Cette main levée, bientôt refermée en poing, exprime tout le mystère de la violence.
Main trop vite prolongée par un couteau.
Enigme du mal et mystère de ma main capable du meilleur comme du pire.
Main généreuse, main oublieuse, main ou séditieuse, ou encore violeuse, revendicatrice.
Main bistrée, aux doigts fragiles, et gracieux, qui se place sur le cœur dans un élan de sincérité.
Main dans la paume de laquelle l’on peut toucher du doigt toute cette potentialité d’amour, de tendresse et de générosité qui ne demandent qu’à trouver un point d’émergence.
Main baguée ou tatouée, ongles rongés ou longs, sales ou excessivement maquillés, mais toujours blessée.
Main en mal de ribote cherchant désespérément le goulot d’une bouteille.
Main gonflée par le froid ou mal cachée dans un gant troué.
Main bronzée retenant un pantalon sans ceinture.
Main désœuvrée, vide de projets d’avenir, s’accrochant désespérément à l’immédiateté du présent.
Main cherchant une autre main à serrer, un corps à caresser.
Main demandant à être aimée, adoptée ou tout simplement à livrer son secret.
Main faussement oublieuse d’un passé que l’on voudrait refouler
Main de celui qui, en recherche de son identité et de sa culture, cramponné sur un stylo, recopie fébrilement des pages et des pages du dictionnaire.


Il y a cette main aussi, celle de Jésus, la même qui, furieuse, renverse les étalages des marchands du temple, magnanime, guérit cet aveugle né ou relève cette femme conspuée, vers lesquels se lèvent ses doigts accusateurs.
La même encore, dans le jardin de Géthsémané à l’heure de la tristesse et du doute, se faisant prière suppliante vers le Père avant de retrouver la confiance.
La même, toujours, clouée sur le bois de la croix.
La même enfin, glorieuse au matin de la résurrection.

    Puis cette main tellement aimée, fraternelle, 
 se tendant vers ma joue dans un geste de tendresse, 
            comme pour dire ‘à plus tard’.