Terry Jones et les autodafés de corans: « Quand le sel perd sa saveur », une réponse au CNEF

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Créé le 15 juin dernier, le Conseil National des Evangéliques de France est resté muet sur les sujets qui ont défrayé la chronique cet été. Il ne s’est pas exprimé lorsque des missionnaires chrétiens ont été exécutés par des Talibans, que l’on peut voir sur cette photo brandir un des livres qui a déclenché leur fureur. Le CNEF ne s’est pas non plus exprimé lors des soulèvements communautaires qui ont enflammé les banlieues, pas plus qu’il n’a fait entendre la voix des évangéliques sur les questions de société, comme celle des retraites, de l’islamisation de notre nation, sur la libéralisation des jeux d’argent en ligne ou sur la désastreuse prestation footbalistique de nos mercenaires nationaux, bref: le CNEF n’a, en matière d’occupation du terrain médiatique, guère brillé. Il vient tout juste d’être créé, dirons-nous; il lui faudra du temps pour s’exprimer et être entendu.

C’est hier, le 9 septembre, qu’il s’est fendu de son tout premier communiqué officiel, pour fustiger l’action du pasteur Terry Jones, qui se propose de brûler des corans demain. Si j’en partage les grandes lignes, qu’il me soit permis d’en relever le manque de fondement biblique et l’aspect laconique.

Laconique d’abord, car le communiqué ne met pas en perspective les enjeux de l’affaire: Le 11 septembre 2001, ce n’est pas l’Amérique qui a mis à mort plusieurs milliers de ses enfants mais bien quelques fanatiques venus essentiellement d’Arabie Saoudite. C’est l’Arabie Saoudite qui continue, et très massivement, de persécuter les croyants en Jésus-Christ et c’est toujours d’Arabie Saoudite qui viendra l’argent qui servira à la construction de la mosquée prévue par Barack Obama tout près de Ground Zero alors que dans le même temps une église détruite à l’époque ne sera pas reconstruite : que de symboles !

Pas biblique le communiqué du CNEF, car fut-il dans l’erreur et dans l’amertume, le pasteur Terry Jones n’en demeure pas moins notre frère en Jésus-Christ. Il convient de le redresser dans un esprit de douceur et non de s’en désolidariser d’un air de dedain, dans la crainte que la foudre qui, à n’en pas douter, lui tombera dessus, n’en vienne à éclabousser notre dignité. Je dirais même plus: c’est le silence complice des autorités instituées qui est la cause des débordements dont se rendent coupables ces hommes que, par surcroît, l’on qualifiera ensuite d’ « extrémistes ». Si des organismes comme le CNEF s’indignaient plus fréquemment par voie de presse, les hurluberlus dans son genre n’étaleraient pas leur vindicte maladroite sur la place publique.

Si l’on ne peut être d’accord sur la forme, sur le fond, on doit reconnaître la pertinence de du pasteur Jones qui lui, berger d’un minuscule troupeau, a réussi à capter, en quelques semaines, l’attention du monde entier.

Et lorsqu’on relit bien attentivement le message plein de modération du CNEF, on ne peut s’empêcher de penser qu’il est plus proche d’un message humaniste et conciliant que d’un appel chrétien à la repentance et au changement individuel et collectif. Jésus a-t-Il toujours apporté la paix?

Mes frères du CNEF qui marchez devant nous, un petit effort et certes, notre réputation comme notre témoignage, se répandront tel un bon parfum ! Mais JAMAIS nous n’empêcherons le monde de nous haïr car la lumière que nous portons ne sera JAMAIS populaire ! Si nous nous taisons au sujet des grandes et des justes causes, les pierres de la haine, de la vindicte et de la rancoeur crieront, avec les conséquences que nous connaissons.

Alors pourquoi ne l’avoir pas dit haut et fort? Brûlerait-il un ou 200 corans, que Terry Jones ne se rendrait jamais plus coupable que d’un seul crime, celui d’être bête comme un âne. Mais jamais, au grand jamais, son crime n’égalera celui que l’Islam, objet de son courroux, impose partout dans le monde en décapitations, assassinats, lapidations, mutilations, brimades, emprisonnements, crimes d’honneur ou « bâchage » de femmes. Partout où l’Islam s’installe ce sont les libertés qui reculent et l’intolérance qui progresse: à quel endroit de votre communiqué en avez-vous seulement fait état?

Vous êtes le sel de la terre ; mais si le sel a perdu sa saveur, avec quoi sera-t-il salé ? Matthieu 5;13

En toute affection et en tout respect,

Votre frère

Nicolas ><>

L’autodafé

par S. K., pasteur iranien

La décision d’un pasteur baptiste américain de brûler le coran en public à l’occasion de l’attentat du 11 septembre a provoqué l’émoi de l’opinion publique internationale qui y voit une nouvelle occasion pour fustiger l’ « intransigeance » de foi évangélique

Cette décision n’engage que le pasteur en question et non l’ensemble de la communauté évangélique qui a pour mission d’annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume et non la guerre sainte.

Ceci étant, cet émoi surprend d’autant plus que l’autodafé par l’armée américaine, en mai 2009, de milliers de bibles en Afghanistan n’a provoqué aucune réaction de la communauté internationale et d’une communauté chrétienne désormais prête à des compromissions avec les pouvoirs.

L’autodafé de bibles et de littérature chrétienne est pratiquée par la République Islamique d’Iran qui cherchant à capitaliser les divergences doctrinales au sein de la communauté chrétienne, évoque l’impératif d’éliminer les bibles de division suivant le canon protestant. Dernièrement la presse proche du pouvoir qui évoque souvent le péril chrétien a annoncé la saisie et la destruction de littératures et de « bibles sectaires ».

La société biblique a été fermée dès l’avènement de la révolution en Iran et la possession de la Bible « sectaire » est susceptible d’être considérée comme un délit en République Islamique. Il est demandé aux chrétiens de se mettre plutôt à lire la littérature islamique, les grands ayatollahs dont l’ayatollah Behjat très apprécié des agents de la Police Politique.

Au-delà de la haine que vouent les mollahs pour la Bible d’où on aurait effacé les prophéties sur Mahomet, il y a une souffrance imposée à la communauté chrétienne iranienne qui expérimente des vexations au quotidien, ce sous les regards complaisants d’une communauté internationale. Pire l’attitude de la communauté chrétienne occidentale qui semble déjà se faire à l’idée d’une dhimmitude prochaine et donc à ménager la sensibilité des extrémistes (?) musulmans… « arrêtez d’évangéliser, soumettez-vous en bon dhimmis »semble-t-on suggérer aux chrétiens orientaux. Sans doute une interprétation inadéquate du principe de « tendre l’autre joue ».

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