La Révocation de l’Edit de Nantes, par G. Fruhinsholz

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Shalom Israël

La révocation de l’Edit de Nantes… Il y a plus de 300 ans, le 18 octobre 1685, en son château de Fontainebleau, le roi Louis XIV révoqua l’Édit de tolérance1 signé à Nantes par son grand-père Henri IV en 1598. Sur les conseils de son entourage, Louis XIV décide d’extirper « l’hérésie protestante » de son royaume. Il reproche aux Huguenots2 leur sympathie pour l’Angleterre et les Provinces-Unies des Pays-Bas. Et surtout, comme la grande majorité des Français et des Européens de son temps, il admet mal que deux religions puissent cohabiter dans un même État. On tente de convaincre les Calvinistes3 les plus pauvres de se convertir contre espèces sonnantes et trébuchantes. Mais les adeptes de Jean Calvin témoignent dans l’ensemble d’une grande rigueur morale et ne se laissent pas aisément manipuler. Dans les provinces, les intendants recourent à des manières plus brutales comme l’enlèvement d’enfants, pour les baptiser en dépit de leurs parents.

Ils décident également de loger les dragons de l’armée chez « les adeptes de la RPR » – la Religion Prétendue Réformée. Ces « missionnaires bottés » se comportent comme en pays conquis, n’ayant pas de scrupule à piller, violer et parfois tuer leurs hôtes. Avec les « dragonnades », les conversions forcées se multiplient. Par l’Édit de Fontainebleau, le roi supprime ce qui reste de la tolérance religieuse héritée de Henri IV. Il interdit la pratique du culte réformé, ordonne la démolition des temples et des écoles, oblige à baptiser dans la foi catholique tous les enfants à naître, ordonne aux pasteurs de quitter la France mais interdit cependant aux simples fidèles d’en faire autant, sous peine de galères. L’opinion catholique, y compris les plus illustres écrivains de l’époque (La Fontaine, La Bruyère, Mme de Sévigné,…) applaudit à la mesure. Mais, très vite, le roi peut mesurer l’étendue de son erreur.

Dans les Cévennes, la révolte des Camisards éclate en 1702. Malgré l’interdiction de s’enfuir, près de 300.000 Protestants quitteront la France pour se réfugier à Berlin, Londres, Genève, Amsterdam ou même au Cap, en Afrique du sud. Ces exilés issus de la bourgeoisie laborieuse feront la fortune de leur pays d’accueil et leur départ aura appauvri la France en la privant de nombreux talents. La révocation de l’Édit de Nantes est considérée comme la plus lourde erreur de Louis XIV…

Du Prophétisme cévenol au Sionisme chrétien

La plupart de ces Protestants exilés possédaient une foi solide basée sur les Ecritures. Ils aimaient les héros de la Bible. Beaucoup avaient comme prénoms, Abraham, Josué, Deborah… ils avaient l’amour d’Israël et savaient par l’écoute des prophètes que viendrait le temps béni d’un royaume sur la terre avec un Israël restauré, dans sa patrie retrouvée. Ils étaient « millénaristes4 », croyant en l’avènement du Messie à Jérusalem. Réfugiés en Angleterre, on les appelait « les french prophets ». Nombre de ces Protestants, Anabaptistes, Piétistes et Moraves, partirent en Amérique du Nord. Ils avaient en commun d’aimer la Bible et d’être sionistes. Aujourd’hui ce sont pour beaucoup leurs descendants qui soutiennent Israël. C’est d’une Angleterre influencée par ces Protestants que fut signé « le Traité de Balfour » donnant à Israël une amorce d’existence en tant que nation. Le comte de Balfour, Premier ministre britannique et protestant5, était favorable au courant idéologique appelé sionisme chrétien. Haïm Weizmann écrivit dans ses mémoires : «Les hommes comme Balfour, Churchill, Lloyd George, étaient profondément religieux ; ils croyaient en la Bible. Pour eux, le retour du peuple juif en Palestine était une réalité, de sorte que les sionistes représentaient pour eux une grande tradition, pour laquelle ils avaient beaucoup de respect ».

Sionisme et millénarisme

Le Sionisme chrétien provient d’une pensée biblique croyant en l’accomplissement littéral des promesses écrites dans le Tanakh par les prophètes. Ces promesses évoquent en effet un royaume terrestre dont le livre de l’Apocalypse se fait l’écho en donnant une durée évoquant l’éternité ou en tous cas une longue durée : « mille ans » ! Cela évoque le 7e jour – « Mille ans est comme un jour » – jour de Chabbat et de repos pour D.ieu. Ce sera un temps de paix où, nous dit la Bible, « les nations ne tireront plus l’épée contre une autre, et l’on n’apprendra plus la guerre » (Esaïe 2, Michée 4)… où « le loup habitera avec l’agneau… » et où « la terre sera remplie de la connaissance de l’Eternel comme le fond de la mer par les eaux qui les couvrent » – Esaïe 11. La pensée du Millénarisme est biblique.

Le Docteur André Lamorte6 écrivit ceci : « Attention danger ! Que les croyants prennent garde… Le courant a-millénariste7 constitue aujourd’hui un grave danger. Si Israël n’a plus aucun avenir, si nous devons le considérer comme définitivement rejeté par Dieu quant à sa destinée et à sa vocation ; si nous devons attribuer à l’Eglise par le jeu d’une exégèse symbolique les prophéties de l’Ancien Testament concernant le peuple de Dieu ; si nous devons renoncer à donner aux termes du texte biblique leur valeur propre ; si le Royaume du Messie sur la terre doit être regardé désormais comme une pure conception de l’esprit… alors le plan de Dieu dans l’histoire aboutirait à un lamentable échec ».

Contre les « Révocateurs » d’aujourd’hui : résister !

On pourrait dire que le 11 sept 2001 a été le jour de « la Révocation de l’Humanité ». Le révocateur est celui qui nie à la fois l’être humain dans ses droits élémentaires et son Créateur. Le Dieu du révocateur est un faux dieu. Ben Laden s’est affirmé comme le révocateur du 9/11 et Mahmoud Ahmadinejad peut se vanter d’en être aussi, comme tous les Islamistes qui prétendent imposer au monde les lois de la charia, en voulant au passage détruire l’Etat hébreu et assujettir toute démocratie rebelle à l’Islam… Il appartient à l’humanité de résister. C’était le beau « slogan » Imagedes femmes protestantes enfermées dans la Tour de Constance8, dont l’une, la plus connue qui encouragea ses compagnes de servitude, Marie Durand, qui fut emprisonnée 38 longues années.

Aujourd’hui dans la fin des temps que nous vivons, il appartient à tous les hommes de bonne volonté de résister à toute tentative d’asservissement moral et spirituel. Elle peut venir de l’Islam, mais aussi de ceux qui veulent imposer au monde, comme Louis XIV dans le royaume de France, une pensée unique.

C’est l’image de la tentative antique de Babel (Gen.11/9) – « Babel, le lieu de la confusion », dont on dit que Nimrod9 fut l’architecte. Croyons en la pensée de D.ieu, belle comme l’arc-en-ciel, semblable à la tunique multicolore de Joseph, fils de Jacob. Le Maître de l’univers est un D.ieu qui a plaisir à se révéler, Il aime la variété et la diversité, et Lui seul est unique – Adonaï e’had. C’est Lui qui décidera de la « fin des temps », laquelle s’ouvrira sur une nouvelle ère de paix et de liberté, réunissant Israël et l’Humanité sous Sa sainte bannière :

« Réjouissez-vous avec Jérusalem…
Je dirigerai vers elle la paix comme un fleuve
et la gloire des nations comme un torrent débordé…
Le temps viendra de rassembler toutes les nations et toutes les langues.
Elles viendront et verront ma gloire » – Esaïe 66

1 Voir Hérodet.net. Renaissance et Réforme.
2 Le terme Huguenot est l’ancienne appellation donnée par leurs ennemis aux Protestants français calvinistes pendant les guerres de religion.
3 Disciples de Calvin. Jean Cauvin dit Calvin (1509-1564) est un réformateur français. Il est, avec Martin Luther, l’un des initiateurs de la Réforme protestante, en opposition à certains dogmes et rites de l’Église catholique romaine. Réfugié à Genève, il a fait de la ville vaudoise, la capitale de la Réforme.
4 Croyant en un règne terrestre messianique de mille ans. La pensée catholique prône « l’A-millénarisme » qui est l’absence du Millenium à la fin des temps. Dans la théologie romaine, l’Eglise est enlevée dans le ciel et c’est la fin du monde. Jusqu’à 1948, cette particularité doctrinale n’a pas été un problème épineux, mais elle le devient à présent que nous voyons l’accomplissement « littéral » des prophéties avec le retour sur la scène mondiale d’Israël. C’est pourquoi – c’est une raison majeure – le Vatican n’a pas reconnu l’Etat hébreu avant 1991.
5 Assis sur le banc de l’Eglise paroissiale de Wittingham, le jeune Balfour entendait la pure doctrine évangélique : « Les Juifs doivent d’abord retourner à Sion et ensuite viendra le drame final » – (Arthur W. Kac).
6 Docteur en théologie et Docteur de l’Université de Strasbourg, aujourd’hui décédé.
7 L’A-millénarisme est la doctrine qui prône l’absence de règne terrestre.
8 Enfermée avec d’autres femmes de tous âges, Marie Durand va vivre dans la pauvreté, le froid, la promiscuité. On attribue à Marie le mot « REGISTER » (résister en occitan) gravé dans la pierre d’une margelle au centre de la salle commune. Résister, c’est ce que fera Marie Durand tout au long de sa captivité, refusant jusqu’au bout d’abjurer sa foi.
9 Fils de Koush, et premier-né de Cham, fils de Noé selon Genèse 10, 8-10, Nimrod serait le fondateur et le roi du premier empire venu à l’existence après le déluge. Il se distingua en qualité de « puissant chasseur devant L’Eternel », ce qui contient une nuance péjorative. Nimrod a comme signification « rebelle » (mered).

Mot-clefs: Christianisme, protestantisme, religion

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