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Je suis allé voir ce film avec beaucoup d’interrogations. Lancé avec une grosse campagne dans les médias et plusieurs prix et distinctions (Grand prix du festival de Cannes; prix du jury oecuménique; prix de l’Éducation nationale), je me demandais quel type de propagande arrivait à faire un telle unanimité parmi des critiques souvent assez anticléricaux. Rien que les majuscules et minuscules du titre posaient questions.

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Je ne regrette pas ma soirée, qui était suivie d’un petit débat où est intervenu quelqu’un qui avait vécu dans ce monastère et qui connaissait personnellement certains de ces moines qui ont laissé leurs vies dans ce pays.

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Propagande? Probablement, car plusieurs idées fortes se dégagent de ce film de deux heures.

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L’idée force principale concerne une profonde réflexion sur le don-de- soi et ses implications (jusqu’à où, comment et pourquoi?). La plupart des réponses données sortent directement de la Bible et des (beaux) cantiques entonnés par les moines, dont les sous-titrages permettent de bien assimiler le sens. Il s’en dégage une authenticité et une profondeur qui touchent même les incroyants. Il est vrai que, chose rare dans un film, nous connaissons déjà la fin de l’histoire avant même d’arriver dans la salle de projection et nous pouvons donc mettre de côté la question habituelle : « qu’est-ce qui va arriver? », pour nous concentrer sur le « comment? » de ces faits tragiques qui sont encore dans toutes les mémoires. Une leçon profondément biblique sur le don-de-soi que les dégâts collatéraux de « l’évangile de la prospérité » ont parfois tendance à faire oublier…

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Une autre idée se dégage de ce film et je pense que c’est elle qui lui a permis d’avoir autant de critiques positives, celle d’une entente possible entre des personnes et des religions différentes. On y trouve un profond respect entre des personnages qui n’ont pourtant pas les mêmes valeurs ni les mêmes façons de penser. Cette vision humaniste des relations se heurtant dans ce film à la réalité historique incompréhensible de la radicalisation et de l’intégrisme violent.

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Il est évident que je n’adhère pas à l’idée fourre-tout que toutes les religions se vaudraient et qu’il suffirait de les respecter pour que le monde vive dans la paix. Respecter une personne ne veut pas dire qu’on doive respecter ses mauvaises idées ou ses comportements abusifs, au contraire! Et nous savons tous qu’à part Jésus Christ, « il n’y a de salut en aucun autre; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes par lequel nous puissions être sauvé. » (Actes 4. 12.) Et c’est pour cela qu’il est important que tout le monde le sache.

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Ceux qui ne connaissent pas les évènements spirituels qui ont suivi la mort de ces 7 moines de Thibirine risqueront après ce film d’en rester à la vision d’un sacrifice d’une grande beauté, mais sans utilité réelle, seulement liés à des choix honorables. C’est pourquoi il me semble qu’il est important de discerner plus loin que l’équilibre précaire des relations humaines et d’aller regarder jusqu’aux dynamiques spirituelles dérangeantes et conflictuelles à l’oeuvre dans cette histoire.

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Il est important de savoir que le salut des âmes des africains du nord a préoccupé des générations de missionnaires de toutes dénominations, mais que le fruit s’est fait attendre longtemps. On peut reconnaître que la conquête militaire de ce pays par un état laïque et anti-clérical a mis beaucoup d’obstacles à son évangélisation. Il y a cependant eu une église occidentale qui s’est installée en Algérie (composée de militaires, de fonctionnaires et de commerçant/paysans), mais elle n’avait pas le droit d’annoncer l’évangile aux musulmans…

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Ceux qui se préoccupait du salut des âmes se sont alors trouvés réduits à se contenter d’« évangéliser par les actes », c’est à dire en montrant seulement de manière concrète leur amour pour eux, mais sans leur annoncer directement la Bonne Nouvelle du salut en Christ. C’est cet « amour (silencieux) du prochain » que nous retrouvons dans cette histoire des moines de Thibirine, mais pas uniquement là, car les protestants d’Algérie ont eu aussi ce même genre d’action discrète dans d’autres domaines. Cependant ils étaient malheureusement « bridés » de plusieurs manières (légalement et mentalement) dans leur annonce de l’Évangile.

Et malheureusement, à part ces quelques « lumignons fumants » que l’Éternel n’éteignaient pas (Mat. 12 .20.), les ténèbres continuaient à régner sur ce pays qui avait éradiqué la foi chrétienne plus de mille ans auparavant, à la suite des conquêtes musulmanes. Mais des prières mêlées de larmes montaient vers le Père Éternel, intercédant pendant de longues années pour que la lumière de l’Évangile puisse pénétrer les coeurs de ces nord-africains et les amener au salut en Christ. Malheureusement, il semble bien que la « protection » de l’armée et de l’état ait accumulé les obstacles sur le chemin de la liberté de l’Esprit.

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Il a fallu que le responsable du monastère refuse la protection militaire offerte par l’état algérien, pour qu’une véritable confrontation puisse enfin avoir lieu entre les forces spirituelles en présence. L’amour et la paix qui viennent s’incarner dans les coeurs de ceux qui croient en Christ, se sont alors trouvés directement en contact avec la violence, les calculs politiques et la haine…

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Tertullien disait : « le sang des martyres est la semence de l’Église ». Je trouve le raccourci un peu trop rapide, car nous savons tous que « La semence, c‘est la Parole de Dieu. » (Luc 8: 11.).

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Néanmoins il avait effectivement constaté que des victoires spirituelles étaient acquises lorsque le témoignage des chrétiens ne se contentait pas de belles paroles, mais était vécu en totalité d’existence, au risque de sa vie.

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« Ils l’ont vaincu à cause du sang de l’agneau et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre la mort. » (Apoc. 12: 11.).

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Le retentissement de la nouvelle de la mort (dans des circonstances encore obscures) des 7 moines de Thibirine, a eu un impact très profond dans la conscience de beaucoup de gens qui avaient baigné depuis leur enfance dans la culture islamique. C’était comme si des verrous spirituels avaient été brisés. Un prêtre nord-africain me racontait que des musulmans de plus en plus nombreux venaient frapper à la porte de son église afin de l’interroger sur la foi chrétienne, dans le désir de suivre Celui qui donne un amour aussi grand. Mais les accords plus ou moins tacites passés entre les églises officielles et le régime en place lui interdisait d’y répondre.

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Cependant c’est comme si une chape de plomb était enlevée. Des hommes et des femmes totalement ignorants de l’Évangile se mirent à avoir des visions et des songes où le Christ leur apparaissait et leur indiquait le chemin du salut. Alors beaucoup d’entre eux se sont mis à écouter les émissions chrétiennes matinales que diffusaient des radios grandes-ondes francophones et à demander des Bibles qui leur parvenaient par courrier. Des échanges épistolaires ont suivi et en ont amené un certain nombre jusqu’à une authentique nouvelle naissance.

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Les premières conversions ont alors obligées les responsables de ces émissions à prendre en charges ces nouveau-nés en Christ et des églises évangéliques de différentes tendances ont envoyé des responsables pour les encadrer et leur permettre de parvenir rapidement à une certaine autonomie.

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C’est dans cet espace de liberté que la toute jeune église d’Algérie s’est lancée dans le témoignage personnel et l’évangélisation, avec le désir de faire connaitre aux autres la lumière divine qui avait brillé dans leur coeur. Avec l’impact que l’on connait, puisque des groupes de chrétiens locaux se rassemblent aujourd’hui dans la plupart des régions de ce pays.

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La leçon que j’en ai tiré? C’est qu’en réponse à toutes les prières qui montaient vers le trône de la grâce en faveur de ces peuples d’Afrique-du-nord, Dieu s’est choisi des hommes selon son coeur et les a appelé à entrer à sa suite dans la victoire sur la « crainte de la mort » que le Christ nous a acquise à la croix (Heb. 2: 15.). (Dans le film, on entend le frère Luc, le médecin, dire : « je n’ai plus peur de la mort: je suis libre. »).

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La Main Divine a pris un grappe de 7 grains qui étaient parvenus à maturité, et les a menée au pressoir pour en répandre le jus désaltérant sur un peuple assoiffé. Chercher à connaître l’identité des ceux qui ont appuyé sur le levier du pressoir n’est qu’un détail sans grande importance dans ce processus divin qui a ouvert les portes du Magreb à l’annonce de l’Évangile.

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D’autres membres de ce même Corps Invisible (qui ne les connaissaient pas), sont alors venus prendre le relais et en ont récoltés les fruits, sans pourtant en avoir connu la peine. Selon ce qu’en dit l’Écriture:

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« Je vous ai envoyés moissonner ce que vous n’avez pas travaillé; d‘autres ont travaillé, et vous êtes entrés dans leur travail. » (Jean 4: 38.)

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Les brebis de ce troupeau n’appartiennent évidemment pas à une dénomination ou un autre, mais sont la propriété exclusive du Bon Berger. C’est Lui seul qui les a « engendré d’En Haut », c’est Lui aussi qui les amènera à la maturité en Christ par le chemin qu’Il a préparé pour eux dans Sa sagesse et Sa prescience. Selon qu’il est écrit:

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« … car nous sommes son ouvrage, ayant été créés dans le Christ Jésus POUR LES BONNES OEUVRES QUE DIEU A PRÉPARÉES À L’AVANCE, AFIN QUE NOUS MARCHIONS EN ELLES. » (Eph. 2: 10. Darby.)

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Que toute la gloire en revienne seulement au Dieu Tout Puissant, qui par son Oeuvre dans les coeurs de ses témoins (en grec, « témoins » se dit « martyros »), a engendrés en Algérie des fils et des filles qui ouvrent la bouche sans crainte actuellement pour glorifier le beau nom de Jésus Christ, le Sauveur du Monde.

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Jean-Luc B

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Blog Porte-Parole

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1 Franz 15 septembre 2010 à 16 h 17 min

Par rapport à l’ « église occidentale (…) installée en Algérie (composée de militaires, de fonctionnaires et de commerçant/paysans), mais elle n’avait pas le droit d’annoncer l’évangile aux musulmans », il y a quand même un maillon de la chaîne qui mérite d’être cité : Charles de Foucauld, prêtre catholique, assassiné dans son ermitage du Hoggar, et dont l’exemple d’amour et de compassion a touché bien des familles…
Pour ma part, je reprendrais bien cette réflexion à mon compte : « Je voudrais que les gens qui me voient disent « si les serviteurs se comportent ainsi, comme le maître doit être bon ! »
Fr@ternellement ,

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