon de leurs péchés Il y eut beaucoup de prières et d’allocutions, puis nous nous recueillîmes en prière. jusqu’à ce que, soudainement, nous vîmes par ses effets que l’Esprit de Dieu agissait sur toute l’assemblée. La conviction de péché se manifesta de toutes parts et beaucoup de gens se mirent à crier à Dieu pour obtenir miséricorde; de sorte qu’en une heure et demi, à peu près trente personnes reçurent le pardon de leurs péchés. La gloire de Dieu nous apparaissait. Je fus moi-même rempli de l’amour divin. Une foule de personnes étaient debout pleines de joie, racontant ce que Dieu avait fait pour leurs âmes. Je crois que bien peu restèrent dans les ténèbres. « Nous louerons Dieu tant que nous aurons un souffle de vie. J’espère que le réveil deviendra général. »
Ce réveil continua de sorte qu’un grand nombre d’âmes furent sauvées.
En juin 1816, Bramwell écrivait à son ami Thomas Crowther :
« Je n’ai jamais eu un désir aussi ardent du salut des églises et du monde; et jamais je n’ai été plus convaincu que c’est Dieu « qui opère tout en tous. » « Je me suis livré à Dieu pour recevoir la plénitude du Saint-Esprit plus abondante et plus puissante que jamais; je sens que cette plénitude est ma liberté en ce monde. Je ne puis me contenter du pardon des péchés, ni même d’être purifié de tout péché; je vois que la gloire qui m’appartient dans notre bien-aimé Sauveur, consiste en ce qu’il demeure lui-même pleinement dans mon âme. » « Le livre de Dieu m’est chaque jour plus précieux; quand je le lis je me sens comme perdu dans un océan d’amour, d’admiration et de louange. Mon frère, je fais l’expérience qu’être purifié de tout péché est une chose et qu’être rempli de Dieu en est une autre, une beaucoup plus grande. Les pages qu’a écrites le docteur Clarke sur cette expression : « la plénitude de Dieu, ne me quittent jamais…»
Voici, abrégées, ces pages du docteur Clarke qui feront mieux comprendre en quoi consiste cette grâce qui fut la grande préoccupation de la vie de Bramwell et qui ne manqueront pas d’être précieuses à maint lecteur :
« L’apôtre termine sa prière par ces paroles : « que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu. (1) » Parmi les grandes choses qu’exprime cette prière, celle-ci est la plus grande. Être rempli de Dieu, c’est beaucoup; être rempli de la plénitude de Dieu, c’est encore plus; mais être rempli de toute la plénitude de Dieu, c’est la plus grande de toutes les choses. Cette expression confond notre intelligence. Cependant elle doit avoir un sens qui était compris de l’apôtre et qui peut être compris de nous. »
« La plupart, en citant cette parole : « remplis de toute la plénitude de Dieu, » s’efforcent de la corriger; ainsi on y ajoute assez ordinairement le mot communicable. Mais c’est aussi inutile qu’impertinent. Nous comprenons assez que saint Paul ne prierait pas pour qu’on fût; rempli de ce qui ne peut être communiqué. L’apôtre pense certainement ce qu’il dit et veut être compris dans son sens à lui. « La plénitude de Dieu est tout d’abord l’ensemble des grâces que Dieu a promises pour l’accomplissement de notre plein salut ici bas, de notre entière préparation à la gloire éternelle. Être rempli de toute la plénitude de Dieu, c’est avoir le cœur vidé et purifié de tout péché et de toute souillure; et rempli d’humilité, de douceur, de patience, de bonté, de sainteté, de justice, de miséricorde, de vérité, d’amour pour Dieu et pour les hommes. « La possession de toutes ces vertus dans leur plénitude implique, évidemment, l’enlèvement complet de tout ce qui n’est pas de Dieu et ne conduit pas à Lui; car ce que Dieu remplit, ni le péché, ni Satan ne peuvent le remplir, ni l’occuper à aucun degré. Quand un vase est rempli d’un liquide, pas une goutte d’un autre liquide ne peut y entrer sans en déplacer une quantité équivalente. Et l’on ne peut dire que Dieu remplisse notre âme quand une partie quelconque de notre être est remplie, ou plus ou moins occupée par le péché ou par Satan. Ni le péché, ni Satan ne peuvent être à aucun degré où Dieu remplit le tout. L’exaucement de la prière de Paul comporte donc que Satan soit entièrement expulsé de notre être et n’ait plus aucune prise sur nous. « La plénitude de l’humilité exclut tout orgueil; la plénitude de la douceur exclut toute colère; la plénitude de la patience exclut toute impatience; la plénitude de l’amabilité exclut toute dureté, toute brusquerie, toute rudesse, toute cruauté; la plénitude de la bonté exclut toute méchanceté; la plénitude de la charité exclut toute aigreur, toute amertume, toute irritation, toute mauvaise humeur; la plénitude de la justice exclut toute injustice; la plénitude de la sainteté exclut tout péché; la plénitude de la miséricorde exclut tout ressentiment, toute vengeance; la plénitude de la vérité exclut toute dissimulation, toute fausseté. Chez celui qui aime Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa pensée et de toute sa force, il n’y a plus aucune place pour l’inimitié à l’égard de Dieu, ou à l’égard de ce qui est de Lui, aucune place pour l’avarice, l’amour du monde et des choses qui sont au monde. Celui qui aime son prochain comme lui-même, ne lui fera jamais aucun mal; au contraire, il lui fera tout le bien qu’il pourra. « Être rempli de toute la plénitude de Dieu produira donc une obéissance à Dieu constante, remplie de joie, d’amour et d’adoration, ainsi qu’une bonté inaltérable envers le prochain, quel qu’il soit. « Celui qui est rempli de toute la plénitude de Dieu est sauvé de tout péché, la loi est accomplie en lui; il possède l’amour divin; il n’agit que par cet amour, amour pour Dieu .et pour l’homme, amour qui est l’accomplissement de la loi. » On le voit, la grâce qui a été la grande préoccupation de Bramwell n’a rien de mystérieux, rien d’incompréhensible, rien de chimérique. Vérité, justice, bonté, oubli de soi-même, amour pour Dieu et pour les hommes: ce sont là choses connues de tout le monde, choses pratiques si jamais il en fut. Cette « sanctification entière » qu’il avait si ardemment cherchée et qu’il voulait si ardemment pour les autres, ce n’est pas une doctrine particulière et secondaire, comme la plupart l’imaginent; ce n’est pas une doctrine méthodiste; ce n’est pas une utopie, un dada, pure conception de l’intelligence ou de l’imagination; c’est simplement l’accomplissement de la loi morale, non pas seulement à l’extérieur, en apparence; mais au dedans et complètement : accomplissement aux yeux de Dieu, seule chose nécessaire. Comment est-il possible qu’on ait pu regarder cette sanctification avec défaveur? Elle seule est la sanctification; et la conscience, comme l’Écriture, l’exige impérieusement. Quant aux questions de mots et de pure théorie, chacun comprend qu’elles sont absolument étrangères à la vie de Bramwell. Cet homme de Dieu n’a jamais quitté le terrain de la pratique et de l’expérience; son devoir était pour lui si clair sur ce point qu’il n’a même jamais voulu discuter avec les contradicteurs. « J’ai reçu la sanctification – délivrance du péché intérieur, amour parfait, plein salut, de quelque nom qu’on veuille l’appeler, tel jour, à telle heure, étant assis de telle façon dans le cabinet de M. N., alors que j’élevais mon cœur à Dieu. » Voilà qui ne ressemble guère à une théorie, non plus qu’à cette perfection étrangère à la foi et qu’on n’acquiert qu’à force d’habileté. « Et j’eus d’emblée la vue parfaitement claire que c’était la bénédiction que je cherchais depuis quelque temps, je veux dire la purification de tout penchant au mal, de tout reste de ma vieille nature; et depuis lors j’ai eu constamment la preuve que c’était, en effet, cette bénédiction-là que Dieu m’avait accordée. » La double preuve, peut-on dire, car depuis ce moment non seulement il n’a plus retrouvé en lui le vieil homme, mais il y a continuellement trouvé le contraire : une plénitude d’amour, de paix et de joie dont il a rendu témoignage en toute occasion.
Après avoir énuméré les vertus qui, toutes ensemble et dans leur plénitude, constituent l’entière sanctification, Clarke ajoute :
« Il est impossible d’entendre les paroles de l’apôtre dans un sens inférieur à celui-là. Mais il est certain qu’elles renferment plus. Combien plus? Je ne saurais le dire; car il n’y a point de fin aux mérites de Jésus-Christ, point de bornes à l’amour de Dieu, et par conséquent aucune limite à l’avancement dont l’âme est capable. »
Aussi Bramwell n’avait-il jamais eu la pensée que, la sanctification entière obtenue, il fût parvenu au but suprême et qu’il n’eût plus rien à faire. Au contraire. « Quand nous sommes sanctifiés, répète-t-il souvent, nous ne faisons que commencer à vivre. Être purifié de tout reste de notre vieille nature, c’est beaucoup; mais ce n’est encore que peu de chose, comparé à tout ce que nous devons recevoir.» Et tout ceci, encore une fois, c’était son expérience constante : ce n’était qu’à partir de son premier baptême de l’Esprit, que le progrès normal, continuel rapide, avait commencé.
Il prie sans cesse, non seulement pour conserver les grâces reçues, mais pour qu’elles lui soient augmentées et surtout pour que ses frères les reçoivent à leur tour. Aussi le voyons-nous recevoir sans cesse. « J’ai plus de lumière, plus de puissance, plus d’amour, plus de joie, plus de félicité que jamais. » voilà un refrain qui revient si souvent dans ses lettres, qu’il a fallu le supprimer neuf fois sur dix : le lecteur n’aurait pu supporter tant de répétitions.
Le péché seul fait séparation entre Dieu et l’homme; est-il complètement enlevé, Dieu se révèle et se communique comme il n’était pas possible de le concevoir auparavant. Or la vie de Bramwell abonde en faits extraordinaires qui confirment son témoignage avec une puissance… que nous laissons apprécier au lecteur. La multitude des chrétiens de profession regardent ces faits avec étonnement. On les appelle des faits surnaturels, des miracles; il faut bien plutôt les considérer comme des faits qui découlent naturellement de l’état moral et spirituel dans lequel il se trouvait. Ce qui serait étonnant et vraiment incompréhensible, c’est que de tels faits fussent absents d’une telle vie.
Si un chrétien rendait le même témoignage de sanctification que Bramwell et que sa vie fût complètement étrangère à ce qu’on appelle ici le miracle, ne faudrait-il pas en conclure que son témoignage a quelque peu dépassé la vérité? Abraham « crut contre toute espérance; » il crut ce que l’expérience avait constamment montré impossible. Sur l’ordre de l’Éternel il sacrifia son fils, le fils de la promesse, sans demander pourquoi ni comment. Aussi fut-il «l’ami de Dieu,» en quelque sorte son intime. «Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire? » disait l’Éternel, et l’Éternel voyait qu’il ne pouvait le lui cacher. Abraham était donc informé. Fait surnaturel! Or de tels faits se retrouvent dans la vie de tous les saints hommes dont parle la Bible. La même foi n’aurait-elle pas toujours les mêmes conséquences? Ou Dieu aurait-il changé? Au reste, jésus n’a-t-il pas dit en faisant allusion au baptême du Saint-Esprit : « Celui qui croit en moi, fera les oeuvres que je fais, il en fera même de plus grandes, parce que je m’en vais au Père, » et l’Évangile n’est-il pas trop explicite sur ce point pour que nous ayons à insister? Bramwell écrit à M. Turnell, conducteur de classe à Londres :
« Mon cher frère, Newcastle, 23 décembre 1816
« J’ai reçu de vos nouvelles avec gratitude, avec une vraie joie. Je vois que Dieu est avec vous et que vous continuez à vivre dans l’amour, dans l’amour parfait, Oh ! si toute l’Église recevait une pareille bénédiction ! « Pourquoi ne la reçoit-elle pas ? A cause de son incrédulité. Verrons-nous jamais ce grand salut devenir général?… « J’ai été heureux d’apprendre que les âmes se réveillent dans votre école de charité; si les frères agissent avec sagesse, ce réveil ne peut manquer de grandir. Que le Seigneur leur donne toute la puissance, l’amour, le zèle et la prudence qui sont nécessaires à cette grande œuvre. Amen! « Je dois vous dire que je suis plus adonné à la prière que jamais. Je me sens tout à fait sur le bord de l’éternité; et je suis tellement persuadé que lorsque j’y serai entré, je ne pourrai plus rien changer aux choses que j’aurai laissées derrière moi, que je travaille de toutes mes forces. L’œuvre de Dieu se fait en plusieurs localités de notre circuit, un bon nombre d’âmes y ont été sauvées; mais dans la ville de Newcastle, il n’y en pas eu un grand nombre ces derniers temps; oh ! quelle détresse! heureusement qu’avec Dieu on peut tout endurer… « Je m’attends à recevoir de Dieu ma couronne avant la Conférence de cette année; mais que la volonté du Seigneur soit faite !…
Un des points sur lesquels Bramwell insistait le plus, quant au devoir de se réveiller, de se repentir et de se consacrer à Dieu, c’est qu’il n’y a pas à attendre « les temps et les moments du Seigneur, » vu que le temps de Dieu est toujours maintenant. Si l’on veut bien juger l’arbre à ses fruits, on verra combien il avait raison.
A son ami M. B. Wilkinson, il écrit :
Newcastle, 19 juillet 1817
« Mon cher frère, « J’ai toujours les regards fixés en Haut, veillant pour connaître la volonté de Dieu et ne cessant jamais de crier à Lui. Je pense souvent que je me développe bien lentement. La parfaite union avec Dieu, être « transformé en la même image, » (2) c’est là ma préoccupation continuelle. « Le temps est toujours plus court, ce n’est plus qu’un moment. Mon Dieu! pourquoi nous laisses-tu sur cette terre? Sûrement, c’est pour que nous ayons le temps de conquérir une plus glorieuse couronne. « La foi en Dieu, c’est le plus noble des principes; il honore Dieu, réjouit les anges, renverse les démons, anéantit le monde. Je désire que ce principe soit beaucoup plus puissant en moi. « Le sang de, Jésus purifie, l’Esprit remplit l’âme et la nature divine devient notre gloire c’est le ciel. O mon frère Wilkinson, vivez ! vivez pour l’éternité! Votre corps dépérit, vous tremblez, votre tente va tomber, oh ! que votre âme soit entièrement prête à prendre son vol vers la gloire! Des myriades nous souhaiteront la bienvenue; ils nous attendent. Combien il me tarde d’être parmi eux!… « Je gémis, je souffre, je suis dans la douleur et les larmes, au sujet de tant de milliers qui restent en arrière dans les ténèbres. Oh! si je pouvais les persuader! Comme Jésus doit pleurer sur Jérusalem ! A la vue de leur ruine finale, que ne doit-il pas ressentir! »
Après avoir lu de telles lettres, personne ne s’étonnera en entendant les biographes contemporains de Bramwell affirmer son influence extraordinaire sur les chrétiens de Newcastle et de tout le Nord de l’Angleterre; on voyait en lui un vrai apôtre, un homme de Dieu accompli, « sanctifié, propre à toute bonne oeuvre. »
Départ pour le ciel
Les sociétés du Circuit de Salford (Manchester), convaincues que Bramwell était «comme Abraham, l’ami de Dieu, fort dans la foi puissant dans la prière et jouissant d’une communion profonde et continuelle avec son Père éternel, » avaient demandé dix-sept fois à la Conférence de bien vouloir le leur envoyer comme surintendant. Enfin, après une attente d’une vingtaine d’années, elles l’obtenaient; c’était en 1817. Leur joie fut grande.
Un des membres de la Société de Salford nous raconte ainsi son arrivée à Manchester :
« M. Bramwell me pria de l’accompagner à la maison préparée à le recevoir. Nous y entrâmes ensemble, et je n’oublierai jamais ses invocations ardentes adressées à Celui qui seul peut bénir et sanctifier notre habitation. Ses malles furent apportées; et, comme il était sans occupation, craignant de perdre un instant, il s’en alla, dans la rue voisine, visiter de pauvres familles et leurs parler de leurs intérêts éternels; une personne fut alors convaincue de péché et se donna véritablement à Dieu. Je ne doute pas que cette personne ne soit pour lui une couronne de gloire dans l’éternité. »
Dans son premier discours à Salford : « J’irai vous voir, dit Bramwell à ses auditeurs, non pour manger, boire, ou passer le temps à causer avec vous sur des sujets indifférents, mais pour vous demander quel est l’état de votre âme. »
Peu après, il tenait une réunion à Oldfield. « Jamais je n’oublierai les choses que j’entendis de sa bouche, dit un des frères qui assistaient à cette réunion. L’Esprit du Seigneur accompagnait la parole de son serviteur et chacun se sentait sous l’influence divine. « M. Bramwell pria les membres de la Société de rester après la réunion, afin; qu’il pût les interroger sur leur état spirituel. Après avoir questionné plusieurs personnes, il s’adresse à une femme qui avait joui de la faveur de Dieu pendant plusieurs années. Il la regarde fixement! et lui demande quel est l’état de son âme. La femme ne peut répondre, tant elle est affligée. M. Bramwell lui dit alors « Vous avez perdu le témoignage de votre adoption. » La femme fond en larmes et dit que c’est vrai. « Et vous l’avez perdu cette semaine, dans un moment de colère, » continue M. Bramwell. La femme avoue encore qu’il en est ainsi. Le fidèle pasteur répand alors dans son âme les consolations de l’Évangile, puis se met à genoux et crie de toute sa force à l’Eternel en faveur de l’âme coupable, qui reçoit de nouveau le pardon de ses péchés et la joie de son salut. »
Quelques semaines après, Bramwell écrivait à son vieil ami, M. Roger Crane :
Manchester, 3 septembre 1817
« Mon cher frère, « … Vous vous joindrez à moi pour louer Dieu qui m’a gardé dans la justification, la sanctification et l’amour; dans l’union avec Lui, vivant en sa présence et attendant mon appel à entrer dans la gloire. « J’ai eu affaire avec toutes sortes de gens et avec les démons; mais tout pour moi est amour, amour qui supporte tout, croit tout, espère tout, endure tout, et ne périt jamais. « J’ai faim et soif de Dieu, je prie et je crois; je n’ai jamais été si faible et cependant jamais si fort. Oh! quelle grâce merveilleuse que le plein salut ! Jésus nous l’a acquis, il le promet et le donne. Gloire, gloire éternellement à l’Agneau de Dieu ! « Pardonnez-moi si je vous répète que ma vie est prière; je sens continuellement le besoin de la prière; je ne puis vivre qu’en accomplissant le devoir de prier… »
Le 6 novembre 1817, il écrit, entre autres, à son ami Reay :
« Dieu a béni ma prédication dans chaque localité du circuit. J’ai toujours de grandes foules d’auditeurs particulièrement à Salford. « Dans une agape à la campagne, il y a eu huit jours dimanche, pendant environ deux heures, l’œuvre de Dieu a été générale et au moins vingt personnes ont été véritablement sauvées. La gloire de Dieu était sur nous tous. « Le plein salut prêché avec une parfaite clarté, tel est notre ordre du jour. »
A l’époque où nous sommes; parvenus Bramwell avait l’impression continuelle que son oeuvre sur la terre allait être terminée. Il avait même la certitude, comme il le dit dans une lettre, que son rappel auprès de Dieu serait subit, et qu’ainsi serait exaucée la prière qu’il avait souvent faite d’être retiré de ce monde dès qu’il n’y pourrait plus travailler.
Le Révérend John Morris écrivait à ce moment là :
« Me trouvant à Manchester, j’allai dîner chez M. Bramwell. Et je dois dire que je n’ai jamais connu un homme de Dieu pareil. Après le dîner, je vins dans son cabinet et aussitôt il s’enquit de l’état de mon âme. Je lui dis alors quelle était mon expérience. Et quand j’eus fini: « Nous prierons un peu », me dit-il. Nous nous agenouillâmes et nous restâmes en prières environ deux heures. Oh ! je ne puis dire de quelle puissance de vie je me sentis alors pénétré. Le Seigneur s’approcha tellement de nous que j’étais sur le point de me croire moi-même dans le ciel. Quant à M. Bramwell, il disait sans cesse : « Seigneur, je suis dans le ciel. Seigneur que veux-tu faire de moi? Oh! quelle multitude d’anges dans cette chambre! Seigneur, je suis exactement là où je désire être; je ne changerais pas ma situation pour le monde entier. Je suis véritablement dans le ciel. » « Je lui parlai des tentations. « Tenté ! s’écria-t-il, certainement ! mais nous sommes en sûreté. Satan peut frapper à la porte, mais il ne peut entrer, ni avoir aucune prise sur nous : « Dieu est en nous.»
Dans une lettre de 16 juillet 1818, Bramwell écrit à Madame Reay
« J’espère que votre délivrance du péché intérieur est maintenant complète, que vous avez le témoignage de l’Esprit vous assurant que vous êtes purifiée de tout péché par le sang de Jésus-Christ, et que vous êtes parfaite dans l’amour, Dieu demeurant en vous et vous en Dieu. Avec ces grâces, il n’y a plus aucune crainte, ni de la mort, ni du jugement, ni de l’éternité, l’on est toujours calme rempli de la consolation divine; on a le ciel en soi, toujours le ciel, Oh! heureux, heureux esprit! le péché est enlevé, l’âme est remplie de Dieu, et quoi qu’il arrive, au dedans, au dehors, autour de nous, en haut, en bas, tout contribue à accroître le sourire de Dieu. Tout est Dieu, et Dieu est tout… Je vis maintenant dans cette gloire plus que jamais, et j’attends de recevoir le corps glorieux par lequel nous pourrons voir face à face ce que maintenant nous ne pouvons voir que par la foi… »
A la même époque Bramwell écrit à sa fille Anne :
« Nous sommes dans la prospérité spirituelle; nous n’avons jamais, ta mère et moi, vécu si près de Dieu. »
Et la prospérité spirituelle était le fait de toute la famille, car Anne et ses frères s’étaient donnés à Dieu de bonne heure et persévéraient dans la foi. Le père et la mère de Bramwell aussi s’étaient donnés au Seigneur; il s’était appliqué à leur faire comprendre la nécessité du chargement du cœur, et Dieu avait béni son ministère auprès d’eux. Dans sa conversation, comme dans ses prédications et ses lettres, Bramwell s’efforçait toujours de faire sentir la nécessité d’une entière sanctification. Être mort au monde, mort à soi-même, toujours préparé à quitter ce monde pour entrer dans le « Lieu très saint, » c’était le sujet constant de ses discours. « Si la mort vient à minuit, disait-il, êtes-vous prêt à partir avec joie? si c’est à midi, l’êtes-vous de même? Vos affaires sont-elles toutes en bon ordre? Partirez-vous aussi gaiement que vous allez au devant d’un ami bien-aimé qui vous appelle? Ou vous reste-t-il quelque chose à mettre en ordre avant que vous puissiez répondre joyeusement à l’appel de Dieu ? »
La santé de Bramwell avait considérablement décliné lorsque, le 28 juillet 1818, il quitta Manchester pour se rendre à la Conférence de Leeds. Il n’avait plus que quelques jours à passer sur cette terre et ses amis étaient frappés de voir la vie divine qui rayonnait dans toute sa personne; sa joie, son amour, sa douceur, sa conversation étaient absolument célestes, nous disent-ils. Un jour, pendant la Conférence, pensant à Blagborne qu’il avait visité à Londres, il joignit les mains et leva les yeux au ciel en s’écriant : « Oh ! béni, infiniment béni! cet homme de Dieu. Je l’ai vu peu avant son départ pour la gloire, il s’écriait: « Gloire, gloire soit à Dieu qui m’a pleinement préparé pour ce départ! » Puis BramweIl racontait à ses amis l’expérience qu’il faisait lui-même de cette entière préparation et des délices de la vie continuelle en Dieu. « Je ne pense pas, dit-il ensuite, que la Conférence puisse me donner un nouveau poste, car je me hâte, autant qu’il est possible, d’arriver au ciel. »
Il prêcha plusieurs fois pendant la Conférence; la dernière fois, c’était à Holbec, le 10 août, il avait pris pour texte Esaïe 43/1-3. Et « quand il aurait su, dit Sigston, qu’il prêchait pour la dernière fois de sa vie, il n’eût pu le faire avec plus de sérieux et d’affection. »
La Conférence le nomma président du District de Manchester, mais il n’y fit pas grande attention. Ayant rencontré un ami dans la cour, c’était à Old Chapel, cet ami le félicita sur sa nomination, ajoutant avec un air de plaisanterie « J’espère que cette nomination ne vous tournera pas la tête. » Bramwell se borna â le regarder avec sérieux en lui disant : « O mon frère, vivez pour Dieu ! »
Le 12 août, après la dernière séance de la Conférence, il fit ses préparatifs pour s’en retourner. chez lui à Manchester; et il dit à plusieurs amis qu’il s’attendait à ce qu’une attaque d’apoplexie le rappelât bientôt auprès de Dieu. Il devait partir le lendemain à trois heures du matin. Il pria le soir avec ses hôtes et les recommanda à Dieu avec une chaleur toute particulière. Puis on l’entendit immédiatement après priant avec une grande ferveur dans sa chambre à coucher; il fit plusieurs fois cette demande qu’on entendit très distinctement : «Seigneur, prépare-moi pour ton royaume, et reçois-moi dans ta gloire ! » A deux heures du matin on l’entendit encore priant toujours, il répéta plusieurs fois : «Seigneur, bénit mon âme, et rends-moi prêt. » A deux heures et demie il descendit sans être appelé et trouva une servante qui ne s’était pas couchée et qui lui servit son déjeuner. Pendant qu’il le prenait, il leva plusieurs fois les mains et les yeux au ciel en disant avec la plus grande solennité : «Que Dieu soit loué! Gloire soit à Dieu ! » II pria ensuite avec la servante et lui donna sa bénédiction. Puis il partit mais il n’avait fait que quelques pas dans la rue qu’il tomba d’une attaque d’apoplexie. Deux agents de police le relevèrent et donnèrent l’alarme chez l’hôte qu’il venait de quitter (M. Sigston, dans le Queen Square). En revoyant ses amis, « Réjouissez-vous leur dit-il, je ne suis plus sur la terre pour longtemps. » Ce furent ses dernières paroles. On le transporta dans la maison; et quelques minutes après, son âme retournait à Dieu.
Cette fin soudaine fit grande sensation à Leeds. Chacun parlait avec émotion de l’homme de Dieu qui venait de partir pour un monde meilleur; et quand le Révérend Dawson fit la prédication funèbre, près la place où il était tombé, plus de dix mille auditeurs se rassemblèrent et écoutèrent avec la plus profonde attention.
La multitude qui prit part aux funérailles à Westgate Hill (Circuit de Birstal) fut plus grande encore.
Les restes mortels de Bramwell reposent dans le cimetière attenant à la grande chapelle wesleyenne de cette localité. On lit sur le monument funéraire qui y fut élevé :
Ici reposent les restes mortels du VÉNÉRABLE WILLIAM BRAMWELL MINISTRE DE JÉSUS-CHRIST excellent et vaillant entre tous marqué du sceau de l’approbation divine
« Étranger ! quand tu approcheras de ce monument élevé à sa mémoire, souviens-toi de l’avertissement que sa vie entière nous a donné :
PRÉPARE-TOI A LA RENCONTRE DE TON DIEU
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