Eluana Englaro, dans le coma depuis 17 ans, meurt assassinée "légalement" en plein débat sur l’euthanasie en Italie

par nicolas le 10 février 2009 · 3 commentaires

dans la rubrique Bioéthique

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Le Figaro

Eluana Englaro, la jeune femme italienne en coma végétatif depuis 17 ans, est décédée lundi soir, peu après vingt heures. C’est ce qu’a annoncé le ministre de la Santé Maurizio Sacconi aux sénateurs italiens justement réunis pour examiner un projet de loi destiné à empêcher l’arrêt de son alimentation, autorisé par la justice. Car sa famille, après des années d’un long combat, avait finalement réussi à obtenir le droit de cesser de l’alimenter, par un arrêt définitif de la Cour de cassation le 13 novembre 2008. Vendredi dernier, Eluana Englaro était entrée dans une clinique privée qui avait acceptée de ne plus l’alimenter, au grand dam d’une partie de l’opinion publique et du Vatican. Les médecins estimaient alors qu’elle ne pourrait tenir qu’«entre 12 à 14 jours». Elle est finalement partie au bout d’un peu plus de trois jours. Les sénateurs ont observé une minute de silence en sa mémoire.

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1 tommyab 3 avril 2010 à 8 h 10 min

je suis médecin. et je constate des décès chaque semaine, et je pratique aussi des soins palliatifs, entre-autres.

ce cas est tourné en drame parce qu’il a été médiatisé, mais techniquement, sans assistance médicale, cette personne serait déjà morte depuis des mois, voire des années… Je ne connais pas le cas, mais je soupçonne qu’il y a du y avoir une chicane de famille sur les volontés de « jusqu’où aller », et que c’est allé dans les médias. Assez typique. C’est très certainement les gens de la famille qui s’occupaient le moins du malade avant que celui-ci ne soit mourant qui ont exigé les soins les plus aggressifs. Par culpabilité. Je vois ca toutes les semaines.

Nous voyons systématiquement, en tant que soignant, les membres de la famille peu impliqués dans la vie du malade (comprendre: incapables de vivre prêt d’un être qui souffre; se sentant coupables…), arriver comme des cheveux sur la soupe lorsque des décisions importantes sont à prendre et exiger de l’équipe médicale qu’elle fasse vivre un corps sans vie, ad vitam eternam. Et ce malgré les souffrances immondes que cela fera nécessairement vivre au malade. Mais le malade a souvent demandé de ne pas s’acharner à traiter la pneumonie qui l’emportera… la grand-mère souffrant d’alzheimer ou de paralysie, ou de maladie pulmonaire sévère qui la fait se sentir au bout de son souffle depuis les 10 dernières années et que la médecine a sauvé 40 fois de la mort en traitant les 30 pneumonies qu’elle a fait dans ces 10 années et les 10 oedèmes pulmonaires, au prix d’hospitalisations prolongées et répétées, de médications par intra-veineuse, de prises de sang répétées, de nuits d’insomnie à « presque mourir » pendant des jours, des semaines, des mois…

Les gens en occident qui sont en-dehors du domaine médical vivent trop souvent dans une bulle, dans un monde de rêve à la Walt Disney, où la mort et la maladie sont des abstractions qui ne les frappent que rarement de prêt,… et qu’ils évitent lorsque celle-ci les approchent (on a qu’a pensé aux traditions de deuils qui n’existent plus dans nos sociétés, où l’individu est supposé enterrer sa mère le mardi, et entrer au travail le mercredi, et « fonctionner » comme si rien ne s’était passé. On peut aussi mentionner le fait que la mort, et en fait surtout la souffrance avant la mort, survient la vaste majorité du temps dans un milieu très médicalisé, loin de la réalité quotidienne, et souvent dans la solitude. Malheureusement.)

… dans le coma depuis 17 ans… !!! je n’ose même pas imaginé le nombre de complications qu’elle a pu faire. Des centaines de pneumonies au moins. Des obstructions intestinales (constipation sévère) à répétition. Des infections urinaires par dizaines. Des plaies de lit. De la dénutrition sévère. Et toutes ces complications ont été à chaque jour traité par la technique médicale. Par des médicaments, par des tubes d’hyperalimentation artificielle. Par des lavements de l’intestin. Par des monitoring de ses paramètres sanguins (donc des prises de sang régulières, donc de la douleur à répétition…). Elle a donc été sauvé des milliers de fois de la mort par la médecine. Si elle avait vécu en 1850, où ailleurs que dans un pays industrialisé aujourd’hui, elle serait morte 3 jours après le début de son coma, maximum, par déshydratation, ou surinfection pulmonaire. Probablement en moins d’une heure en fait, par arrêt respiratoire.

Pour moi, le plus scandaleux, ce n’est vraiment pas qu’on ait retiré le tube d’alimentation qui le maintenait en vie, mais c’est qu’on l’ait sauvé des milliers de fois depuis 17 ans à cause de l’obsession de la médecine moderne, à cause de cette médecine issue du délire de la science positiviste du début du 20e siècle… (et d’une bonne dose de culpabilité catholique italienne).

cette bataille médiatique/politique est une vraie farce. c’est immonde. L’arrêt des soins médicaux dits « actifs » se fait à toutes les minutes dans tous les hôpitaux du monde, et ça ne fait pas les nouvelles, et personnes n’observent de minute de silence pour cela. Parce qu’à un moment où un autre, il faut savoir s’arrêter.

c’est d’un ridicule ces politiciens…. incroyable.

d’un point de vue économique, par ailleurs, ce qui devrait être fait dans certains cas, c’est d’exiger que la famille qui demande des soins ridiculement agressifs pour des conditions irréversibles comme le coma (donc des soins que l’on qualifie de futile), que celle-ci paie pour les soins du malades. À 1000-2000$ par jour, je vous dirais que les ardeurs de certains à tenir grand-maman à moitié-vivante-à-moitié-morte seraient vites refroidies.

2 David 12 février 2009 à 17 h 50 min

Si je lis bien, elle est morte parce qu’on a cessé de l’alimenter ? En suoi est ce un "assassinat" ? Elle ne serait pas entrée dans l’hopital, elle serait morte naturellement…

3 odile 10 février 2009 à 12 h 31 min

j’ai du mal à comprendre! il y a une levée de bouclier contre l’euthanasie, mais on n’entends jamais rien sur le fait que cette jeune femme n’aurait sans doute pas vécue si la médecine n’avait pas lors de son accident tenté le tout pour le tout. j’ai travaillé de nombreuses années en milieu hospitalier et bien souvent on "récupère" des personnes vouées à une mort certaine après accidents de toutes sortes. Alors je dis que les médecins soient un peu plus humains et qu’ils arrêtent de jouer à Dieu tout puissant en sauvant des personnes dont ils connaissent très bien l’état végétatif ensuite.

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