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La foi de nos pères
Il existe un grand nombre de Juifs prêts à accepter la morale chrétienne, mais qui refusent la doctrine chrétienne relative à la divinité de Jésus.
Je me trouvais un jour dans le bureau d’un intellectuel qui pensait ainsi.
- Etes-vous vraiment capable de faire du code de morale chrétienne une réalité de votre vie, lui demandai-je ? Vous dites que vous acceptez ce code et vous avez même dit qu’il était merveilleux.
Il se mit à rire. Il est déprimant de constater à quel point il est difficile d’entamer une discussion vraiment séreuse avec quelqu’un.
- Oui, me dit-il, mais on ne peut exiger qu’il soit mis en pratique.
- A mon, il est aussi ridicule de donner à l’humanité un code de morale auquel il est impossible d’obéir que de fabriquer de merveilleuses chaussures que personne ne pourrait mettre. Il se peut que le code de morale chrétienne paraisse impossible à suivre mais il n’en est pas ainsi pour tout le monde. Il faut que soient remplies les conditions nécessaires pour la pratiquer. Tout homme d’affaires sait que le revenu doit couvrir les dépenses. La morale chrétienne comporte certaines dépenses : aimer, servir, secourir. Mais où trouver la force suffisante pour cela ? Dans la foi, trésor de vérités révélées par Dieu.
- Non, non, répondit-il. Les dogmes chrétiens sont absurdes. Comment croire qu’un charpentier juif, qui achetait du bois, faisait chauffer sa colle, vendait son ouvrage et se comportait dans la vie quotidienne comme un homme ordinaire, pourrait être Dieu ? La seule forme de christianisme à laquelle pourraient un jour adhérer les Juifs serait l’Unitarisme. Jésus est peut-être un grand docteur, un grand prophète, mais il ne peut être Dieu.
- Cette possibilité n’existe pas. Jésus s’est attribué des droits divins et il a accepté d’être l’objet d’un culte qui n’appartient qu’à Dieu. S’Il n’est pas Dieu, Il n’a pu être un grand docteur mais seulement un imposteur ou un fanatique frappé de folie. Et vous n’oseriez pas Le considérer comme tel. Le seul autre terme de l’alternative est donc de L’accepter comme Dieu.
- Nous sommes dans le domaine des mots, coupa-t-il. Dans l’antiquité beaucoup de gens étaient considérés comme des dieux, et il en est de même des corps célestes. Hercule, Romulus, les empereurs Jules César et Auguste étaient acceptés comme des dieux. Caligula, ce fou, fut lui-même élevé au rang divin. On a considéré comme dieu le philosophe Epicure, et chez les premiers pères de l’Eglise chrétienne, certains affirmaient même que les chrétiens devenaient des dieux. Dans la langue des hommes, le mot dieu n’est pas réservé au sel Créateur. Nous pourrions peut-être, en ce sens, dire de Jésus qu’il est divin, comme nous pourrions le dire de Platon, ou parler de la divine musique de Beethoven. Mais pas davantage !
La position d’un protestant, quand il discute avec un Juif, est beaucoup plus facile que celle d’un orthodoxe ou d’un catholique. Les protestants se complaisent dans leur liberté de pensée, et n’ont jamais besoin de redouter d’affirmer par inadvertance ce qu’un catholique considèrerait comme hérétique.
Ma réponse fut donc celle-ci :
- Aussitôt que nous attribuons le caractère divin à une personne ou à une chose, nous nous plaçons sur un plan où les mots ont perdu leur pouvoir. En quoi Jésus est-il divin ? Et en quoi le Père céleste est-il divin ? Les Français ont raison de dire qu’un Dieu défini est un Dieu fini. Lao-Tseu a dit qu’un Dieu nommé n’est pas le vrai Dieu. Quand je dis que Jésus est Dieu je veux dire qu’Il ne peut être comparé à d’autres êtres humains. Son caractère est miraculeux : Il ne peut être expliqué par référence à des lois génétiques, à des lois de la nature ni à rien de tel. On trouve en Lui une combinaison heureuse des quatre types humains : sanguin, bilieux, flegmatique et mélancolique. La vie de Jésus ne peut s’expliquer qu’en admettant qu’Il vient d’une sphère plus haute que celle des hommes.
« Elevé dans un atelier de charpentier, sans accès à la sagesse d’autres peuples et d’autres races, Il a donné au monde, à l’âge de trente ans, un code moral incomparable. Sa mort, entre deux criminels, fut suivie d’une propagation miraculeuse de Sa religion. La meilleure explication de ces faits, c’est la divinité de Jésus.
« On ne peut juger sur le fondement de la sympathie ou de l’antipathie, mais sur le seul fondement des preuves. Permettez à votre intelligence de fonctionner comme un tribunal impartial qui rend son verdict sur la base des preuves qui lui ont été soumises. Cinq arguments, hautement convaincants, existent en faveur de la nature divine de Jésus.
Premièrement : Il a vaincu la mort, ce qu’aucun autre humain n’a fait.
Deuxièmement : Il a triomphé des lois physiques que l’homme ne saurait dominer (ressusciter les morts, guérir les léreux, multiplier les pains et les poissons, et ainsi de suite)
Troisièmement : Il a eu raison du Judaïsme qui voulait Le maintenir dans l’obscurité. De faux messies, qui ont été acceptés par les Juifs, tels que Bar-Kochba et Sabetai Zvi, sont inconnus du reste du monde, alors que Jésus, que nous avons rejeté, est adoré par des centaines de millions d’êtres.
Quatrièmement : Il a conquis l’empire romain. Julien l’Apostat, le grand persécuteur du christianisme, est mort en disant : « Ô Galiléen, tu as vaincu ! » La victoire est au plus fort et si Jésus a vaincu des rois, Il est le Roi des rois.
Cinquièmement : Par la folie de la croix Il a vaincu la sagesse humaine. Les systèmes philosophiques sont détruits les uns après les autres. Qui donc se souvient de Celse le philosophe antichrétien, ou du culte de la Raison institué par la Révolution française ? Qui mène encore sa vie selon le Talmud ? Mais les paroles du charpentier, à la fois homme et Dieu – le ciel et la terre passeront mais mes paroles ne passeront pas (Matt.24;35) – ont conservé toute leur valeur. D’un point de vue purement humain il n’y avait absolument aucune chance pour que la parole de Jésus fût accomplie ni pour que sa prophétie selon laquelle Son évangile serait propagé aux extrémités de la terre se réalisât jamais.
D’aucune façon Jésus n’a pu être qu’une personne humaine, et c’est pourquoi nous croyons qu’Il est Dieu sous l’aspect d’un homme.
Il est important de savoir cela. Si, en effet, le conseil médical que donne l’assistant d’un médecin a très peu de poids, le conseil qui émane d’un médecin très connu est de tout autre importance. Il devient possible de mener une vie chrétienne lorsqu’on sait que ces impératifs ne viennent pas d’une personne quelconque, aussi faillible que soi, mais de Dieu. Et c’est cela qui permet de garder les commandements de Dieu.
L’intellectuel juif resta sans réponse. Il était devenu pensif. J’étais las d’avoir eu le dernier mot : il est plus sage de le laisser à l’adversaire. Il est difficile de gagner à la foi celui qu’on a battu dans une discussion car on aura ainsi blessé son orgueil. En l’occurrence, j’avais eu le dernier mot, mais n’avais pu le convaincre.
Tiré de « Rue des Juifs », de Richard Wurmbrand, éditions Paulines
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Vers la première partie du texte, l’homme Juif fait cette proposition:
« La seule forme de christianisme à laquelle pourraient un jour adhérer les Juifs serait l’Unitarisme »
Le mot unitarisme est la définition d’un certain christianisme non-trinitaire qui reconnait Jésus comme le Messie et le Fils de Dieu ayant bien entendu une existence divine avant et après sa venue sur terre.
Je suis ainsi étonné de la réponse de ce juif, mais après réflexion, je ne pense pas qu’il adopte la même définition de l’unitarisme que celle que je viens d’énoncer dans le sens où (si je ne me trompe), les juifs attendent un Messie qui serait un simple être humain.
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