Iran : Un rapport accablant sur la situation des Chrétiens iraniens

276 lectures, par Jean-Luc B le 12 septembre 2010 · 3 commentaires

dans la rubrique Géopolitique et bruits de guerre, Médias et désinformation, Persécution des chrétiens, Proche et Moyen-Orient, Sujet de prière, Terrorisme islamique

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La république islamique d’Iran vient de condamner à 20 ans de prison 7 chefs de la communauté Bahaï. Il s’agit d’un moyen pour provoquer un clash avec l’Occident pour refuser le dialogue sous la pression des sanctions. Téhéran a choisi les Bahaïs car ils disposent de lobbies très actifs qui en s’agitant pour sauver leurs coreligionnaires aident les desseins du régime. C’est pourquoi le régime accorde une forte médiatisation à cette condamnation. Parallèlement à cette persécution délibérément médiatisée, le régime mène une répression silencieuse contre les Chrétiens car le christianisme est devenu une religion refuge. De nombreux croyants iraniens changent de religion, déçus pour l’islam très intégriste des mollahs. La conversion est devenu la preuve de l’échec au régime auprès de la base croyante. Téhéran mène la vie dure aux Chrétiens et surtout aux prêtres qui officient dans la clandestinité. L’un d’eux, le pasteur Behrouz Sadegh-Khandjani, président du Conseil Pastoral de l’Eglise d’Iran, est actuellement au centre des pensées des Chrétiens d’Iran car il est en prison, privé de tout contact avec ses proches ou un avocat et doit passer en jugement le jeudi 19 août. L’Eglise d’Iran nous a envoyé un rapport accablant sur la situation des Chrétiens en Iran afin de solliciter le soutien de la France pour la libération de notre compatriote chrétien Behrouz Sadegh-Khandjani.

La situation des Chrétiens en Iran a été toujours précaire depuis l’avènement de la Révolution Islamique.

Si le pouvoir a toujours tenté toujours d’établir un distinguo entre de bons chrétiens- d’ascendance chrétienne et ayant fait leur deuil de l’idée même de présenter leur foi, dans une logique d’échange- d’une part et les mauvais Chrétiens venus majoritairement de l’islam et de confession protestante de l’autre, les chiffres sont assez éloquents pour prouver une baisse radicale de la population chrétienne en Iran ces 30 dernières années. En effet, compte tenu de la politique du pouvoir d’homogénéiser l’espace religieux en Iran, une majorité de chrétiens iraniens, toutes confessions confondues, a dû prendre le chemin de l’exil.

La répression de l’identité chrétienne en a connu deux phases en Iran, depuis l’avènement de l’Ordre islamique : la persécution « douce » et la persécution « dure ».

© WWW.IRAN-RESIST.ORG
La première est celle d’une persécution « douce » dans la mesure où il s’agissait de réprimer l’identité chrétienne en fermant ou en limitant aux Chrétiens l’accès au marché du travail ou même quelques fois aux hautes études par le biais d’un système appelé « gozinash » ou « sélection ».

L’idée était avant tout d’inciter les Chrétiens à accepter l’islam pour accéder à une certaine stabilité sociale ou à se résoudre à l’exil. Nous pouvons citer le cas de l’ingénieur Djordjis Givargis, démis de ces fonctions au lendemain de la victoire de l’Ordre Islamique en 1979. Des projets intéressants, lui ayant été successivement refusé, ce Chrétien de souche a dû prendre le chemin de l’exil 15 ans plus tard. Il s’agit d’un cas entre des milliers. Dans un contexte où des musulmans ayant une attitude perçue comme « hétérodoxe » arrivent difficilement à trouver leur place, on peut dire que les Chrétiens n’ont pas le droit d’exister socialement mais sont « tolérés » par les bons musulmans qui pourraient perdre patience à tout moment.

Cette période de « persécution douce » a été aussi ponctuée par des moments de graves violences contre les Chrétiens. Ces périodes critiques pour les minorités correspondent à des périodes de fragilisation du pouvoir où les responsables tentent de se redéfinir, de s’authentifier par la négation des altérités.

La première période de transition est celle l’avènement de la Révolution. Sont assassinés au cours de cette période :
1. Le révérend Arestou Sayah est assassiné le 2 février 1979- Chiraz
2. Bahram Dehghani-Tafti, fils du prélat anglican, en mai 80 dans la banlieue de Téhéran, une dizaine de jours après le déclenchement de la guerre Iran-Irak.

La deuxième transition qui suit le conflit aura aussi ses martyrs. La déception d’une fin de la guerre peu glorieuse et la mort de l’ayatollah Khomeiny marque le début d’une transition. L’alternance au sommet se traduit par le passage d’une économie d’inspiration socialiste caractéristique de l’ère Khomeiny à une économie « de marché », fait de nouveaux riches dans l’élite du pouvoir, ce au détriment des couches déclenches un processus qui est perçu, par l’élite, comme une désacralisation de l’Ordre. Pour empêcher que les « ennemis » ne profitent de ces moments de faiblesse de l’islam, le pouvoir décide de frapper encore la mal pensée :
1. Le pasteur Hossein Soudmand est exécuté le 3 décembre 1990 à Mashad pour apostasie
2. Le pasteur Hayek Hospianmehr est assassiné le 19 janvier 1994
3. Le pasteur Tataous Mikaelian est assassiné le 28 janvier 1994
4. Le pasteur Mehdi Dibaj est assassiné le 24 mai 1994
5. Le pasteur Ravanbakh Youcefi est assassiné le 28 septembre 1996

Cette liste ne tient pas compte d’autres chrétiens tués « comme par accident ».

En dépit de ces assassinats qui ciblent le leadership, le pouvoir reste avant tout dans une logique de répression douce. Les Chrétiens bien que fragilisés sur le plan économique ne se sentent pas vraiment menacés. Officiellement les assassinats sont attribués aux ennemis de la Révolution et personne n’est inquiété en Iran en raison des ses opinions. On rappelle à qui veut l’entendre qu’« il n’y a pas d’obligation dans la religion ».

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La persécution « dure »| Depuis l’avènement du nouveau président, la logique d’une persécution dure s’est imposée aux responsables du pouvoir. Au cours de la campagne électorale 2005, Ahmadinejad est le seul candidat a esquivé la question de l’égalité de tous les citoyens compte non tenu de leur religion. À la question d’un journaliste de la télévision d’Etat sur les minorités religieuses, Ahmadinejad répondra sans beaucoup de conviction : « il y a diversités de fleurs, chacune est différente ». En réalité, Ahmadinejad veut appliquer le programme caché des dures du régime qui s’inquiètent de la montée du christianisme. Ahmadinejad promet aux extrémistes d’arrêter le « péril chrétien ».

Chose promesse, chose due, les Renseignements vont s’exécuter :
1. Ghorban Touran est sauvagement assassiné devant sa maison le 22 novembre 2005
2. Mohammad Jaberi est assassiné le 24 mai 2007 à la prison d’Evin
3. Mohammadali Djaafarzadeh est exécuté 27 mai 2007 à la prison d’Evin
4. Abbas Amiri est battu à mort le 30 juillet après une réunion, il meurt le jour suivant
5. Sakineh Rahnema (Amiri) , son épouse décédera de ses blessures le 2 août

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La répression continue | Toujours au mépris des articles 13 et 23 de la Constitution de la République Islamique d’Iran et des Textes internationaux régissant les droits citoyens dont la Déclaration Universelle des droits de l’homme, les autorités gouvernementales et religieuses iraniennes ont déclenché depuis l’année dernière un processus accéléré de spoliation des droits des minorités chrétiennes.

Voici les dernières évolutions de la situation des prisonniers :
1. Madame Fatemeh Passandideh, l’épouse du pasteur Youcef Nadarkhani, arrêtée le 8 juin 2010, a été condamnée à la perpétuité pour apostasie -c’est-à-dire un crime de pensée- par la douzième chambre de la cour d’assise de Rasht. La sentence lui a été communiquée le 3 août dernier. Déférée au départ par le tribunal révolutionnaire de Rasht, son cas aurait été transféré à une cour d’assise pour des raisons que nous ignorons.

La Police Politique semble demander au pouvoir judiciaire en place de fonctionner comme chambre d’enregistrement des décisions déjà prise à l’encontre des Chrétiens par les agents du ministère des Renseignements. L’arrestation de Madame Passandideh, mère des deux enfants en bas âge, visait au départ à accroître les pressions sur son mari, le pasteur Youcef Nadarkhani.

2. En dépit des vices de procédure signalée par l’avocat maître Sarbazi, la Police Politique de la République Islamique d’Iran, continue à refuser la libération du pasteur Youcef Nadarkhani détenu à Rasht depuis octobre dernier. Jusqu’à présent, deux juges ont estimé qu’il y avait hadd dans son cas, la signature d’un troisième signifierait la peine capitale.

Le pasteur Youcef Nadarkhani a été arrêté le 13 octobre 2009. Il avait protesté contre la volonté du gouvernement iranien d’imposer une éducation islamique aux enfants chrétiens, ce au mépris de la constitution iranienne et de l’article 26 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui stipule que « Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants ». Une fatwa de l’ayatollah Khamenei va officiellement dans le même sens [1].

3. Le pasteur Behrouz Sadegh-Khandjani (ci-dessous) est toujours dans le sinistre « plaque 100 » prison de la Police Politique, à Chiraz. En dépit des requêtes de l’avocat maître Taravatrouy, le tribunal n’a toujours pas accepté de réactiver la caution de 150 millions de tomans (150,000 $), mise à la disposition de la « justice » pour sa libération.
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Convoqué par la Police Politique afin de donner des explications sur les activités de l’Eglise, le pasteur Behrouz Khandjani, président du Conseil Pastoral de l’Eglise d’Iran, s’est rendu quelques jours suivants, c’est-à-dire le 11 janvier à Chiraz afin de donner des explications sur les activités de l’Eglise. Il a été immédiatement arrêté en compagnie de deux autres chrétiens.

Ils avaient auparavant reçu à Téhéran l’assurance qu’il ne s’agissait que d’« une séance d’explications ».

Libéré le 17 mars dernier sous une lourde caution, soit 150 millions de tomans (150,000 $), il a été réincarcéré le 16 juin dernier alors qu’il avait été convoqué officiellement pour « présenter sa défense ».

Il se trouve désormais dans un cachot des services des Renseignements (la plaque 100).

Le père de M. Sadegh Khandjani est mort en 1995 des suites d’une longue maladie provoquée par agression d’un élément de la mosquée du coin au lendemain de sa protestation contre la violence perpétrée contre des vendeurs ambulants près de la place de Mairie à Rasht. Il lui avait été aussi reproché de ne pas avoir perpétué l’islam. Il est donc reproché au pasteur Khandjani d’avoir quitté la religion de son grand-père alors que son père M. Mohammad Sadegh-Khandjani avait payé de sa vie « ce crime » de pensée.

Il est à signaler qu’arrêté il y a trois ans pour des raisons similaires, le révérend Sadegh Khandjani avait bénéficié d’un non-lieu. [2]

4. Le pasteur Behnam Irani, ayant bénéficié récemment d’une libération conditionnelle, fait l’objet d’une convocation devant le tribunal révolutionnaire. Il devra s’y rendre 21 août.

Selon nos informations sur la situation des prisonniers d’opinion en Iran, ces derniers sont soumis à des interrogatoires allant jusqu’à 8 heures par jour et quelques fois ils sont jetés ensemble dans des pièces exiguës où ils ne peuvent pas même pas dormir.


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Chers lecteurs,

Très récemment, lors d’une conférence de presse, M. Heydar Moslehi, le ministre des Renseignements, a qualifié l’Eglise d’Iran de « secte » d’apparence chrétienne mais servant en réalité les intérêts sionistes. Il s’agit là d’une grave accusation (sous le régime islamique d’Iran), accusation qui vise à légitimer les sentences les plus graves contre les prisonniers.

Cela fait des années que le pouvoir tente de prépare le terrain à l’idée d’une répression des Chrétiens en évoquant des collusions entre le mouvement évangélique et le sionisme pour « christianiser » l’Iran.

Si jusqu’à présent, par rapport à l’Eglise d’Iran, il s’agissait de lutter contre une petite « secte » d’origine arménienne ou azerbaïdjanaise, selon les termes utilisés dans la presse du pouvoir, désormais il y aurait impératif de réprimer un mouvement d’ampleur nationale et d’inspiration sioniste. Cette évolution sémantique est d’autant plus inquiétante que le pouvoir actuel entretient une culture antisémite.

Il y a donc menace de mort pour le pasteur Behrouz Sadegh-Khandjani et nous vous demandons de réagir à ce que l’on pourrait qualifier de processus prégénocidaire.

Iran-resist.org



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1 Michel Pierre 13 septembre 2010 à 8 h 20 min

Les arrogants ayatollahs iraniens aux occidentaux apeurés: »Silence, on tue! »
Décidément, l’Histoire ne cesse de bégayer. Souvenez-vous des années 30…

Ce commentaire est-il pertinent? +1 3 -1 0

2 Michoud Myriam 13 septembre 2010 à 16 h 22 min

J’en appelle à toutes les mamans qui nous lisent et à nos frères aussi . N’oubliez pas notre soeur Fatemeh Passandideh dans vos prières qui est condamnée à perpétuité et à son époux , sa famille .

Sûrement mère de famille … Imaginez la souffrance …

Que le Seigneur se révèle au sein de leur détresse comme celui qui pourvoit, qui guérit, qui console, qui délivre, qui sauve, qui protège, qui bénit …
et que Sa douce présence les envahisse …

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3 nordine 14 septembre 2010 à 12 h 49 min

Je m’associe à ta prière Myriam, ne pouvons malheuresement rien faire d’autre de plus, alors j’en appel à celui qui Seul qui peut agir dans les situtations les plus désespérés. Et comme tu le dit (le prie) :  » que sa douce présence (amour)les envahisse… » et bien d’autre chose en core j’espere…

Cela fait une heure que je j’essaie d’écrire un commentaire sur la situation en Iran, sur le sort des minorités religieuses, en particulier ceux des chretiens, mais bon… je préfère m’abstenir car le cas de l’Iran est trés compliqué et surtout trop politique, oui trop politique à mon gout ces dernier temps, et comme foi et politique ne font pas bon ménage, je m’abstiens par peur de m’égarer.

C’est pour cela que je m’associe vraiment de tout coeur avec tes prières Myriam.

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