Lettre ouverte à un Juif messianique
Mon cher frère, je te remercie vraiment de m’avoir exprimé le fond de ton cœur en toute sincérité et je voudrais à mon tour tenter de te dire aussi précisément que possible ce qui se trouve au fond du mien quant à cette importante question de l’identité du juif ayant reconnu et accepté JESUS/YESHOUA comme son Sauveur et Seigneur personnel.
- Premièrement le juif, je suis tout à fait d’accord avec toi à 100% , n’a pas à renier ses racines juives, lorsqu’il reçoit Yeshoua comme son Sauveur et Seigneur. Loin de là! Toute la richesse précieuse héritée du Judaïsme biblique va l’aider au contraire à mieux s’émerveiller du parfait et total ACCOMPLISSEMENT de la Thora (la Loi) réalisé par et en Yeshoua. (Par exemple, signification spirituelle des fêtes de l’Eternel)
En ce sens, un juif comme moi n’ayant pas grandi dans une culture juive, de même qu’un non-juif, ne peuvent qu’être enrichis et bénis au contact de leurs frères messianiques. Et nous le sommes ! Nous avons donc besoin et l’Eglise dans son ensemble a grandement besoin de nos frères juifs messianiques et nous devons ardemment chercher à être vraiment UNS, juifs et gentils, unis dans notre Messie Yeshoua ou Christ Jésus, et oeuvrer ENSEMBLE, pour que, comme tu le dis, les multiples barrières et murs dressés tout au long de l’histoire honteuse de « l’Eglise », soient renversés et qu’une véritable repentance bouleverse nos cœurs.
Je crois à cet égard, que les juifs messianiques, en tant que mouvement collectif, sont porteurs d’un appel prophétique pour aujourd’hui, d’une mission, d’un mandat donné par le Seigneur tant pour le Corps de Christ que pour le peuple juif. A tout cela je dis et redirai toujours AMEN !
Mais attention, prenons garde à un grave danger et à une dangereuse séduction actuels : les juifs messianiques ne sauraient constituer une « Eglise » à part, séparée et distincte de l’Eglise des gentils appelés «chrétiens». Ils sont partie intégrante de l’Eglise, membres du Corps de Christ ( ou du Messie). Ils forment un peuple à part, avec leurs frères et sœurs issus des nations : le peuple des rachetés du Seigneur qui comprend aussi bien des juifs que des non juifs !
« Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Christ Jésus : Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes UN en Christ-Jésus.(Gal 3 :26-28) « Vous, par contre (= tous les élus selon 1 Pi 1 :1)vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple racheté… » ( 1 Pierre 2 :9) « Car c’est Lui ( Christ) notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, en détruisant le mur de séparation, l’inimitié » ( Eph 2 :14) Attention à ne pas reproduire les abominations du passé, comme par exemple, des églises de blancs et des églises de noirs, des églises d’hommes et des églises de femmes etc…
Nous n’avons pas à renier le nom de «chrétiens» donné à l’origine aux vrais disciples, juifs et non juifs de Jésus-Christ, à Antioche (Actes 11 :26) même si ce mot de « chrétien » est chargé de tant d’horreurs commises en ce nom !
Il nous faut seulement dire à nos interlocuteurs, qu’ils soient juifs ou non, ce que signifie un vrai «chrétien» !
- Deuxièmement, mon cher frère, en tant que croyant individuel, en tant que disciple de Christ, chaque juif messianique, homme ou femme, comme chaque chrétien gentil d’origine, est appelé à refléter la personne et le caractère de Christ – et ce, qu’il l’appelle Christ ou Machiah- et à porter beaucoup de fruit !
J’ai pour ma part, l’absolue conviction que, si la racine collective Israël est importante, parce que porteuse de la sève, l’arbre individuel qu’est le croyant est destiné à porter du FRUIT. C’est sa raison d’être, car, comme dit Jésus. « on reconnaît un arbre à son fruit !». Ce ne sont pas les racines que l’on mange, mais LE FRUIT ! Ce n’est pas la racine que les hommes voient, mais LE FRUIT. « Si vous portez beaucoup de fruit, c’est ainsi que Mon Père sera glorifié » a dit Yeshoua. Ainsi, pour ne prendre qu’un seul exemple, un juif messianique très attaché à « ses racines », à sa judaïcité, (dans le sens: voulant toujours pratiquer et respecter plusieurs ordonnances de la Thora) mais ne portant que peu ou pas de fruit spirituel dans sa vie ( selon GaI 5 :22) peut-il réjouir vraiment le coeur de son Dieu, malgré sa fidélité à ses « racines » ?
Or, à quelle condition le sarment peut-il porter du fruit ? En demeurant attaché au cep, c’est-à-dire à Christ !
( Jean 15 : 5) Que je l’appelle Christ ou Messie, Yeshoua ou Jésus, l’important n’est-il pas d’abord que je demeure EN LUI, en vérité, c’est-à-dire EN COMMUNION INTIME AVEC LUI, PAR SON ESPRIT ? C’est pourquoi, dans cette lettre j’utilise aussi bien le nom de « Jésus » que celui de « Yeshoua », même si je crois que son véritable nom hébreu est bien Yeshoua ! Faire une « fixation » sur son Nom juif en déshonorant ce même nom par nos attitudes n’est-il pas du pharisianisme ?
PORTER EN ABONDANCE CE FRUIT: AMOUR, PAIX, JOIE, PATIENCE, BONTE, BIENVEILLANCE, FOI (ou FIDELITE) DOUCEUR, MAITRISE DE SOI, voilà la volonté de Dieu pour chacun des « arbres » individuels que nous sommes, que ces arbres soient l’olivier naturel- Israël -ou l’olivier sauvage -les gentils - greffé sur l’olivier naturel ! (Rom 11)
Toute la Thora est ACCOMPLIE dans UNE SEULE PAROLE : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » .(Gal 5 :14)
« Quand je parlerais les langues des hommes et des anges ( et bien-sûr l’hébreu !!!) , si je n’ai pas l’amour, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit… » (1 Cor 13)
3) Quand je t’ai dis que tu te « cachais » inconsciemment derrière ton identité juive, qu’est-ce que je voulais vraiment dire ? Ceci : c’est qu’au lieu de t’attacher avant tout et plus que tout à JESUS/YESHOUA en demandant notamment à Dieu de te montrer si le fruit de l’Esprit abonde véritablement dans ta vie, et ce qui pourrait l’empêcher d’abonder encore plus, (le besoin est bien-sûr le même pour moi et tous nos frères et sœurs) j’ai le sentiment que tu t’attaches, que tu t’agrippes encore plus, que tu fais comme une sorte de « fixation » sur ce que tu appelles tes racines juives. En d’autres termes, ce qui est important mon frère bien-aimé, j’en suis persuadé devant le Seigneur, c’est de laisser l’Esprit Saint sonder nos coeurs en profondeur et nous montrer où nous en sommes vraiment dans la transformation de notre caractère et de toute notre vie à la ressemblance de Yeshoua. Or, comme cela souvent nous fait mal - car lorsque Dieu met le doigt sur nos fautes et nos offenses et sur les noirceurs de notre cœur, (Jér 17 :9) cela fait mal- alors les uns et les autres, nous préférons souvent « fuir » la réalité en nous « cachant », comme Adam et Eve, derrière toutes sortes de « feuilles ». Ces feuilles peuvent revêtir des formes et des noms extrêmement divers et l’une d’entre elles, propre à certains juifs messianiques en particulier, consiste en cet accent excessif mis sur leur « identité juive ».
Nous nous protégeons tous de la souffrance engendrée par la découverte de ce que nous sommes encore dans la chair, par toutes sortes de « barrières d’auto protection » et je crois avoir discerné que, parfois, le discours excessif- et je souligne excessif- sur l’importance des racines en est une. Mais il y en a bien d’autres. En outre, les terribles souffrances injustement endurées au cours des siècles par les juifs, individuellement et collectivement, en raison des agissements scandaleux, indignes, et honteux d’une soi-disant église « chrétienne » ne sauraient justifier cette auto protection car Dieu nous appelle tous à aimer et à pardonner COMME JESUS NOUS A AIMES.
Le « vrai Jésus » c’est celui qui aimait et bénissait ses ennemis, qui pardonnait au plus vil des pécheurs, qui pratiquait la justice, c’est celui du « sermon sur la montagne »…Et si certains ne le reconnaissent pas encore aujourd’hui, en particulier dans le peuple juif, ce n’est pas en premier lieu je crois, parce qu’il a été revêtu par l’histoire de « vêtements égyptiens ou grecs », dans le sens culturel du terme, mais d’abord parce que beaucoup de ceux qui sont censés être ses disciples, qu’ils soient juifs ou « grecs », ont changé son vêtement authentique d’amour et d’humilité en vêtement religieux, mondain, ou orgueilleux…Dieu me préserve d’être l’un d’entre eux !
Ainsi, par exemple, quand un juif messianique représentant soi-disant le vrai Jésus « dans ses habits de juif et sa langue de juif » s’emporte et agresse son frère juif ou non juif qui ne pense pas comme lui, manifeste-t-il ainsi le «vrai Jésus», l’agneau de Dieu si doux et humble ? Porte-il le vêtement du vrai Messie ?
« Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. A ceci ( à l’amour !) tous ( juifs et non juifs !) connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » ( Jean 13 : 34-35) A qui Jésus adressait-Il ces paroles ici ? A des juifs premièrement !
Voilà le vrai vêtement du Christ, vêtement universel, transculturel, reconnaissable tant par les juifs que les non juifs : L’AMOUR !
« Mais par-dessus tout, revêtez-vous de l’AMOUR qui est le lien de la perfection » (Col 3 :14) Comme l’écrit si admirablement notre cher frère juif messianique Ruben Berger, ancien juif orthodoxe, dans son livre « le vrai visage du Christ », la véritable identité du juif c’est Jésus !
Je le cite ( p 72) : « Je compris à ce moment que Jésus était toute ma vie, toute mon identité, et toutes les promesses de Dieu pour moi…p74 « Comme une femme qui se marie perd son nom de jeune fille en conservant son identité de femme, l’épouse de Jésus prend un nom nouveau, celui de l’époux. Elle perd en quelque sorte son identité pour prendre celle de son époux…. » « Ecoute ma fille, vois et prête l’oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père. Le roi porte ses désirs sur ta beauté ; puisqu’il est ton seigneur, rends-lui les hommages » ( Ps 45 :11-12)
« Si quelqu’un – juif ou gentil – est EN CHRIST, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées, voici, toutes choses sont devenues nouvelles ») 2 Cor 5 :17
Encore une fois, que pense notre Dieu d’un de ses enfants qui respecte scrupuleusement plusieurs des ordonnances de la Thora ( dont le Shabbat ) mais dont le coeur et la bouche sont encore remplis d’amertume, de ressentiment, d’orgueil spirituel, d’esprit de jugement ..et qui s’ est coupé volontairement de la communion avec le reste du Corps du Messie sous prétexte « qu’ ils n’aiment pas Israël » ?
N’est-ce pas « avaler le chameau et retenir le moucheron » (Mat 23 :24) c ‘est à dire oublier ce qui est LE PLUS IMPORTANT DANS LA THORA : LA JUSTICE, LA MISERICORDE ET LA FOI’ v.23)
4) Enfin, si Yeshoua condamne clairement le jugement orgueilleux d’un chrétien à propos de son frère, dans une attitude de coeur où le premier s’élève au-dessus de l’autre, se sentant supérieur à lui, il nous invite par ailleurs à nous « exhorter mutuellement, à nous exciter à l’amour et aux bonnes œuvres », voire même à nous reprendre mutuellement dans le respect et l’amour. « Si ton frère a péché, reprends-le ». Cela n’a rien à voir avec du jugement qui condamne son prochain. Aimer, mon frère, ce n’ est pas caresser toujours son frère dans le sens du poil, le flatter hypocritement etc …mais lui dire parfois, dans l’ amour de Yeshoua et la vérité, ce que le Seigneur nous met à coeur de dire, libre à chacun de recevoir ou rejeter ce que dit son frère.
Je crois en toute droiture devant Dieu avoir eu cette attitude envers toi, ma conscience m’en rend témoignage.
Je te bénis donc de tout mon coeur. Que le Seigneur t’encourage et te fortifie dans cette épreuve difficile de. ..et qu’Il te conduise dans les oeuvres bonnes déjà préparées pour toi en Yeshoua, afin que tu portes beaucoup de fruit et que ton fruit demeure !
Avec toute ma sincère affec « SION » fraternelle, Ton frère, Juif ,accompli et libre dans notre Messie Yeshoua ou…chrétien, disciple de Jésus-Christ !
Jacques CARUEL, 369 rue Frédéric Mistral 30310 VERGEZE Tél Vergèze, le 5 Juillet 2001 ( lettre d’origine complétée depuis)
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